Le teint mat des hommes brûlés par le soleil, les mains tannées de celui qui tire pour remorquer son filet, c’est lui le marin des pouilles qui me dépouille jour après jour.
Je ne connais ni ta voix, ni ton regard tu es tellement absorbé par une Mer capricieuse que lorsque tu me regardes, tu ne me vois pas. Je voudrais tant être ton Adriatique…mais je suis femme même pas une mère agitée sur laquelle tu conduis ton petit navire. Il porte un drôle de nom ton bateau, le Sinagot. Et pourtant, je le répète pour me souvenir de ce marin . Et puisque tu ne me regardes pas, alors tu vas m’entendre. De mes multiples voix, je transpercerai les tympans , je couvrirai les clapotis de l’eau sur ton bateau. Je serai ta sirène, celle qui d’une voix enchanteresse, te fera chavirer pour que ton cœur vienne s’échouer sur mon corps.
Mon joli marin ne porte ni bonnet ni rien d’autre. La simplicité de ses vêtements conduit à l’authenticité de ses gestes. Sans cesse les mêmes, mais chaque fois encore plus séduisants ; Marin de l’Adriatique, suit l’écho de ma plainte lancinante, de mes notes lyriques conjuguant invitation au désir et partage de plaisir. Laisse ton navire dériver des journées durant, jusqu’aux terres promises d’une île. Entends mes murmures comme de bons présages, comme le chuchotement de mots doux. Si tu entends la promesse d’une rencontre tourbillonnante, alors tu verras la sirène près de toi te tendant une main et de l’autre cachant sa poitrine.
Si tu ne réagis pas, j’en appellerai au Dieu des fonds marins, qu’il soulève les vagues , qu’il oblige les vents à détourner le Sinagot jusqu’au milieu de mon antre. Sans détresse , je serais ta maîtresse et toi mon amant , nous nous réfugierons dans un phare choisi par hasard sur la route d’eau parcourue par le Sinagot.
Ecrit le
Ven 07 Mai 2004, 12:43
par Imaginative,
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