Cela devait faire une demi-heure environ qu’il roulait ainsi sans trouver autre chose à présent qui s’offre à la vue que le balai saugrenu de la neige. Moins dense certes, elle éclatait en gerbes blanches à la rencontre du pare-brise, feux d’artifice silencieux. Cela faisait bien longtemps qu’il aurait dû trouver l’embranchement de la route sur la gauche, menant aux G. Au lieu de cela, il avançait a priori au milieu d’un parc majestueux dont les arbres – de grands résineux – marquaient l’imposante structure. Je deviens fou, ma parole, d’où sort cette route droite et quels sont ces hauts murs que je distingue au loin ?! On n’était pas à Vizille ici, du reste, il n’avait jamais entendu parler de château, fut-il en ruine. Quelle était cette fantaisie ? Et quel étrange lutin s’amusait à lui jouer des farces ?! Des goutes acides perlaient sur ses yeux ébahis, les brûlant au passage… Bon, il va falloir que je retrouve ma route et je n’ai pas d’autre choix que d’aller au bout de cette allée pour demander aux maîtres du logis mon chemin. Après bien 5 mn de route encore, il finit par se retrouver dans la cour centrale d’un château de pur style renaissance. Le perron était éclairé et l’on pouvait entendre de la musique aussi bien que des rires et la voix joyeuse de nombreux convives. Il secoua la neige sur ses épaules et cogna à la porte au moyen d’une main de bronze finement ouvragée. L’effet fut immédiat. Un maître d’hôtel de belle apparence, quoique surannée, ouvrit la lourde porte et s’effaça devant le nouvel arrivant.
- Ah ! Monsieur, vous vous êtes fait attendre, si Monsieur me permet cette familiarité. Le choix de votre costume est curieux et je vois que vous avez fait fi de votre loup ? Plaise au Ciel que vous puissiez porter celui-ci sans trop de disgrâce. Non, voilà qu’il sied à merveille à votre visage. Bien, cela est mieux. Je vais annoncer Monsieur. Si Monsieur veut bien me suivre.
Et, s’engouffrant dans une vaste pièce ornée de miroirs, de satins brochés, de dorures et de nombreux chandeliers au luxe insolent, il lança à la cantonade :
- Monsieur Le Vicomte.
Et ce furent des « Ah !!!» et des « Oh ! » qui accueillirent cette annonce. Quelques belles dames vinrent à la hâte faire la révérence et prirent par la main sans plus de façon notre homme, médusé, qui n’arrivait pas à faire sortir un seul son de sa bouche tant il était surpris par l’énormité de l’aventure.
Elles le conduisirent tel un homme ivre au travers de petits salons, de corridors, et autres antichambres jusqu’à un boudoir et disparurent un instant avec de petits rires feutrés. Puis, revenant à lui, elles ôtèrent de ses épaules le lourd manteau qu’il portait et le transportèrent au milieu d’une chambre baignant dans une lumière tamisée. Elles refermèrent la porte avec grâce derrière elles. Les bruits et les rires s’étaient tus.
Un feu de cheminée crépitait joyeusement. Au sol, de lourds tapis d’orient et des coussins de soie. Un doux parfum flottait dans les airs, mélange de fleur d’oranger et de miel. Sur un guéridon, diverses friandises dans des coupes. Des amandes, des nougats, des dragées. Du vin de Champagne à la robe rosée attendait, semi couché dans de la glace. Enfin, derrière des voilages, un lit à baldaquin laissait deviner un corps au repos. Qu’est-ce que c’est que ça, encore, s’étonna-t-il ?! Une femme, couverte d’une simple chemise de drap fin laissait entrevoir un corps qu’il jugea superbe. Mais elle, qu’il trouva si belle selon son cœur, était-elle endormie ou ?! Il avisa une composition florale et se saisit d’une plume bleue parmi un entrelac de fleurs, de plumes et de perles. Il avança doucement, s’agenouillant près du lit, présentant son bras tremblant au dessus de la bouche et vit frémir la plume régulièrement… Ouf, elle n’est qu’endormie. Il approcha son visage, sa joue pour mieux s’assurer du souffle chaud qu’exhalaient les lèvres entrouvertes. Aussi près de la dormeuse, il parcourut du regard les lèvres, le cou, les seins fermes et ronds… Grisé par le parfum de la belle, il laissa sa bouche se poser sur un téton, sa main épousant l’autre sein. Elle poussa un léger soupir, son pouls s’accelera. Tout avait l’air si délicieusement réel qu’après tout… Il s’enhardit, caressa le ventre, le bas ventre et écarta avec soin les deux pans de la chemise…
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Mer 06 Jan 2010, 09:14
par
dolce vita,
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