Sa sensibilité ainsi promenée, s’ouvre au monde qui l’entoure, quand d’un coup d’oeil il aperçoit, la scène qui lui va.
Comme un félin qui voit sa proie, il stoppe net ses pas, prend position en armant bien, son appareil à l’oeil droit.
Quelques réglages, par-ci par-là, encore un clic, c’est bon ça va !
Ce photographe est bien content, d’avoir usé de son talent.
Il rentre heureux de sa passion, heureux d’avoir figé le temps.
Tandis qu’ailleurs, non loin de là, son amoureuse attend un peu, sensible à l’art de son aimé, elle voudrait qu’il l’aime autant.
Ce sentiment d’être une photo trop regardée, qu’on ne voit plus, habitué, mais qui est là, mal encadrée.
Une photo un peu abîmée, qui a déjà été recollée.
On y voit bien les déchirures, ça n’est vraiment pas reluisant,
alors comme c’est insupportable, on pense vraiment à la jeter.
De toute façon, on le savait, elle était mal rassemblée.
On voyait bien sous l’adhésif, que ça avait été vite fait.
On a voulu la réparer mais les bouts sont mal rapprochés.
Le photographe en la voyant, pleurait tout le temps,
et l’amoureuse en y passant, pleurait tout le temps.
Trop de pleurs pour une photo, le photographe décida donc
Que cette image si déchiquetée devait maintenant s’envoler.
Avec une larme il l’arracha, son amoureuse n’était plus là.
Quel soulagement de ne plus voir, ces déchirures sur la photo,
Une belle photo à son départ, mais on ne voyait que les fissures.
Et maintenant on ne voit plus rien, c’est un peu vide à cet endroit,
Il n’y a plus les déchirures, mais plus non plus le doux visage.
« Ce n’est pas grave » dit le photographe à son amoureuse, « tu sais mon coeur on en fera une autre ».
« Ce ne sera pas la même » répondit-elle.
« Tant mieux » dit-il, « elle sera mieux parce que dessus on sera deux ».
Ecrit le
Mer 07 Mars 2012, 19:40
par ungraindesand,
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