Un site d'écriture sur l'amour: séduction, tendresse, et façon de le dire, la délicatesse de l'expression mêlée à la violence des pulsions - Parmi les différentes formes de l'amour ?
L'amour, encore.
Ecrit le: Mer 19 Jan 2005, 10:05 par ricko, 0 commentaire
J’aimerais vous parler du tout autre cette essence dont j’ai parlé au départ, l’élan vers cette inaccessible étoile qui se trouve en chacun de nous, au coeur de chacun de nous, et vers laquelle, de façon consciente ou inconsciente, tout notre être aspire. Je mets l’accent sur l’inaccessibilité, sur la distance, sur le tout autre, parce que dans cette relation-là, la véritable unité ne peut se réaliser que dans la conscience d’une transcendance. Ecoutons, par exemple Rûmi, le saint de Konya, parler de ce passage de la dualité à l’unité. L’Amour s’exprime vraiment lorsque l’Amant, l’Aimé et l’Amour lui-même ne font plus qu’un : « Quand l’homme et la femme deviennent un, tu es cet un. Quand les unités sont effacées, tu es cette unité. Tu as façonné ce "je" et ce "nous" afin de pouvoir jouer au jeu de l’adoration avec toi-même, afin que tous les "je", les "tu" deviennent une seule âme, et soient à la fin submergés dans le Bien-Aimé ». Cet amour-là est déraison, cet amour-là est folie, cet amour-là va à l’encontre de tous les critères habituels par lesquels notre être individuel reconstitue autour de lui un univers, un environnement. Il s’inscrit en opposition ou en contrepoint, ou à contre-courant de ce qu’on appelle habituellement amour - et ce qui n’est en fait que l’une des multiples façons de s’aimer soi-même. On aime ceux qu’on aime parce que généralement, ils nous renvoient une image de notre propre amour pour nous-mêmes. C’est par exemple l’amour pour les proches, pour les enfants qui nous perpétuent, tout ce qui nous renvoie à cet univers que nous avons tissé et qui nous fait exister. C’est là un amour raisonnable. Quant à l’amour de déraison, c’est un amour pour quelque chose qui ne renvoie plus à nous-mêmes, mais qui, de plus, nous révèle dans le miroir des autres, le miroir de l’altérité, une présence, une essence spirituelle.
Ecoutons cet autre poème de Rûmi : « Si je cherche mon coeur, je le trouve dans ton quartier. Si je cherche mon âme, je la trouve dans tes cheveux. Lorsque, assoiffé, je bois de l’eau, dans l’eau je vois l’image de ton visage ». Pour ne plus retrouver dans l’amour de l’autre le reflet de sa propre image, mais retrouver l’image de son essence spirituelle, il faut qu’il y ait cette distance, cette inaccessibilité. Il faut qu’il y ait cette soif, cette nostalgie. Il faut qu’il y ait cette maladie d’amour, cette douleur d’amour, ce désir intense qui devient ce qui nous nourrit. Il faut qu’il y ait ce que dans toutes les poésies amoureuses du monde, on appelle le chagrin d’amour. Ce chagrin dont aucun amoureux ne souhaiterait, pour tout l’or du monde, être délivré. Dans le Cantique des Cantiques, j’ai relevé ces quelques vers : « Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui déclarerez-vous ? Que je suis malade d’amour. » Il faut que s’allume dans notre coeur cette flamme sacrée. Il faut s’embraser, comme d’ailleurs Rûmi le dit lui-même de son cheminement, de toute sa vie. Il dit que cela se résume en trois choses : « J’ai été vert, j’ai été ensuite cuit, et maintenant je suis consumé »
C’est l’asservissement à cet amour, l’asservissement à ce mystère qui s’est exprimé dans des multiples poésies sur cet esclavage, sur ces malheurs de l’amour. Un poète dit : « Si le malheur doit être le prix de mon amour, je suis prêt à l’accepter. Eprouve-moi, éprouve-moi de toutes façons, que tu saches que je t’aime de toutes les façons ».
Voici cet homme, au faîte de sa réalisation, considéré de son vivant comme l’un des plus grands maîtres du soufisme pour certains, qui parle de cette femme en des termes absolument extraordinaires et brûlants d’amour. Il écrira d’ailleurs à son propos un recueil de poèmes magnifique, intitulé « L’interprète des désirs », où il parle de Nizhâm en des termes qui font à la fois l’éloge de sa beauté et de sa spiritualité. Ibn ’Arabi, devant le scandale suscité par ces textes, dut commenter ces poèmes, ce qui d’ailleurs ne résolut rien, le commentaire portant l’ambiguïté à son _expression ultime.
Il faut dire cependant que l’inaccessibilité, en l’occurrence, ne signifie pas irréalité, car ce qui est en jeu, ce qui s’exprime à travers cette dimension de l’amour, c’est le fait que même si nos relations sont les plus proches possible, même s’il s’agit de relations de proximité directe, il y a en chaque être avec lequel nous sommes en relation dans cette dimension-là, une dimension du mystère, une dimension de l’inaccessible divin qui constitue le secret qui nous lie à lui. La proximité extérieure la plus grande possible ne doit en aucune façon épuiser cette part d’inaccessibilité, cette part de secret divin qu’il y a en l’autre. D’où cette tradition qui s’est traduite par l’amour de la "dame de la tour", dans la culture occidentale, et par toutes les formes de la poésie courtoise spirituelle, dans la culture orientale. Dans cette tradition, l’Amant est soumis à des épreuves qui établissent clairement que ce qu’il aime chez l’autre, ce n’est pas simplement un reflet de lui-même, mais son essence spirituelle qui l’attire au-delà de lui-même. Ecoutons ce poème de ricko:«
J’ai atteint l’ivresse et nul de mes amis n’a perçu par quel vin je les ai distancés ? Mon ivresse n’était fruit d’aucun nectar Seules les vertus de l’Aimé m’enivrent le saviez-vous ? S’il en est qui au soir s’abreuvent de vin vieux, Je m’abreuve moi de vos attraits radieux. Ainsi les voyez-vous s’émouvoir un instant, Là où je m’émeus moi à longueur de temps. Lorsque le cri de l’âme, exprime en vers, rythmé et accordé, la poésie se fait chant. Et lorsque ce cri, élan nostalgique de l’âme, est accompagné par des instruments, on parle alors de musique. Vous êtes une invitation à cette écoute. C’est à travers le cœur que l’audition intérieure s’opère et c’est par la pratique du " Toi " et du " Moi " afin que tous les "Je", les "Tu" deviennent une seule âme, et que mon moi-même réalise que tout dans l’univers n’est que vous. Car n’est-il pas dit dans vos mots, que votre beauté d’âme chante les louanges du Bien Aimée ? »
Lorsque l’Amour s’adresse d’une façon spécifique, profonde, à celui qui la reçoit. Et il ne peut pas y avoir là de subterfuge. Tout se sait, tout se sent. Qu’importent les actes extérieurs, ce qui importe se sont les actes intérieurs et leur signification. Et c’est cette signification-là qui guide comme un souffle de sincérité nos pensées, nos sentiments et nos actes.
Ecoutons cet autre poème de Rûmi : « Si je cherche mon coeur, je le trouve dans ton quartier. Si je cherche mon âme, je la trouve dans tes cheveux. Lorsque, assoiffé, je bois de l’eau, dans l’eau je vois l’image de ton visage ». Pour ne plus retrouver dans l’amour de l’autre le reflet de sa propre image, mais retrouver l’image de son essence spirituelle, il faut qu’il y ait cette distance, cette inaccessibilité. Il faut qu’il y ait cette soif, cette nostalgie. Il faut qu’il y ait cette maladie d’amour, cette douleur d’amour, ce désir intense qui devient ce qui nous nourrit. Il faut qu’il y ait ce que dans toutes les poésies amoureuses du monde, on appelle le chagrin d’amour. Ce chagrin dont aucun amoureux ne souhaiterait, pour tout l’or du monde, être délivré. Dans le Cantique des Cantiques, j’ai relevé ces quelques vers : « Je vous en conjure, filles de Jérusalem, si vous trouvez mon bien-aimé, que lui déclarerez-vous ? Que je suis malade d’amour. » Il faut que s’allume dans notre coeur cette flamme sacrée. Il faut s’embraser, comme d’ailleurs Rûmi le dit lui-même de son cheminement, de toute sa vie. Il dit que cela se résume en trois choses : « J’ai été vert, j’ai été ensuite cuit, et maintenant je suis consumé »
C’est l’asservissement à cet amour, l’asservissement à ce mystère qui s’est exprimé dans des multiples poésies sur cet esclavage, sur ces malheurs de l’amour. Un poète dit : « Si le malheur doit être le prix de mon amour, je suis prêt à l’accepter. Eprouve-moi, éprouve-moi de toutes façons, que tu saches que je t’aime de toutes les façons ».
Voici cet homme, au faîte de sa réalisation, considéré de son vivant comme l’un des plus grands maîtres du soufisme pour certains, qui parle de cette femme en des termes absolument extraordinaires et brûlants d’amour. Il écrira d’ailleurs à son propos un recueil de poèmes magnifique, intitulé « L’interprète des désirs », où il parle de Nizhâm en des termes qui font à la fois l’éloge de sa beauté et de sa spiritualité. Ibn ’Arabi, devant le scandale suscité par ces textes, dut commenter ces poèmes, ce qui d’ailleurs ne résolut rien, le commentaire portant l’ambiguïté à son _expression ultime.
Il faut dire cependant que l’inaccessibilité, en l’occurrence, ne signifie pas irréalité, car ce qui est en jeu, ce qui s’exprime à travers cette dimension de l’amour, c’est le fait que même si nos relations sont les plus proches possible, même s’il s’agit de relations de proximité directe, il y a en chaque être avec lequel nous sommes en relation dans cette dimension-là, une dimension du mystère, une dimension de l’inaccessible divin qui constitue le secret qui nous lie à lui. La proximité extérieure la plus grande possible ne doit en aucune façon épuiser cette part d’inaccessibilité, cette part de secret divin qu’il y a en l’autre. D’où cette tradition qui s’est traduite par l’amour de la "dame de la tour", dans la culture occidentale, et par toutes les formes de la poésie courtoise spirituelle, dans la culture orientale. Dans cette tradition, l’Amant est soumis à des épreuves qui établissent clairement que ce qu’il aime chez l’autre, ce n’est pas simplement un reflet de lui-même, mais son essence spirituelle qui l’attire au-delà de lui-même. Ecoutons ce poème de ricko:«
J’ai atteint l’ivresse et nul de mes amis n’a perçu par quel vin je les ai distancés ? Mon ivresse n’était fruit d’aucun nectar Seules les vertus de l’Aimé m’enivrent le saviez-vous ? S’il en est qui au soir s’abreuvent de vin vieux, Je m’abreuve moi de vos attraits radieux. Ainsi les voyez-vous s’émouvoir un instant, Là où je m’émeus moi à longueur de temps. Lorsque le cri de l’âme, exprime en vers, rythmé et accordé, la poésie se fait chant. Et lorsque ce cri, élan nostalgique de l’âme, est accompagné par des instruments, on parle alors de musique. Vous êtes une invitation à cette écoute. C’est à travers le cœur que l’audition intérieure s’opère et c’est par la pratique du " Toi " et du " Moi " afin que tous les "Je", les "Tu" deviennent une seule âme, et que mon moi-même réalise que tout dans l’univers n’est que vous. Car n’est-il pas dit dans vos mots, que votre beauté d’âme chante les louanges du Bien Aimée ? »
Lorsque l’Amour s’adresse d’une façon spécifique, profonde, à celui qui la reçoit. Et il ne peut pas y avoir là de subterfuge. Tout se sait, tout se sent. Qu’importent les actes extérieurs, ce qui importe se sont les actes intérieurs et leur signification. Et c’est cette signification-là qui guide comme un souffle de sincérité nos pensées, nos sentiments et nos actes.
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