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Tendrement
[ Chapitre I : Un tendre baiser au clair de lune ]
Il fait nuit, le ciel est d’un noir des plus sinistres. Les étoiles s’étendent à perte de vue dans l’immense galaxie, aucun nuage n’est à l’horizon et ce soir, la lune est pleine. Un spectacle magnifique, un paysage relaxant qui nous permet durant une fraction de seconde de nous évader et penser à autre chose qu’à la chaleur brûlante de notre cœur. En ce mois d’hiver, où les flocons de neige recouvrent d’un épais manteau blanc la ville de Tokyo, je me retrouve accoudée sur la rambarde du balcon, chaudement vêtu d’un peignoir vermillon, mes anglaises virevoltent avec la brise légère du soir.
Mes pensées sont toutes rivées sur la femme que je porte affectueusement dans mon cœur depuis trois ans. Trois longues et tendres années à m’émouvoir avec passion et sincérité à son égard. Je ne cesse de lui porter autant de tendresse et de dévouement depuis que mon cœur s’est amouraché pour le sien. Elle et moi nous nous fréquentons depuis la quatrième avec nos sœurs jumelles et notre meilleure amie. Aujourd’hui âgées de dix-huit et dix-sept ans, nous sommes devenus deux femmes complices et fusionnelles, nous sommes sans cesse en train de faire les quatre cents coups ensemble, nous aimons elle et moi la lecture japonaise, nous sommes toujours présentes lorsque l’une ne va pas bien.
Depuis notre rencontre, elle a fait naître en moi un profond sentiment d’amour et de tendresse, plus les jours passent moins, j’imagine passer ma vie sans elle. Je désire plus que tout lui faire part de mon amour aussi vibrant que les frissons qu’elle afflige à mon être et construire au creux de ses bras un avenir tendre et sécurisant.
Nous formons un groupe de cinq filles. Il y a Michiru alias Michi, nous la considérons comme une petite sœur. Âgée de dix-huit ans, elle est quelqu’un d’affable et d’énergique, elle est sérieuse dans ses études et elle vise des études supérieures après le bac afin de devenir psychologue pour enfants. c’est notre meilleure amie depuis le collège, elle entretient une relation plus qu’élève/professeur avec Haruka, notre enseignante en mathématiques, nous leur avons fait la promesse de garder leur union secrète jusqu’à ce que Michi puisse sortir du cursus scolaire.
Ensuite vient ma meilleure amie, Zane de son vrai nom Zanella est une Italienne de dix-huit ans espiègle et joueuse, elle est la clownesse du groupe toujours le mot pour rire et où détendre une atmosphère. Passionnée de manga et par la cuisine, si elle obtient son bac, elle désire faire des études plus poussées afin de pouvoir un jour bâtir son restaurant. Elle est également la sœur jumelle de la femme dont je suis éperdument éprise.
Par la suite arrive ma précieuse jumelle avec qui je suis très proche et fusionnelle. C’est une femme au tempérament de feu, elle n’est pas du genre à se laisser faire ni à se laisser rabaisser. Passionnée par la photographie et le voyage, Giulia est quelqu’un de sérieux dans ses études, elle désire faire de grandes études et devenir médecin.
Enfin, il y a Tessandra, nous la surnommons toute Tessa. âgée de dix-huit ans, elle est une femme merveilleuse et entreprenante dans tout ce qu’elle entreprend. Elle aime le manga ainsi que le dessin, c’est quelqu’un d’avenant et de généreux, nous pouvons toutes compter sur elle en cas de besoin, elle est un peu comme la " maman " du groupe.
Je laisse échapper un soupir, tout en me laissant enivrer par la fraîcheur du soir et par mes sentiments. Garder de tels émois en mon cœur est devenu insupportable, je n’arrive plus à la regarder sans avoir cette envie indéniable de lui sauter au cou et de l’embrasser. Toutes ses émotions qui brûlent en moi je n’arrive plus à les contenir, il faut que je trouve suffisamment de courage pour lui ouvrir enfin mon cœur.
Demain, nous partirons toutes les six à Venise pour deux semaines consécutives. Nous serons accueillis par ma famille, d’ailleurs plus j’y pense et moins j’ai hâte d’y être. Cela va faire des années que Giulia et moi sommes en discorde avec Mileny, notre sœur jumelle qui après un grave accident de la route a perdu l’usage de ses jambes. Nous n’avons jamais sué pourquoi cette querelle entre nous avait éclaté. Depuis je garde un très mauvais souvenir d’elle.
Exténuée, je finis par entrer à l’intérieur de notre chambre, Giulia et moi nous la partageons depuis notre enfance, nous dormons également dans un grand lit baldaquins n’ayant pas perdu l’habitude de dormir ensemble. J’esquive un tendre sourire en la voyant en train d’écrire. Curieuse, je me dirige vers elle et lui demande :
« - Qu’est-ce que tu écris ?
- Franchement, je n’en sais rien !
- Qu’est-ce qui ne va pas Giu ?
- J’en ai marre de me taire par apport à Zane !
- C’est vrai que ça commence à peser tout sa, moi-même j’en ai assez de garder ce que je ressens au fond de moi !
- Dis et si … on allaient les voir ?
- Il est tard tu sais.
- Lorsqu’il s’agit du cœur rien n’est jamais tard. »
Le sourire que j’arbore devient plus doux, la fin de sa phrase a pour effet de m’attendrir. Je viens tendrement lui embrasser le front puis lui dit souriante.
« - Dans ce cas, couvre toi !
- Nous y allons ??
- Oui, après tout il serait peut-être temps de leur dire !
- Que je t’aime.
- Moi aussi. »
Nous nous échangeons un doux sourire avant de nous changer. J’enfile une longue jupe noire suivie d’un chemisier blanc. Je couvre ce dernier par un pull à col roulé blanc. Je me chausse d’une paire de bottines noire à talon, puis me dirige vers notre salle bain. Je saisis une brosse et arrange mes cheveux, je me fais un demi-chignon laissant mes anglaises caresser mes épaules. Durant une fraction de seconde, je me regarde à travers le miroir et je me mets furieusement à rougir en pensant que j’allais devoir lui ouvrir mon cœur. Je me maquille légèrement, un trait fin de lainer noir vient souligner l’azur de mes prunelles derrière mes lunettes et un rouge à lèvres rouge pour faire ressortir la femme qui est en moi. Je me clipse une paire de Créoles argentés et me parfum légèrement avant de gagner l’intérieur de ma chambre.
« - C’est bon je suis …
- Tu es ?
- Adrina je te trouve très belle comme ça !
- C’est gentille !
- Si Tessa ne tombe pas sous ton charme alors je me résous à faire la cuisine toute la semaine.
- Ah ah ah, ne dit pas de bêtise voyons, allons y.
- Ouiiii ! »
La voir de nouveau requinquer me fait d’avantage sourire, je prends les clefs de la maison, puis nous sortons de notre chambre afin de nous rendre à l’extérieur. Il n’y a pas un bruit, le vent fait tinter nos boucles d’oreilles. Je ferme la maison puis m’élance à droite de ma jumelle sur le trottoir.
« - Dis, comment tu comptes lui avouer ?
- Je ne sais pas, et toi ?
- Je pense que je lui dirais lorsque je l’embrasserais !
- C’est mignon. »
Nous rions dans les rues désertes. Je me demande comment je vais lui avouer ce que je ressens, bien que je rêve de cet instant depuis trois longues années, je deviens subitement nerveuse. Au bout de quelques minutes de trajet à pied, Giulia et moi arrivons devant la maison des Kazama. La lumière de leur chambre est allumée le reflet de deux ombres se voit sur le bitume de leur balcon. J’échange un regard avec ma jumelle, j’inspire profondément puis nous nous dirigeons vers l’entrée de la demeure.
« - Attend je vais envoyer un message à zizou, Lydie doit sûrement dormir ! »
Je ne dis aucun mot et la laisse faire. Le vent joue avec mes anglaises, mon cœur se met à battre la chamade. J’ose espérer avoir assez de courage et lui déclarer ma flamme. Un bruit se fait entendre à l’intérieur, une chaleur agréable nous enveloppe lorsque la porte s’ouvre.
« - Tient salut vous deux, comment ça va ?
- Bien et toi ?
- Bah écoute on vient juste de finir nos valises pour demain.
- Tant mieux, dis Tess est en haut ?
- Oui, tu peut monter.
- Merci la brune, Giu est venue pour te parler. »
Ma meilleure amie nous adresse un sourire, puis nous fait entrer.Je lève discrètement mon pouce en l’air afin d’encourager ma jumelle. En silence, je monte l’escalier principal, mon cœur cogne de plus en plus fort. Lorsque j’arrive devant leur chambre, j’inspire une dernière fois et entre à l’’intérieur. Je peux la voir sur le balcon en peignoir, je retire mes bottes et me dirige rougissante vers l’extérieur de la chambre.
« - Tess ?
- Oui … Tient si je m’attendais à te voir, Giu est ici je suppose ?
- Oui elle est en-bas avec Zane.
- Je suis heureuse de te voir !
- Ah … ah oui ?
- Oui, je pensais justement à toi. »
Sa phrase résonne tendrement au creux de mon oreille, elle réduit la distance entre nous et plonge son regard magnifique dans le mien. Le temps se fige, je m’approche à mon tour et attrape les côtés de son peignoir. Un long frisson me parcourt l’échine lorsque je sens ses mains se poser sur mes reins. Nous nous échangeons un long regard empreint d’une grande tendresse, mon cœur bat extrêmement vite, me retrouver si près d’elle est comme un rêve. Elle m’adresse un sourire sincère, je fais un pas vers elle avant de me retrouver, presser contre son corps. Nos visages qui s’inclinent légèrement laisse nos nez se toucher. Nous entamons, de doux va et vient sans nous lâcher du regard.
« - Moi aussi, à vrai dire je n’arrête pas de penser à toi !
- Te l’entendre dire me rend tellement heureuse.
- Moi, c’est d’être avec toi qui me rend indéniablement heureuse … ma Tessa ! »
Je ferme les yeux me laissant envahir par mes émotions, je me rends bien compte des mots que je lui dis, mais je ne peux pas continuer à me mentir davantage je suis dingue d’elle. Nous resserrons notre étreinte, sans nous soucier du bruit à l’intérieur de sa chambre. Ses mains sur mes reins me caressent, elle est tellement douce et l’embaument parfum qui émane d’elle fait soulever mon cœur de quelques bons. Je monte doucement mes mains venant saisir son visage, une vague de tendresse m’enivre au moment où nos lèvres se frôlent.
Un long frisson caresse ma colonne vertébrale, mon cœur qui bat rudement vite m’abandonne à ses douces pulsions d’amour que nos corps sont en train de s’échanger. Je caresse ses joues de mes pouces, ouvrant doucement mes lèvres ainsi me prêter au jeu des siennes. Je laisse mes doigts se faufiler dans son émail onyx, je m’avance doucement la plaque contre la rambarde du balcon et je l’embrasse cette fois-ci d’un long et langoureux baiser.
Ce moment voilà trois longues années que j’en rêve, trente-six petits mois que je rêve de pouvoir me comporter comme une femme amoureuse. Nos souffles se mélangent, nous laissons nos langues se rencontrer, elles donnent plus de passion et d’intensité à notre baiser, un baiser divinement long tendre est éperdument amoureux. Mon cœur exprime le bonheur qu’elle me fait ressentir à travers notre étreinte. Nous ne sommes plus de simples petites filles, nous sommes deux femmes qui goûtent et profitent pleinement d’un moment de plaisir et de jouissance.
« - Voilà cinq ans que je rêve de ce moment avec toi !
- Je ne t’ai jamais considéré comme une simple amie. »
Elle ne peut s’imaginer qu’à travers ses mots si tendres, elle me comble d’un bonheur intense, savoir que nos cœurs sont à présent unis me fait fondre, une larme roule le long de ma joue. Nos lèvres devenues avides de tendresse se claquent doucement, je laisse mes bras s’allonger sur ses épaules tandis qu’elle me serre dans ses bras, l’une de ses mains me procure un délicieux frisson, ses doigts massent affectueusement mon crâne.
Nos lèvres se séparent à regret, mon front contre le sien, j’ouvre mes yeux qui scintillent tel un diamant et les plongent dans les siens qui à dire vrai me dévisagent amoureusement. Le vent fait voler le bas de ma jupe ainsi que son dégradé, ce qui la rend à cet instant magnifique. Je place ma main droite sous son menton, le soulève et tout en lui offrant un regard rempli de tendresse, je dépose un léger baiser sur son nez.
« - Tu ne peut t’imaginer, à quel point tu viens de me combler.
- Moi … qui été sur le point de laisser le temps faire, je suis tellement heureuse si tu savais ! »
Mon regard devient plus doux et amoureux, le froid nous gagnes, mais aucune ne veut se défaire de ce moment tellement rêvé. Je laisse mon pouce glisser tendrement sur sa joue, avant de lui offrir un second baiser.
« - Je t’aime Tessandra !
- Je t’aime aussi ma tendre Adrina. »
Mon cœur face à ses mots si tendres flanche de nouveau, il me fait comprendre à travers des battements saccadés qu’il est incapable de freiner dans ce bonheur immaculé. Alors que le chant des grillons résonne dans le jardin, nous nous embrassons avec tout l’amour et la tendresse que nous consumons depuis huit longues années. Un nouveau chemin est sur le point de s’ouvrir, je ne manquerais pas de marcher amoureusement à ses côtés sur ce chemin que nous nous apprêtons à emprunter ensemble. [/b]
Il fait nuit, le ciel est d’un noir des plus sinistres. Les étoiles s’étendent à perte de vue dans l’immense galaxie, aucun nuage n’est à l’horizon et ce soir, la lune est pleine. Un spectacle magnifique, un paysage relaxant qui nous permet durant une fraction de seconde de nous évader et penser à autre chose qu’à la chaleur brûlante de notre cœur. En ce mois d’hiver, où les flocons de neige recouvrent d’un épais manteau blanc la ville de Tokyo, je me retrouve accoudée sur la rambarde du balcon, chaudement vêtu d’un peignoir vermillon, mes anglaises virevoltent avec la brise légère du soir.
Mes pensées sont toutes rivées sur la femme que je porte affectueusement dans mon cœur depuis trois ans. Trois longues et tendres années à m’émouvoir avec passion et sincérité à son égard. Je ne cesse de lui porter autant de tendresse et de dévouement depuis que mon cœur s’est amouraché pour le sien. Elle et moi nous nous fréquentons depuis la quatrième avec nos sœurs jumelles et notre meilleure amie. Aujourd’hui âgées de dix-huit et dix-sept ans, nous sommes devenus deux femmes complices et fusionnelles, nous sommes sans cesse en train de faire les quatre cents coups ensemble, nous aimons elle et moi la lecture japonaise, nous sommes toujours présentes lorsque l’une ne va pas bien.
Depuis notre rencontre, elle a fait naître en moi un profond sentiment d’amour et de tendresse, plus les jours passent moins, j’imagine passer ma vie sans elle. Je désire plus que tout lui faire part de mon amour aussi vibrant que les frissons qu’elle afflige à mon être et construire au creux de ses bras un avenir tendre et sécurisant.
Nous formons un groupe de cinq filles. Il y a Michiru alias Michi, nous la considérons comme une petite sœur. Âgée de dix-huit ans, elle est quelqu’un d’affable et d’énergique, elle est sérieuse dans ses études et elle vise des études supérieures après le bac afin de devenir psychologue pour enfants. c’est notre meilleure amie depuis le collège, elle entretient une relation plus qu’élève/professeur avec Haruka, notre enseignante en mathématiques, nous leur avons fait la promesse de garder leur union secrète jusqu’à ce que Michi puisse sortir du cursus scolaire.
Ensuite vient ma meilleure amie, Zane de son vrai nom Zanella est une Italienne de dix-huit ans espiègle et joueuse, elle est la clownesse du groupe toujours le mot pour rire et où détendre une atmosphère. Passionnée de manga et par la cuisine, si elle obtient son bac, elle désire faire des études plus poussées afin de pouvoir un jour bâtir son restaurant. Elle est également la sœur jumelle de la femme dont je suis éperdument éprise.
Par la suite arrive ma précieuse jumelle avec qui je suis très proche et fusionnelle. C’est une femme au tempérament de feu, elle n’est pas du genre à se laisser faire ni à se laisser rabaisser. Passionnée par la photographie et le voyage, Giulia est quelqu’un de sérieux dans ses études, elle désire faire de grandes études et devenir médecin.
Enfin, il y a Tessandra, nous la surnommons toute Tessa. âgée de dix-huit ans, elle est une femme merveilleuse et entreprenante dans tout ce qu’elle entreprend. Elle aime le manga ainsi que le dessin, c’est quelqu’un d’avenant et de généreux, nous pouvons toutes compter sur elle en cas de besoin, elle est un peu comme la " maman " du groupe.
Je laisse échapper un soupir, tout en me laissant enivrer par la fraîcheur du soir et par mes sentiments. Garder de tels émois en mon cœur est devenu insupportable, je n’arrive plus à la regarder sans avoir cette envie indéniable de lui sauter au cou et de l’embrasser. Toutes ses émotions qui brûlent en moi je n’arrive plus à les contenir, il faut que je trouve suffisamment de courage pour lui ouvrir enfin mon cœur.
Demain, nous partirons toutes les six à Venise pour deux semaines consécutives. Nous serons accueillis par ma famille, d’ailleurs plus j’y pense et moins j’ai hâte d’y être. Cela va faire des années que Giulia et moi sommes en discorde avec Mileny, notre sœur jumelle qui après un grave accident de la route a perdu l’usage de ses jambes. Nous n’avons jamais sué pourquoi cette querelle entre nous avait éclaté. Depuis je garde un très mauvais souvenir d’elle.
Exténuée, je finis par entrer à l’intérieur de notre chambre, Giulia et moi nous la partageons depuis notre enfance, nous dormons également dans un grand lit baldaquins n’ayant pas perdu l’habitude de dormir ensemble. J’esquive un tendre sourire en la voyant en train d’écrire. Curieuse, je me dirige vers elle et lui demande :
« - Qu’est-ce que tu écris ?
- Franchement, je n’en sais rien !
- Qu’est-ce qui ne va pas Giu ?
- J’en ai marre de me taire par apport à Zane !
- C’est vrai que ça commence à peser tout sa, moi-même j’en ai assez de garder ce que je ressens au fond de moi !
- Dis et si … on allaient les voir ?
- Il est tard tu sais.
- Lorsqu’il s’agit du cœur rien n’est jamais tard. »
Le sourire que j’arbore devient plus doux, la fin de sa phrase a pour effet de m’attendrir. Je viens tendrement lui embrasser le front puis lui dit souriante.
« - Dans ce cas, couvre toi !
- Nous y allons ??
- Oui, après tout il serait peut-être temps de leur dire !
- Que je t’aime.
- Moi aussi. »
Nous nous échangeons un doux sourire avant de nous changer. J’enfile une longue jupe noire suivie d’un chemisier blanc. Je couvre ce dernier par un pull à col roulé blanc. Je me chausse d’une paire de bottines noire à talon, puis me dirige vers notre salle bain. Je saisis une brosse et arrange mes cheveux, je me fais un demi-chignon laissant mes anglaises caresser mes épaules. Durant une fraction de seconde, je me regarde à travers le miroir et je me mets furieusement à rougir en pensant que j’allais devoir lui ouvrir mon cœur. Je me maquille légèrement, un trait fin de lainer noir vient souligner l’azur de mes prunelles derrière mes lunettes et un rouge à lèvres rouge pour faire ressortir la femme qui est en moi. Je me clipse une paire de Créoles argentés et me parfum légèrement avant de gagner l’intérieur de ma chambre.
« - C’est bon je suis …
- Tu es ?
- Adrina je te trouve très belle comme ça !
- C’est gentille !
- Si Tessa ne tombe pas sous ton charme alors je me résous à faire la cuisine toute la semaine.
- Ah ah ah, ne dit pas de bêtise voyons, allons y.
- Ouiiii ! »
La voir de nouveau requinquer me fait d’avantage sourire, je prends les clefs de la maison, puis nous sortons de notre chambre afin de nous rendre à l’extérieur. Il n’y a pas un bruit, le vent fait tinter nos boucles d’oreilles. Je ferme la maison puis m’élance à droite de ma jumelle sur le trottoir.
« - Dis, comment tu comptes lui avouer ?
- Je ne sais pas, et toi ?
- Je pense que je lui dirais lorsque je l’embrasserais !
- C’est mignon. »
Nous rions dans les rues désertes. Je me demande comment je vais lui avouer ce que je ressens, bien que je rêve de cet instant depuis trois longues années, je deviens subitement nerveuse. Au bout de quelques minutes de trajet à pied, Giulia et moi arrivons devant la maison des Kazama. La lumière de leur chambre est allumée le reflet de deux ombres se voit sur le bitume de leur balcon. J’échange un regard avec ma jumelle, j’inspire profondément puis nous nous dirigeons vers l’entrée de la demeure.
« - Attend je vais envoyer un message à zizou, Lydie doit sûrement dormir ! »
Je ne dis aucun mot et la laisse faire. Le vent joue avec mes anglaises, mon cœur se met à battre la chamade. J’ose espérer avoir assez de courage et lui déclarer ma flamme. Un bruit se fait entendre à l’intérieur, une chaleur agréable nous enveloppe lorsque la porte s’ouvre.
« - Tient salut vous deux, comment ça va ?
- Bien et toi ?
- Bah écoute on vient juste de finir nos valises pour demain.
- Tant mieux, dis Tess est en haut ?
- Oui, tu peut monter.
- Merci la brune, Giu est venue pour te parler. »
Ma meilleure amie nous adresse un sourire, puis nous fait entrer.Je lève discrètement mon pouce en l’air afin d’encourager ma jumelle. En silence, je monte l’escalier principal, mon cœur cogne de plus en plus fort. Lorsque j’arrive devant leur chambre, j’inspire une dernière fois et entre à l’’intérieur. Je peux la voir sur le balcon en peignoir, je retire mes bottes et me dirige rougissante vers l’extérieur de la chambre.
« - Tess ?
- Oui … Tient si je m’attendais à te voir, Giu est ici je suppose ?
- Oui elle est en-bas avec Zane.
- Je suis heureuse de te voir !
- Ah … ah oui ?
- Oui, je pensais justement à toi. »
Sa phrase résonne tendrement au creux de mon oreille, elle réduit la distance entre nous et plonge son regard magnifique dans le mien. Le temps se fige, je m’approche à mon tour et attrape les côtés de son peignoir. Un long frisson me parcourt l’échine lorsque je sens ses mains se poser sur mes reins. Nous nous échangeons un long regard empreint d’une grande tendresse, mon cœur bat extrêmement vite, me retrouver si près d’elle est comme un rêve. Elle m’adresse un sourire sincère, je fais un pas vers elle avant de me retrouver, presser contre son corps. Nos visages qui s’inclinent légèrement laisse nos nez se toucher. Nous entamons, de doux va et vient sans nous lâcher du regard.
« - Moi aussi, à vrai dire je n’arrête pas de penser à toi !
- Te l’entendre dire me rend tellement heureuse.
- Moi, c’est d’être avec toi qui me rend indéniablement heureuse … ma Tessa ! »
Je ferme les yeux me laissant envahir par mes émotions, je me rends bien compte des mots que je lui dis, mais je ne peux pas continuer à me mentir davantage je suis dingue d’elle. Nous resserrons notre étreinte, sans nous soucier du bruit à l’intérieur de sa chambre. Ses mains sur mes reins me caressent, elle est tellement douce et l’embaument parfum qui émane d’elle fait soulever mon cœur de quelques bons. Je monte doucement mes mains venant saisir son visage, une vague de tendresse m’enivre au moment où nos lèvres se frôlent.
Un long frisson caresse ma colonne vertébrale, mon cœur qui bat rudement vite m’abandonne à ses douces pulsions d’amour que nos corps sont en train de s’échanger. Je caresse ses joues de mes pouces, ouvrant doucement mes lèvres ainsi me prêter au jeu des siennes. Je laisse mes doigts se faufiler dans son émail onyx, je m’avance doucement la plaque contre la rambarde du balcon et je l’embrasse cette fois-ci d’un long et langoureux baiser.
Ce moment voilà trois longues années que j’en rêve, trente-six petits mois que je rêve de pouvoir me comporter comme une femme amoureuse. Nos souffles se mélangent, nous laissons nos langues se rencontrer, elles donnent plus de passion et d’intensité à notre baiser, un baiser divinement long tendre est éperdument amoureux. Mon cœur exprime le bonheur qu’elle me fait ressentir à travers notre étreinte. Nous ne sommes plus de simples petites filles, nous sommes deux femmes qui goûtent et profitent pleinement d’un moment de plaisir et de jouissance.
« - Voilà cinq ans que je rêve de ce moment avec toi !
- Je ne t’ai jamais considéré comme une simple amie. »
Elle ne peut s’imaginer qu’à travers ses mots si tendres, elle me comble d’un bonheur intense, savoir que nos cœurs sont à présent unis me fait fondre, une larme roule le long de ma joue. Nos lèvres devenues avides de tendresse se claquent doucement, je laisse mes bras s’allonger sur ses épaules tandis qu’elle me serre dans ses bras, l’une de ses mains me procure un délicieux frisson, ses doigts massent affectueusement mon crâne.
Nos lèvres se séparent à regret, mon front contre le sien, j’ouvre mes yeux qui scintillent tel un diamant et les plongent dans les siens qui à dire vrai me dévisagent amoureusement. Le vent fait voler le bas de ma jupe ainsi que son dégradé, ce qui la rend à cet instant magnifique. Je place ma main droite sous son menton, le soulève et tout en lui offrant un regard rempli de tendresse, je dépose un léger baiser sur son nez.
« - Tu ne peut t’imaginer, à quel point tu viens de me combler.
- Moi … qui été sur le point de laisser le temps faire, je suis tellement heureuse si tu savais ! »
Mon regard devient plus doux et amoureux, le froid nous gagnes, mais aucune ne veut se défaire de ce moment tellement rêvé. Je laisse mon pouce glisser tendrement sur sa joue, avant de lui offrir un second baiser.
« - Je t’aime Tessandra !
- Je t’aime aussi ma tendre Adrina. »
Mon cœur face à ses mots si tendres flanche de nouveau, il me fait comprendre à travers des battements saccadés qu’il est incapable de freiner dans ce bonheur immaculé. Alors que le chant des grillons résonne dans le jardin, nous nous embrassons avec tout l’amour et la tendresse que nous consumons depuis huit longues années. Un nouveau chemin est sur le point de s’ouvrir, je ne manquerais pas de marcher amoureusement à ses côtés sur ce chemin que nous nous apprêtons à emprunter ensemble. [/b]
Mar 10 Jan 2017, 00:58 par
JadeLightnore sur Histoires d'amour
Chaque feuille qui tombe me rapproche de toi
Oui, chaque feuille qui tombe me rapproche de toi
Elle signifie la mort qui rôde autour de moi
Je cherche au dehors ce que je n’attends plus
J’écoute le ciel qui pleure de sa nouvelle mue
Les pétales en brouillons jalonnent la terre grasse
Offrant peu résistance à ce vent qui les chasse
Les arbres plient et ploient dans quelques rebuffades
Et gémissent aux tortures de ce marquis de Sade
Ce tableau gris vêtu hante mes heures solitaires
Passées en revisite d’un été de chimères
Où nos corps enlacés ne sentaient rien venir
De cet morne automne et son triste élixir
il fut quelques orages comme pour nous prévenir
Mais n’en avions que faire sous le poids du désir
Et lentement la feuille à guetter le moment
De choir sans un bruit, inéluctable instant.
Et l’horizon n’est plus qu’un long trait de déclin
Forçant la colline lointaine à s’aplatir en vain
Sous le poids d’un manteau aux fibres cotonneuses
Pour disparaître enfin dans quelques heures brumeuses.
Drapé dans les effluves qui émanent de toi
Je dance avec les feuilles qui quittent les sous bois
Derrière cette fenêtre, ce rempart si fragile,
Qui t’a vu hier éclore au prime soleil d’Avril.
Alors dans un sourire pour accueillir la larme
J’effiloche la veine d’un geste vif comme la lame
J’entrevoie le filet qui libère la couleur
Pour l’amour que j’avais et pour lequel je meurs.
Jime
Elle signifie la mort qui rôde autour de moi
Je cherche au dehors ce que je n’attends plus
J’écoute le ciel qui pleure de sa nouvelle mue
Les pétales en brouillons jalonnent la terre grasse
Offrant peu résistance à ce vent qui les chasse
Les arbres plient et ploient dans quelques rebuffades
Et gémissent aux tortures de ce marquis de Sade
Ce tableau gris vêtu hante mes heures solitaires
Passées en revisite d’un été de chimères
Où nos corps enlacés ne sentaient rien venir
De cet morne automne et son triste élixir
il fut quelques orages comme pour nous prévenir
Mais n’en avions que faire sous le poids du désir
Et lentement la feuille à guetter le moment
De choir sans un bruit, inéluctable instant.
Et l’horizon n’est plus qu’un long trait de déclin
Forçant la colline lointaine à s’aplatir en vain
Sous le poids d’un manteau aux fibres cotonneuses
Pour disparaître enfin dans quelques heures brumeuses.
Drapé dans les effluves qui émanent de toi
Je dance avec les feuilles qui quittent les sous bois
Derrière cette fenêtre, ce rempart si fragile,
Qui t’a vu hier éclore au prime soleil d’Avril.
Alors dans un sourire pour accueillir la larme
J’effiloche la veine d’un geste vif comme la lame
J’entrevoie le filet qui libère la couleur
Pour l’amour que j’avais et pour lequel je meurs.
Jime
Mar 02 Déc 2014, 16:47 par
Jime sur L'amour en vrac
L'enfant de la fille de mai... (duo )
L’enfant de la Fille de Mai... (Duo caressedesyeux/Patrick Arnoux)
La Fille de Mai se met à courir en rond dans son palais, impatiente de retrouver son séduisant laquais. Celui qui ressemble à un farfadet, toujours vêtu de cet étonnant costume couleur de bitume. Floqué de quelques ronds lumineux comme la lune, parfois argentés. Le malicieux arbore en permanence cet étonnant chapeau à clochettes qu’elle trouve si drôle.
Le voilà d’ailleurs qui s’avance dans la salle pour finir par une élégante courbette en son honneur. Mouvement qui fait s’agiter les clochettes, un sourire amusé se forme alors sur le visage de la Fille de Mai aux yeux si délicieusement bridés.
Décidément ce galopin improvise chaque fois pour elle des tours qui en valent le détour. Ces pitreries vont encore provoquer chez elle une avalanche de fous rires !
Le voilà qui fait apparaître toute une volée d’oiseaux suivis de tasses volantes d’où coule un chocolat bien chaud au parfum alléchant. Un des volatiles explose pour devenirs une pluie de fleurs, de brioches au sirop d’érable, de brins de muguets se transformant aussitôt en boules de gommes. Un chapelet de bulle l’entoure comme en suspension. Des bulles où elle aimerait plonger pour retrouver l’ancien temps.
Voilà maintenant que Farfadet lui temps la main . Une bulle s’approche d’eux, c’est merveilleux, elle a un goût de caramel salé. C’est le moment, il va falloir y aller.
Du haut de la plus haute poutre, le freux observe d’un œil avisé les deux tourtereaux.
Voici donc le moment de l’appariement entre l’habit de lune et la robe de soleil.
L’oracle du hibou sans âge est sur le point de se réaliser, avec les conséquences annoncées.
L’alliance du jour et de la nuit pourtant impossible sur le fond, prend forme. L’enfant à venir de ce couple atypique sera forcément hors caste. Une entité moitié diurne, moitié nocturne, donc chrono-floue. Un être doté de pouvoirs que ce monde n’a encore jamais connu, le résultat d’une osmose parfaite entre la féminité de la nuit et la masculinité du jour, créature univers à elle seule, la FilleFils du temps.
Quelques mètres plus bas, les deux amants ont échappé à la vue du freux. Ils sont maintenant réfugiés derrière le voile du grand lit à baldaquins.
L’oiseau s’envole pour aller se poser au sommet du hêtre millénaire.
Du haut de l’arbre il entame pour le reste du monde la mélodie du changement d’ère.
Dim 27 Avril 2014, 16:28 par
caressedesyeux sur Mille choses
La fille d'avril ( duo caressedesyeux /arnoux patrick)
La fille d’avril
La fille d’avril a de biens jolis sourcils, gracile, la voilà perchée sur un fil regardant le temps qui défile. En bas les rangées de livres s’empilent...
Judicieusement elle touche du bout de ses doigts les pages où les images pas si sages viendront coloré ce ciel si foncé.
Chaque feuille est dessinée et colorée...
Quelques beaux pétales rouge coquelicot, loin d’être des idiots, effleurent discrètement les bleuets qui sont aux aguets. Les pissenlits rebelles n’iront pas à la queue leu leu, persiste la peur qu’on les mange en salade, en marmelade où écrasés en tapenade...
Les coccinelles porteront sur leurs ailes, les effluves de miel avec les abeilles pour escorte...
Le bouffon des rayonnages sourit. Voilà donc le pouvoir de la fille d’avril . Elle s’est endormi comme un bébé après avoir ouvert le livre qui contient la clé ; la clé des rêves défragmentés.
Il était temps, la bibliothèque allait être fermée définitivement. L’enchanteur avait donc raison, c’était l’ultime solution. Chercher et trouver l’esprit catalyseur capable de recréer la réalité.
Ça n’a pas été facile de dénicher la bonne personne. Tout l’hiver et une partie du printemps
à errer dans la mégapole vêtu passe-partout, décodant les visages. Des milliers de fois l’espoir puis la désillusion. Soudain cet après midi, cette fille les yeux rougis, seule, attablée dans ce triste fast-food. Dès le premier regard il a su, en elle ce grain d’énergie résiduelle des premiers temps.
En prenant l’aspect de ce vieil ami, l’entraîner vers la bibliothèque puis lui présenter le livre ne fût qu’une formalité. Le grimoire a fait le reste. Dès la première page le miracle s’est opéré... Connexion dite d’avril... Prophétie dormant depuis la veille de l’an mil...
Le songe de l’âme clé ouvre une faille dans le continuum. La vieille bibliothèque est aspirée de l’autre côté, vers l’ailleurs coloré. L’espace d’un instant les lois de la mécanique quantique sont oubliées.
Dans un hors temps incertain la fille d’avril va se réveiller. Son retour à la conscience va redonner la stabilité qui manquait depuis si longtemps au monde damier.
Alice enfin exfiltrée de l’Absurde...
Le bouffon va pouvoir enfin prendre du repos.
La fille d’avril a de biens jolis sourcils, gracile, la voilà perchée sur un fil regardant le temps qui défile. En bas les rangées de livres s’empilent...
Judicieusement elle touche du bout de ses doigts les pages où les images pas si sages viendront coloré ce ciel si foncé.
Chaque feuille est dessinée et colorée...
Quelques beaux pétales rouge coquelicot, loin d’être des idiots, effleurent discrètement les bleuets qui sont aux aguets. Les pissenlits rebelles n’iront pas à la queue leu leu, persiste la peur qu’on les mange en salade, en marmelade où écrasés en tapenade...
Les coccinelles porteront sur leurs ailes, les effluves de miel avec les abeilles pour escorte...
Le bouffon des rayonnages sourit. Voilà donc le pouvoir de la fille d’avril . Elle s’est endormi comme un bébé après avoir ouvert le livre qui contient la clé ; la clé des rêves défragmentés.
Il était temps, la bibliothèque allait être fermée définitivement. L’enchanteur avait donc raison, c’était l’ultime solution. Chercher et trouver l’esprit catalyseur capable de recréer la réalité.
Ça n’a pas été facile de dénicher la bonne personne. Tout l’hiver et une partie du printemps
à errer dans la mégapole vêtu passe-partout, décodant les visages. Des milliers de fois l’espoir puis la désillusion. Soudain cet après midi, cette fille les yeux rougis, seule, attablée dans ce triste fast-food. Dès le premier regard il a su, en elle ce grain d’énergie résiduelle des premiers temps.
En prenant l’aspect de ce vieil ami, l’entraîner vers la bibliothèque puis lui présenter le livre ne fût qu’une formalité. Le grimoire a fait le reste. Dès la première page le miracle s’est opéré... Connexion dite d’avril... Prophétie dormant depuis la veille de l’an mil...
Le songe de l’âme clé ouvre une faille dans le continuum. La vieille bibliothèque est aspirée de l’autre côté, vers l’ailleurs coloré. L’espace d’un instant les lois de la mécanique quantique sont oubliées.
Dans un hors temps incertain la fille d’avril va se réveiller. Son retour à la conscience va redonner la stabilité qui manquait depuis si longtemps au monde damier.
Alice enfin exfiltrée de l’Absurde...
Le bouffon va pouvoir enfin prendre du repos.
Mar 22 Avril 2014, 20:02 par
caressedesyeux sur Mille choses
Je n'ai pas su te dire
J’aime tes cheveux en bataille, le matin au réveil.
J’aime ton regard de rainette quand tu viens de pleurer.
J’aime tes longs cils, qui battent tels des éventails dissimulant tes yeux quand tu te sens gênée.
J’aime la chaleur de ton cœur qui bat contre le mien quand tu es fiévreuse.
J’aime la petite fille qui dessine les fleurs qu’elle n’a pu offrir à sa maman.
J’aime la silhouette fluide que dessine ta longue robe blanche tachée de roses.
J’aime entendre ta voix la nuit dans la solitude de tes appels.
J’aime le souvenir de tes pas quand le long de la rivière tu as pris la main de ta sœur.
J’aime tes éclats de rire le dimanche, quand tu sais que les vacances ne font que commencer.
J’aime la rêverie des fumées de ta cigarette quand le soir nous n’avons plus besoin de parler.
J’aime la délicatesse de tes gestes et tes sourires amusés.
J’aime nos rendez-vous clandestins quand tu crois que ta mère ignore que nous nous retrouvons.
J’aime la sérénité de nos promenades en forêt quand l’hiver est si bleu.
J’aime quand tu me demandes de te servir du vin pour me faire comprendre que tu n’es plus une enfant.
J’aime les rides qui éclairent ton front quand tu lis Flaubert.
J’aime tes paroles adolescentes quand tu découvres la révolte.
J’aime le désordre de ta chambre, tes vêtements éparpillés que tu ne porteras pas ce soir.
J’aime ta précipitation affolée quand tu sais que tu es encore en retard.
J’aime regarder le chat qui s’endort au creux de ton ventre.
J’aime cette musique que tu écoutes, que je ne comprends plus.
J’aime te savoir heureuse quand tu es loin de moi.
J’aime quand tu descends du train, me cherchant sur le quai.
J’aime quand feignant l’indifférence, tu fais semblant de ne pas être fière de la copie que tu as laissée trainer sur la table de la cuisine.
J’aime quand tu me manques, je sais que ce soir nous dinerons ensemble.
Je n’aime pas les magazines que tu lis.
Je n’aime pas la longueur de tes silences.
Je n’aime pas ces photographies que je n’ai pas su prendre de toi.
Je n’aime pas la couleur rouge de l’ambulance.
Je n’aime pas ce téléphone qui a oublié le son de ta voix.
Je n’aime pas ces fleurs que tu soignais, qui renaissent éternellement.
Je n’aime pas ce chat que l’on n’a plus revu quand il a compris que tu ne reviendrais pas.
Je n’aime pas cette maison qu’ habitent d’autres bonheurs à présent.
Je n’aime pas le temps qui est passé dans l’ombre des années perdues.
Je n’aime pas entendre la tristesse de ta sœur.
Je n’aime pas les paroles que tu as enfouies, quand tu les pensais inutiles.
Je n’aime pas que tes rêves ne soient restés ceux de l’enfance.
Je n’aime pas le désespoir dont tu as vêtu tes nuits d’errance
Je n’aime pas ce corps que ta douleur a effacé.
Je n’aime pas les mots que je n’ai pas su te dire.
Je n’aime pas que de ma mémoire tu t’estompes chaque jour un peu plus.
Je n’aime pas ne plus savoir pleurer.
Je n’aime pas la force que j’ai eue sans toi.
Je n’aime pas cette femme qui ne t’a jamais connue.
Je n’aime pas ses yeux dans lesquels tu t’es sentie femme.
Je n’aime pas le chant des oiseaux insolents au printemps retrouvé dans ce jardin où tu es désormais en paix.
J’aime ton regard de rainette quand tu viens de pleurer.
J’aime tes longs cils, qui battent tels des éventails dissimulant tes yeux quand tu te sens gênée.
J’aime la chaleur de ton cœur qui bat contre le mien quand tu es fiévreuse.
J’aime la petite fille qui dessine les fleurs qu’elle n’a pu offrir à sa maman.
J’aime la silhouette fluide que dessine ta longue robe blanche tachée de roses.
J’aime entendre ta voix la nuit dans la solitude de tes appels.
J’aime le souvenir de tes pas quand le long de la rivière tu as pris la main de ta sœur.
J’aime tes éclats de rire le dimanche, quand tu sais que les vacances ne font que commencer.
J’aime la rêverie des fumées de ta cigarette quand le soir nous n’avons plus besoin de parler.
J’aime la délicatesse de tes gestes et tes sourires amusés.
J’aime nos rendez-vous clandestins quand tu crois que ta mère ignore que nous nous retrouvons.
J’aime la sérénité de nos promenades en forêt quand l’hiver est si bleu.
J’aime quand tu me demandes de te servir du vin pour me faire comprendre que tu n’es plus une enfant.
J’aime les rides qui éclairent ton front quand tu lis Flaubert.
J’aime tes paroles adolescentes quand tu découvres la révolte.
J’aime le désordre de ta chambre, tes vêtements éparpillés que tu ne porteras pas ce soir.
J’aime ta précipitation affolée quand tu sais que tu es encore en retard.
J’aime regarder le chat qui s’endort au creux de ton ventre.
J’aime cette musique que tu écoutes, que je ne comprends plus.
J’aime te savoir heureuse quand tu es loin de moi.
J’aime quand tu descends du train, me cherchant sur le quai.
J’aime quand feignant l’indifférence, tu fais semblant de ne pas être fière de la copie que tu as laissée trainer sur la table de la cuisine.
J’aime quand tu me manques, je sais que ce soir nous dinerons ensemble.
Je n’aime pas les magazines que tu lis.
Je n’aime pas la longueur de tes silences.
Je n’aime pas ces photographies que je n’ai pas su prendre de toi.
Je n’aime pas la couleur rouge de l’ambulance.
Je n’aime pas ce téléphone qui a oublié le son de ta voix.
Je n’aime pas ces fleurs que tu soignais, qui renaissent éternellement.
Je n’aime pas ce chat que l’on n’a plus revu quand il a compris que tu ne reviendrais pas.
Je n’aime pas cette maison qu’ habitent d’autres bonheurs à présent.
Je n’aime pas le temps qui est passé dans l’ombre des années perdues.
Je n’aime pas entendre la tristesse de ta sœur.
Je n’aime pas les paroles que tu as enfouies, quand tu les pensais inutiles.
Je n’aime pas que tes rêves ne soient restés ceux de l’enfance.
Je n’aime pas le désespoir dont tu as vêtu tes nuits d’errance
Je n’aime pas ce corps que ta douleur a effacé.
Je n’aime pas les mots que je n’ai pas su te dire.
Je n’aime pas que de ma mémoire tu t’estompes chaque jour un peu plus.
Je n’aime pas ne plus savoir pleurer.
Je n’aime pas la force que j’ai eue sans toi.
Je n’aime pas cette femme qui ne t’a jamais connue.
Je n’aime pas ses yeux dans lesquels tu t’es sentie femme.
Je n’aime pas le chant des oiseaux insolents au printemps retrouvé dans ce jardin où tu es désormais en paix.
Jeu 15 Mars 2012, 00:04 par
francisco varga sur La déclaration d'amour
Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie)
Chapitre 4
Aéroport de Changi, Singapour – Au grand étonnement de Patrick, les formalités de contrôle des passeports furent très rapides et plutôt agréables. « Ca nous change de l’Europe », se dit-il. Cependant que lui et ses quatre élèves marchaient vers les tapis roulants pour récupérer leurs bagages, le petit Victor s’exclama :
- « Regardez ! Mon sac est déjà là !
- Le mien aussi ! », applaudit Ali.
« Efficace, avec ça ! », pensa Patrick, tout en regardant Victor courir partout, tel un furet. Tendrement, il se remémora sa première rencontre avec ce garçon âgé maintenant de 12 ans. Il y avait cinq ans. Déjà.
Ce jour là, Victor et ses parents pénétrèrent timidement dans l’établissement, juste avant que l’entraînement général ne débute. Patrick, déjà vêtu de son dobok, les accueillit. Il remarqua tout de suite le manque d’assurance des deux adultes qui se reflétait également chez le petit blondinet, agrippé à la main de sa mère, l’air déterminé à ne pas vouloir la lâcher, même en échange de tous les bonbons du monde ! Patrick s’évertua à les mettre à l’aise et chercha à comprendre quelles étaient les motivations des parents. Ceux-ci expliquèrent, hésitants, que leur petit garçon était d’une timidité maladive, qu’il n’osait jamais s’exprimer librement, que ce soit à la maison ou à l’école. De fait, il avait peu ou pas d’amis et il passait le plus clair de son temps, seul, lisant des tonnes de livres de son âge. Un ami leur avait conseillé de l’inscrire à un club d’arts martiaux, quel qu’il soit, afin de lui permettre de développer une certaine confiance en soi qui lui faisait manifestement défaut. Patrick avait déjà eu affaire à ce genre de cas. Il avait su, à force de patience et de psychologie, faire ressortir les points forts de ces enfants et leur démontrer qu’ils ne devaient pas craindre de les mettre en valeur. Ainsi, au cours des années, Victor s’était complètement transformé. Il était devenu un préadolescent sûr de lui et de ses possibilités, n’hésitant plus à exprimer ses émotions. Malgré son jeune âge, il adorait assister les entraîneurs des tout petits et prenait plaisir à l’instruction. Patrick lui avait donné cette responsabilité, sachant pertinemment que cela permettrait à Victor de continuer à s’épanouir. « C’est en enseignant qu’on apprend le mieux. » répétait-il à ses ceintures noires pour les convaincre d’aider les entraîneurs. Et, en effet, Victor avait beaucoup appris. Sur lui-même. La participation au tournoi de jeunes pratiquants comme Victot faisait aussi partie de la stratégie de Patrick. Il s’avéra que l’enfant était naturellement doté des qualités physiques requises par le taekwondo. Le travail technique qu’il avait accumulé au cours de ces années d’entraînement lui permettait de figurer parmi les meilleurs combattants de sa catégorie d’âge. Ses résultats en tournois, accompagnés des félicitations de son mentor ainsi que de l’admiration de ses camarades, n’avaient pas manqué de le convaincre qu’il pouvait réussir dans ce qu’il entreprenait. Mais, le plus étonnant pour Patrick était de constater l’évolution simultanée des parents de Victor. Ceux-ci étaient devenus plus affirmatifs, beaucoup moins timides dans leurs échanges avec lui, moins craintifs en apparence. « Et ils ne pratiquent aucun art martial, eux… Trois transformations pour le prix d’une ! Non seulement Victor a changé mais il a aussi, et sans le savoir, influencé ses propres parents… », s’amusa-t-il intérieurement.
Quant à Ali, le problème avait été tout autre. Ses parents, issus de la troisième génération d’immigrés, avaient réussi à percer ce mur invisible dressé par la société à cause de leurs origines. Ils étaient jeunes, formaient un beau couple et respiraient le bonheur. Lui était cadre dans une compagnie d’assurances et elle dispensait des cours d’informatique pour le compte d’un organisme de formation professionnelle. A la naissance d’Ali, un an après leur mariage, ils furent fous de joie et tous les membres de leurs grandes familles, de Paris à Oran, devinrent hystériques. « Un cadeau d’Allah ! » avait proclamé un oncle d’Oran, toujours volubile. Le grand père d’Ali n’avait pas hésité, déclenchant le courroux de son épouse, à déclarer à son rejeton : « Tu as toujours été ma plus grande fierté, mon enfant. Maintenant, avec la naissance de ton propre fils, je sais que jamais je ne pourrai être plus heureux. Alors, si Dieu veut que je meure maintenant, je suis d’accord ! »
Au fil des mois, puis des années, les géniteurs comblés s’aperçurent que quelque chose clochait chez Ali. Dans son comportement, très agité, souvent impulsif ; à l’école, où il avait énormément de mal à suivre. Ses parents s’en inquiétèrent très vite et consultèrent un généraliste. Celui-ci, après examen de l’enfant, pronostiqua un TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention Hyperactivité) et demanda aux parents de voir un spécialiste afin de confirmer la découverte et, surtout d’en définir le degré. Ce qu’ils firent. Et ils apprirent que leur enfant était, en effet, atteint du TDAH, à un degré élevé. Mais le spécialiste se montra rassurant car le problème avait été détecté assez tôt et il proposa un programme spécifique pour Ali, à base d’homéopathie (il était contre les médicaments, qu’il considérait trop invasifs pour un enfant de 6 ans) et d’approche psychosociale. « Mais le plus important pour Ali reste l’amour que vous lui portez et votre soutien sans faille. », avait prévenu le professeur. Justement, de l’amour, pour leur enfant, ils en avaient à revendre ; de même que toute leur famille ! Aussi, loin d’être abattus, soulagés, même, de pouvoir mettre un nom sur le problème, les parents d’Ali étaient plus que déterminés à aider leur fils. Lorsque la maîtresse d’Ali fut mise au courant du trouble de son élève, elle recommanda à sa mère de l’inscrire au club de taekwondo de Patrick Brun, leur assurant que cela pourrait grandement contribuer à l’amélioration de leur fils. Prudents, les parents demandèrent conseil au spécialiste qui ratifia cette suggestion : « Pratiquer un sport, qui plus est un art martial, est une excellente démarche dans le cas du petit Ali. En effet, pour lui, apprendre en étant assis derrière un pupitre est un vrai calvaire. S’il peut apprendre tout en déversant son trop plein d’énergie, il aura moins de difficultés à garder son attention. Un art martial offre, en plus, un cadre très structuré, basé sur des règles et des codes précis que personne ne peut enfreindre, y compris un enfant atteint de TDAH. Aussi, Ali apprendra plus facilement les conséquences de ses débordements éventuels et, inconsciemment, ajustera son comportement en fonction. »
C’est ainsi que Patrick reçut Ali au sein de son club et participa – non sans mal – aux progrès lents mais incontestables de l’enfant. Aujourd’hui, Ali avait 18 ans. Patrick le regardait récupérer son sac et aider Mathilde à en faire autant. Grand, musclé, souple : un corps de félin. Calme, souriant, confiant, patient, toujours à l’écoute : un grand frère à qui on veut confier toutes ses peines ; vers qui on se tourne pour partager ses joies ; quelqu’un dont on veut gagner l’amitié, à jamais. « Où es-tu passé, petit Ali de 6 ans ? », s’interrogea Patrick. « Tu nous as fait souffrir, mes entraîneurs et moi. Tu nous as tournés en bourriques tant de fois. Tu étais insaisissable. Tes camarades d’entraînement te détestaient car tu étais différent. Tu étais incapable de reproduire une poomse correctement… Et, petit à petit, tu as laissé la place à quelqu’un qui est finalement devenu ce jeune homme : un instructeur occasionnel adoré par ses étudiants. Un champion de taekwondo. Et, pour couronner le tout, un brillant étudiant qui finit sa deuxième année de médecine. Alors, c’est avec plaisir que je te dis : « Adieu, petit Ali de 6 ans… Et je suis content que tu aies laissé ta place à cet Ali de 18 ans, promis à un brillant avenir. Le joyau de sa famille, si aimante… » .
Aéroport de Changi, Singapour – Au grand étonnement de Patrick, les formalités de contrôle des passeports furent très rapides et plutôt agréables. « Ca nous change de l’Europe », se dit-il. Cependant que lui et ses quatre élèves marchaient vers les tapis roulants pour récupérer leurs bagages, le petit Victor s’exclama :
- « Regardez ! Mon sac est déjà là !
- Le mien aussi ! », applaudit Ali.
« Efficace, avec ça ! », pensa Patrick, tout en regardant Victor courir partout, tel un furet. Tendrement, il se remémora sa première rencontre avec ce garçon âgé maintenant de 12 ans. Il y avait cinq ans. Déjà.
Ce jour là, Victor et ses parents pénétrèrent timidement dans l’établissement, juste avant que l’entraînement général ne débute. Patrick, déjà vêtu de son dobok, les accueillit. Il remarqua tout de suite le manque d’assurance des deux adultes qui se reflétait également chez le petit blondinet, agrippé à la main de sa mère, l’air déterminé à ne pas vouloir la lâcher, même en échange de tous les bonbons du monde ! Patrick s’évertua à les mettre à l’aise et chercha à comprendre quelles étaient les motivations des parents. Ceux-ci expliquèrent, hésitants, que leur petit garçon était d’une timidité maladive, qu’il n’osait jamais s’exprimer librement, que ce soit à la maison ou à l’école. De fait, il avait peu ou pas d’amis et il passait le plus clair de son temps, seul, lisant des tonnes de livres de son âge. Un ami leur avait conseillé de l’inscrire à un club d’arts martiaux, quel qu’il soit, afin de lui permettre de développer une certaine confiance en soi qui lui faisait manifestement défaut. Patrick avait déjà eu affaire à ce genre de cas. Il avait su, à force de patience et de psychologie, faire ressortir les points forts de ces enfants et leur démontrer qu’ils ne devaient pas craindre de les mettre en valeur. Ainsi, au cours des années, Victor s’était complètement transformé. Il était devenu un préadolescent sûr de lui et de ses possibilités, n’hésitant plus à exprimer ses émotions. Malgré son jeune âge, il adorait assister les entraîneurs des tout petits et prenait plaisir à l’instruction. Patrick lui avait donné cette responsabilité, sachant pertinemment que cela permettrait à Victor de continuer à s’épanouir. « C’est en enseignant qu’on apprend le mieux. » répétait-il à ses ceintures noires pour les convaincre d’aider les entraîneurs. Et, en effet, Victor avait beaucoup appris. Sur lui-même. La participation au tournoi de jeunes pratiquants comme Victot faisait aussi partie de la stratégie de Patrick. Il s’avéra que l’enfant était naturellement doté des qualités physiques requises par le taekwondo. Le travail technique qu’il avait accumulé au cours de ces années d’entraînement lui permettait de figurer parmi les meilleurs combattants de sa catégorie d’âge. Ses résultats en tournois, accompagnés des félicitations de son mentor ainsi que de l’admiration de ses camarades, n’avaient pas manqué de le convaincre qu’il pouvait réussir dans ce qu’il entreprenait. Mais, le plus étonnant pour Patrick était de constater l’évolution simultanée des parents de Victor. Ceux-ci étaient devenus plus affirmatifs, beaucoup moins timides dans leurs échanges avec lui, moins craintifs en apparence. « Et ils ne pratiquent aucun art martial, eux… Trois transformations pour le prix d’une ! Non seulement Victor a changé mais il a aussi, et sans le savoir, influencé ses propres parents… », s’amusa-t-il intérieurement.
Quant à Ali, le problème avait été tout autre. Ses parents, issus de la troisième génération d’immigrés, avaient réussi à percer ce mur invisible dressé par la société à cause de leurs origines. Ils étaient jeunes, formaient un beau couple et respiraient le bonheur. Lui était cadre dans une compagnie d’assurances et elle dispensait des cours d’informatique pour le compte d’un organisme de formation professionnelle. A la naissance d’Ali, un an après leur mariage, ils furent fous de joie et tous les membres de leurs grandes familles, de Paris à Oran, devinrent hystériques. « Un cadeau d’Allah ! » avait proclamé un oncle d’Oran, toujours volubile. Le grand père d’Ali n’avait pas hésité, déclenchant le courroux de son épouse, à déclarer à son rejeton : « Tu as toujours été ma plus grande fierté, mon enfant. Maintenant, avec la naissance de ton propre fils, je sais que jamais je ne pourrai être plus heureux. Alors, si Dieu veut que je meure maintenant, je suis d’accord ! »
Au fil des mois, puis des années, les géniteurs comblés s’aperçurent que quelque chose clochait chez Ali. Dans son comportement, très agité, souvent impulsif ; à l’école, où il avait énormément de mal à suivre. Ses parents s’en inquiétèrent très vite et consultèrent un généraliste. Celui-ci, après examen de l’enfant, pronostiqua un TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention Hyperactivité) et demanda aux parents de voir un spécialiste afin de confirmer la découverte et, surtout d’en définir le degré. Ce qu’ils firent. Et ils apprirent que leur enfant était, en effet, atteint du TDAH, à un degré élevé. Mais le spécialiste se montra rassurant car le problème avait été détecté assez tôt et il proposa un programme spécifique pour Ali, à base d’homéopathie (il était contre les médicaments, qu’il considérait trop invasifs pour un enfant de 6 ans) et d’approche psychosociale. « Mais le plus important pour Ali reste l’amour que vous lui portez et votre soutien sans faille. », avait prévenu le professeur. Justement, de l’amour, pour leur enfant, ils en avaient à revendre ; de même que toute leur famille ! Aussi, loin d’être abattus, soulagés, même, de pouvoir mettre un nom sur le problème, les parents d’Ali étaient plus que déterminés à aider leur fils. Lorsque la maîtresse d’Ali fut mise au courant du trouble de son élève, elle recommanda à sa mère de l’inscrire au club de taekwondo de Patrick Brun, leur assurant que cela pourrait grandement contribuer à l’amélioration de leur fils. Prudents, les parents demandèrent conseil au spécialiste qui ratifia cette suggestion : « Pratiquer un sport, qui plus est un art martial, est une excellente démarche dans le cas du petit Ali. En effet, pour lui, apprendre en étant assis derrière un pupitre est un vrai calvaire. S’il peut apprendre tout en déversant son trop plein d’énergie, il aura moins de difficultés à garder son attention. Un art martial offre, en plus, un cadre très structuré, basé sur des règles et des codes précis que personne ne peut enfreindre, y compris un enfant atteint de TDAH. Aussi, Ali apprendra plus facilement les conséquences de ses débordements éventuels et, inconsciemment, ajustera son comportement en fonction. »
C’est ainsi que Patrick reçut Ali au sein de son club et participa – non sans mal – aux progrès lents mais incontestables de l’enfant. Aujourd’hui, Ali avait 18 ans. Patrick le regardait récupérer son sac et aider Mathilde à en faire autant. Grand, musclé, souple : un corps de félin. Calme, souriant, confiant, patient, toujours à l’écoute : un grand frère à qui on veut confier toutes ses peines ; vers qui on se tourne pour partager ses joies ; quelqu’un dont on veut gagner l’amitié, à jamais. « Où es-tu passé, petit Ali de 6 ans ? », s’interrogea Patrick. « Tu nous as fait souffrir, mes entraîneurs et moi. Tu nous as tournés en bourriques tant de fois. Tu étais insaisissable. Tes camarades d’entraînement te détestaient car tu étais différent. Tu étais incapable de reproduire une poomse correctement… Et, petit à petit, tu as laissé la place à quelqu’un qui est finalement devenu ce jeune homme : un instructeur occasionnel adoré par ses étudiants. Un champion de taekwondo. Et, pour couronner le tout, un brillant étudiant qui finit sa deuxième année de médecine. Alors, c’est avec plaisir que je te dis : « Adieu, petit Ali de 6 ans… Et je suis content que tu aies laissé ta place à cet Ali de 18 ans, promis à un brillant avenir. Le joyau de sa famille, si aimante… » .
Jeu 12 Nov 2009, 12:07 par
Arthis sur Mille choses
L'atre de ton corps
Je ferai de ton corps la terre de mes conquêtes
J’allumerai dans tes yeux tous les astres des galaxies
Explorer ou bien encore inconue
De ta langue je ferai une flamme et de ta bouche l’âtre
Je ferai de chaque jour une éternelle fête
Un feu d’artifice vetu de mille eclat de couleurs
Que meme le plus jolie des arc en ciel
se sentiraient fade
Je ferai de ton corps une vaste mer
Où je plongerai pour cueillir perles et corail
Je ferai de tout lieu mon paradis, un sérail
-Mytilène, où on jure plaisir et on vénère la chair
Je ferai de tes yeux un soleil et une lune
Pour qu’ils brillents a jamais
Je ferai de ton coprs mon terain de jeux
Où ma langue errerait et mon âme chercherait la paix
Je ferai de tes longues jambes une voie
Qui mène vers ton écrin couvert de soie
Où mes doigts composeraient ton hymne et où ...
J’allumerai dans tes yeux tous les astres des galaxies
Explorer ou bien encore inconue
De ta langue je ferai une flamme et de ta bouche l’âtre
Je ferai de chaque jour une éternelle fête
Un feu d’artifice vetu de mille eclat de couleurs
Que meme le plus jolie des arc en ciel
se sentiraient fade
Je ferai de ton corps une vaste mer
Où je plongerai pour cueillir perles et corail
Je ferai de tout lieu mon paradis, un sérail
-Mytilène, où on jure plaisir et on vénère la chair
Je ferai de tes yeux un soleil et une lune
Pour qu’ils brillents a jamais
Je ferai de ton coprs mon terain de jeux
Où ma langue errerait et mon âme chercherait la paix
Je ferai de tes longues jambes une voie
Qui mène vers ton écrin couvert de soie
Où mes doigts composeraient ton hymne et où ...
Sam 29 Juil 2006, 16:20 par
joullia sur L'amour en vrac
Les Chemins de Lumière
Korkam marchait depuis trois jours, dormant peu afin de profiter de la fraîcheur de la nuit. Bamon, le soleil, cuisait sa peau tout le temps de sa traversée du ciel, comme s’il ne voulait pas que Korkam atteigne son but.
Son but ! Fou qu’il était ! Et tous le lui disaient !!! ... Korkam le Bâtisseur, l’habile artisan, certes un peu gueulard, ... PENSAIT.
Certains soirs, il abandonnait femme et enfants, non pas pour prendre du plaisir près de Jora, la veuve qui prêtait son ventre et ses mamelles rebondies contre de la nourriture ou du travail. Non pas ! Il s’agenouillait près de la rivière et il PENSAIT. Et cela amusait tout le monde. Qu’y avait-il de plus important que de bâfrer, de boire jusqu’à l’ivresse, de darder son épouse et talocher ses marmots ?
Seulement voilà, Korkam, lui, pensait ! C’était comme si une bête était entrée en lui et qu’ils parlent tous les deux, mais sans parole.
Maintenant, Korkam, marchait, depuis trois jours, parce qu’un voyageur, un va-nu-pieds, plus nu que vêtu d’ailleurs, s’était assis non loin de lui à l’ombre d’un arbre. Sans rien dire, l’homme l’avait regardé travailler le reste du jour.
Korkam s’était senti plusieurs fois irrité de se sentir observé et autant de fois il avait préparé les mots pour chasser l’intrus. Pourtant quand il se redressait et toisait l’homme, les yeux doux et le vague sourire, comme le reflet d’un bonheur calme, le désarmaient. Alors il restait muet et sa haute stature le gênait, comme une cuirasse de géant enfermant un bambin.
Mal à l’aise, il reprenait ses outils et cassait les pierres de sa lourde masse. Les aides gâchaient la terre et la nappaient sur le mur. Korkam déposait ensuite ses pierres et les parements s’harmonisaient comme par enchantement. Enfin, l’enchantement, c’était pour les autres ; lui savait que le miracle n’était que l’habitude des hivers et des étés de travail. Depuis longtemps, il aurait pu tailler et maçonner les yeux fermés, les matériaux étaient comme des morceaux de lui-même que les outils auraient séparés de son corps.
Bamon faisait suer ses muscles, la fatigue les rendait douloureux. La présence de l’inconnu le perturba tant qu’il résolut de renvoyer ses compagnons en leur donnant le pain, l’huile et les oignons convenus par journée de labeur. Bien qu’étonnés, ils ne soufflèrent mot, plutôt heureux de s’épargner des efforts supplémentaires.
Korkam plongea la tête, le torse et les bras dans un grand bac d’eau. Se relevant vivement, ruisselant, il se décida enfin à marcher vers l’étrange personnage. Quand il fût devant l’homme, celui-ci parla, calme, les yeux fixant l’âme de Korkam.
"- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ? "
Cette interrogation surprit Korkam. Etait-il fou ? Pourtant, ce n’était pas le sentiment qu’il donnait.
- Je travaille, mais que devrais-je savoir ?
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Ton esprit s’est perdu en chemin ; tu m’ennuies.
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Mais... Je construis une maison !
- Bien, bien… Qu’est-ce qu’une maison ?
- Enfin, inconnu, me diras-tu ce que tu me veux ? Ne me dis pas que tu ignores ce qu’est une maison.
- Qu’est-ce qu’une maison ? N’aie pas peur; je saurais comprendre ce que tu me répondras.
Korkam ressentit un frisson, surprenant dans la moiteur chaude qui remplaçait peu à peu la brûlure de Bamon. Le soleil allait s’unir aux montagnes et leur union ferait flamber le ciel. Le prêtre devait prier pour la naissance de la nouvelle étoile enfantée par le feu céleste et les neiges des monts qui ne fondent jamais.
Ainsi donc, il n’était pas seul à penser. Il n’était pas seul à sentir que les choses peuvent être autres que ce qu’elles paraissent.
- Inconnu, si je te réponds que je bâtis l’univers des hommes, seras-tu satisfait ?
- Non, car tu ne le serais pas toi-même !
- C’est vrai ! Mais je ne sais comment dire. Parfois, je me vois dans les pierres, dans la terre, dans l’eau. Plus je pense, plus je me vois dans les maisons que je construis. Plus les murs s’élèvent, plus j’ai l’impression de me rapprocher de Bamon.
- Parle-moi de lui, Bâtisseur. Dis-moi qui est Bamon.
- Vieil entêté ! Tu ne sais donc que poser des questions ! En as-tu autant dans la tête, de ces questions, qu’il y a de grains de sable dans la rivière?
- Dis-moi qui est Bamon, reprit le voyageur.
Son visage reflétait un tel calme, une telle douceur attendrissante, que Korkam, une fois de plus, se sentit désemparé.
- Bamon... Bamon, c’est le Dieu ! C’est le feu, c’est la lumière du jour. C’est le père des Etoiles, celui qui engrosse la neige des montagnes. Bamon, c’est l’union des Sages qui nous guident après leur mort. Bamon, c’est le Grand Puissant ! Vénérés soient les Grands Sages de l’Autre Monde ! Loués soient leurs desseins !
- Bien, Bâtisseur ! Es-tu satisfait de ta réponse ?
- Pas entièrement. Mes pensées s’embrouillent. J’ai toujours l’impression que le prêtre ne nous dit pas tout. Mais peut-être n’en sait-il pas plus. Tu vois, vieil homme, je me demande souvent : pourquoi Bamon nous donne-t-il la lumière en traversant le ciel toujours dans le même sens ? Est-ce un message ? Est-ce qu’il m’appelle sur les hautes montagnes, là où il rentre dans la terre ? Mais dis-moi, questionneur, as-tu des réponses dans ton sac ?
- Quelques unes, Bâtisseur, quelques unes. Je ne suis pas certain qu’elles te conviendraient, ni même si elles représentent la Vérité. Vois-tu, Bâtisseur, je suis comme toi un rêveur que l’on moque. Moi aussi je vois dans les choses un sens qu’elles me suggèrent.
Je te regardais monter tes murs et je pensais à celui qui construit le monde nous servant de maison à tous. Toi tu penses à la maison que tu es et qui abrite ton esprit. Bamon recueille l’esprit des Sages Morts. Les poissons ont l’eau pour maison et les oiseaux ont l’air. Chaque vie, chaque chose a sa maison, et sûrement qu’elle est elle-même la maison d’une autre vie ou d’une autre chose. C’est un peu comme un écho qui viendrait de Bamon, traversant tout ce qui est, pour aller jusqu’à la puce ou le grain de mil. Chaque vie, chaque chose est donc importante puisqu’elle participe de l’ordre de Bamon et qu’elle retourne à lui. Comprends-tu qu’en te regardant élever tes murs, je voyais Bamon construire le monde ?
Korkam marchait toujours sous le Feu de Bamon. Les paroles de l’étranger résonnaient toujours dans sa tête. Par quelle sorcellerie avait-il pu lui dire clairement ce que lui-même ressentait de manière confuse ? Comment avait-il su ?
- Maudite soit ma tête qui pense ! hurla Korkam, menaçant Bamon de son lourd bâton. Mais comme d’habitude, le seul résultat fût d’être douloureusement aveuglé par la trop grande lumière. Ah ! Le soleil sait punir ceux qui le défient.
Korkam avait été stupéfait des paroles du voyageur, mais surtout, il avait ressenti que le Vieux ne lui disait pas tout. La nuit était venue et la lune les éclairait suffisamment pour qu’ils se voient sans l’aide de torches.
- Vieil homme, tu sembles si savant et si sage. Pourquoi traînes-tu sur les chemins ? Beaucoup d’hommes achèteraient tes conseils. Tu peux être riche et puissant.
Le traîne-savates partit d’un grand rire. Un rire si grand qu’il en pleurait. Puis il reprit son calme et dit :
- Qu’importent les richesses, Korkam, et si je suis sage, je ne le suis que de chercher la sagesse. Je ne suis savant que de savoir qu’il faut que je m’interroge toujours pour mieux comprendre. Non, Korkam, je ne suis ni sage, ni savant, juste un mendiant qui cherche pourquoi il vit. Il y a partout des hommes bien plus sages et savants que moi.
- Et tu marches pour les rencontrer ?
- C’est vrai, je dérobe un peu du savoir de chacun et puis je reçois chaque jour un nouveau présent de Bamon : un autre paysage, différent de ceux des jours passés, d’autres hommes, eux aussi différents.
La nuit était fort avancée quand Korkam invita l’inconnu dans sa maison et le régala de pain, d’oignons et d’huile. Il avait dans l’idée de suivre le voyageur, comme le disciple suit le maître, mais à son réveil, le sage était parti.
Le bâtisseur s’assit près de la porte, ferma les yeux. Que devait-il faire ? Partir sur les chemins, ça oui, il en était certain. Pourquoi ? Pour trouver la sagesse ? Bon ! Où ? Là, c’était plus compliqué !
Voyons, le mendiant avait eu des foules de paroles dont il n’avait pas compris le sens, mais il avait pourtant ressenti qu’il y en avait un, caché sous les mots. Voyons, voyons ! Le vieux avait dit : « Il faut suivre le chemin de Bamon, mais pour comprendre, l’homme doit s’en écarter, revenir sur ses pas, croiser sa propre route et puis repartir, recommencer encore et encore puis reprendre enfin le chemin. » Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Bon, si je marche vers l’union du soleil et de la terre, je marcherai vers ma mort, ma fusion avec Bamon. Non, je suis trop jeune encore, ce n’est pas l’heure. Je suis plus proche de la naissance que de la mort. Et comment entrer dans Bamon, puisque je ne sais rien et ne suis pas un Sage. Non, décidément, ce n’est pas vers la mort qu’il faut aller, c’est là où naît la Lumière, là où Bamon vient s’imposer aux hommes pour les éveiller, les faire revivre, renaître.
Oui, Korkam en était sûr, il fallait aller à la naissance du jour pour comprendre.
Voila pourquoi il marchait, franchissant des plaines et des collines et des rivières, tour à tour exalté par l’espoir et se maudissant.
Vers le milieu du quatrième jour, il arriva au pied d’une falaise, qu’il longea quelques temps. Devant une grotte, un vieillard était assis, les yeux grand ouverts, fixant Bamon. Aucun mouvement ne l’animait. Korkam s’approcha et s’assit face à l’Ancien.
- Je te salue, respectable Vieil Homme. Tu dois être un grand Sage pour que Bamon te laisse le regarder en face. Je suis moi-même en quête de Sagesse. Veux-tu me dire quelle est la question qui a hanté ta vie ?
Le vieux ne répondit pas, n’eut même pas un geste.
Comprenant la réflexion de l’ancêtre, Korkam attendit, attendit très longtemps. Rien ne semblait troubler la quiétude du hiératique vieillard. Avant la venue du soir, Korkam se décida à reposer sa question.
- Quelle est la question qui a hanté ta vie, Vénérable Père ?
Cela ne troubla pas plus la méditation de l’interrogé.
Korkam ne douta pas que ce silence avait un sens. Idiot qu’il était ; la Sagesse ne se trouve qu’en soi. Le Vieux, en ne lui répondant pas, lui démontrait la sottise de sa question. Si un homme cherche le secret, il le trouvera en regardant les hommes du peuple, pas les Sages. Qu’est-ce qu’un Sage, après tout, qui le nomme ainsi ?
Le mendiant le lui avait dit. Il l’avait prévenu : « Suis la route de Bamon et tu trouveras; mais prend garde de ne jamais être loin des hommes. Celui qui s’écarte de ses semblables se coupe un bras, une jambe et s’arrache le coeur. Il ne lui reste que la tête pour être entière et ses yeux pour pleurer. Suis les Chemins de Lumière et regarde les hommes; tu te verras en eux. »
Korkam se releva et chercha du regard un abri pour dormir. Une femme s’approchait portant un plat de nourriture. Elle regarda le marcheur.
- Je te salue étranger, que fais-tu près de ce vieux répugnant ?
- Que dis-tu, femme ?
- Que fais-tu près de cet homme qui a usé sa vie à faire souffrir les siens ?
- Mais... Mais il regarde Bamon sans baisser les yeux !
- C’est le privilège des aveugles, étranger.
- Quoi ! Mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?
- Les Dieux ne l’avaient sans doute pas assez puni en lui prenant les yeux. Ses oreilles n’entendent pas plus qu’il ne voit.
- Et je suis resté à le contempler comme Sage, alors qu’il n’est que moitié d’homme, murmura Korkam, et mauvais homme en plus!
- Tu sembles désemparé, étranger. Que cherchais-tu près de ce banni ?
- La Sagesse, Femme, la Sagesse ! Son attitude, son silence m’ont abusé. J’ai marché quatre courses du Dieu Soleil pour trouver un Sage et je croyais en avoir trouvé un.
- As-tu femme et enfants ?
- Oui, bien sûr.
- Et tu les as abandonnés pour trouver la Sagesse ?
- Oui... Oui !
- Alors tu chercheras longtemps la Sagesse; tu trouveras peut-être des Sages, mais toi tu n’auras que le remords de ne pas avoir tenu la main de ta femme quand la mort est venue la prendre. Tu n’auras que le remords de tes enfants qui mendient du lapin et des oignons. Crois-moi, Homme, je viens chaque jour nourrir ce fils de chien que tu as cru un Sage, parce que je pense que tous les Enfants des Hommes ont droit aux bienfaits de Bamon, même les mauvais. Un homme, une femme, un enfant est fils ou fille de ta femme ou de ta mère. Ton destin est avec eux, ta Sagesse est en eux et dans tes aïeux. Si tu es loin d’eux, tu ne seras jamais qu’un esprit de ton vivant et rien après ta mort, car tes fils maudiront ton nom. Retourne-toi, étranger, reprends le chemin qui mène aux tiens.
Korkam s’approcha de la femme, s’agenouilla et baisa ses pieds. Se relevant, il essuya un pleur, fit demi-tour et marcha dans la nuit. Korkam était l’homme revenant de l’orient vers l’occident, pour retrouver ses frères et sa famille sur le chemin de lumière.
Laissons Korkam sur son chemin de retour, pour nous retrouver ici, après ces quelques minutes de rêves, ou... d’ennui.
A quoi sert de chercher hors des limites que nous impartit le hasard, ou Dieu, ou ce que vous voudrez, à quoi donc sert de chercher hors de nos limites courantes un accomplissement ? C’est la question que pose ce conte.
Korkam (ainsi que nous) doit-il et peut-il se réaliser hors du monde tangible ?
Nous avons, pour la plupart d’entre nous, c’est-à-dire en ne comptant pas ceux qui ont seulement eu vocation de faire partie d’un groupe soi-disant élitiste, fait le choix de tenter de comprendre quel était le sens de notre vie. Eventuellement, nous avons décidé de participer au Grand Œuvre, c’est-à-dire de prendre conscience de notre grégarisme latent et de participer à la réalisation, au bonheur du collectif humain. « Bonheur » entre guillemets puisqu’il s’agit de la perfection intellectuelle et morale de l’humanité.
Cette situation amène à des ambivalences funestes. Selon les temps et les lieux, les hommes se préoccupent tantôt plus du matériel, tantôt plus du spirituel.
Se préoccuper du destin matériel de l’Homme, cela s’appelle faire de la politique.
S’occuper du spirituel, c’est souvent être religieux, au sens étymologique du terme "religare : relier", mais combien sont réellement reliés par les religions, par la spiritualité ?
Nous savons tous que dans l’un ou l’autre des cas, on nous propose sinon le bonheur, du moins des objectifs de « mieux-être » précis et des moyens d’y parvenir. Nous savons tous, que dans l’un ou l’autre cas, on se sert de l’un pour étayer l’autre. N’y a-t-il donc aucun espoir de sortir de ce cercle vicieux ? Est-il impossible qu’il y ait un accomplissement des hommes collectivement, ce qui ne nous laisserait que la possibilité de l’accomplissement personnel ?
Doit-on se contenter de l’introspection, d’une ascèse monacale ? Je ne peux m’empêcher de voir là une vision égocentrique et égoïste. Le défi lancé à l’humanité n’est-il pas d’ordonner ce champ clos qu’est la Terre ? N’y a-t-il pas quelque chose de risible, sinistrement risible, à penser à un paradis, un nirvâna, où nous irions tous, baignant dans une fraternité idéale quand nous ne sommes pas capables de montrer un iota de tolérance et d’amour pour notre prochain ?
Faut-il passer par la mort pour être bon ? Dans ce cas, laissez-moi partir tout de suite, je cours me pendre.
Non, la réalisation de l’homme est ici, dans ce monde. La béatitude est dans le bien que nous devons vouloir pour tous et non pas dans le mieux pour quelques uns, même si nous sommes de ceux-là.
Un illustre penseur a dit que le monde est une illusion. Malheureusement pour certains, le drame de la vie est tel qu’on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux que ce soit une illusion perdue.
Où sont donc les Chemins de Lumière ?
Prenons garde de ne faire que la moitié d’un chemin qui deviendrait une impasse. Trop de lumière éblouit et rend aveugle. Si, en plus, nous sommes sourds aux cris du monde... Alors là...
Son but ! Fou qu’il était ! Et tous le lui disaient !!! ... Korkam le Bâtisseur, l’habile artisan, certes un peu gueulard, ... PENSAIT.
Certains soirs, il abandonnait femme et enfants, non pas pour prendre du plaisir près de Jora, la veuve qui prêtait son ventre et ses mamelles rebondies contre de la nourriture ou du travail. Non pas ! Il s’agenouillait près de la rivière et il PENSAIT. Et cela amusait tout le monde. Qu’y avait-il de plus important que de bâfrer, de boire jusqu’à l’ivresse, de darder son épouse et talocher ses marmots ?
Seulement voilà, Korkam, lui, pensait ! C’était comme si une bête était entrée en lui et qu’ils parlent tous les deux, mais sans parole.
Maintenant, Korkam, marchait, depuis trois jours, parce qu’un voyageur, un va-nu-pieds, plus nu que vêtu d’ailleurs, s’était assis non loin de lui à l’ombre d’un arbre. Sans rien dire, l’homme l’avait regardé travailler le reste du jour.
Korkam s’était senti plusieurs fois irrité de se sentir observé et autant de fois il avait préparé les mots pour chasser l’intrus. Pourtant quand il se redressait et toisait l’homme, les yeux doux et le vague sourire, comme le reflet d’un bonheur calme, le désarmaient. Alors il restait muet et sa haute stature le gênait, comme une cuirasse de géant enfermant un bambin.
Mal à l’aise, il reprenait ses outils et cassait les pierres de sa lourde masse. Les aides gâchaient la terre et la nappaient sur le mur. Korkam déposait ensuite ses pierres et les parements s’harmonisaient comme par enchantement. Enfin, l’enchantement, c’était pour les autres ; lui savait que le miracle n’était que l’habitude des hivers et des étés de travail. Depuis longtemps, il aurait pu tailler et maçonner les yeux fermés, les matériaux étaient comme des morceaux de lui-même que les outils auraient séparés de son corps.
Bamon faisait suer ses muscles, la fatigue les rendait douloureux. La présence de l’inconnu le perturba tant qu’il résolut de renvoyer ses compagnons en leur donnant le pain, l’huile et les oignons convenus par journée de labeur. Bien qu’étonnés, ils ne soufflèrent mot, plutôt heureux de s’épargner des efforts supplémentaires.
Korkam plongea la tête, le torse et les bras dans un grand bac d’eau. Se relevant vivement, ruisselant, il se décida enfin à marcher vers l’étrange personnage. Quand il fût devant l’homme, celui-ci parla, calme, les yeux fixant l’âme de Korkam.
"- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ? "
Cette interrogation surprit Korkam. Etait-il fou ? Pourtant, ce n’était pas le sentiment qu’il donnait.
- Je travaille, mais que devrais-je savoir ?
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Ton esprit s’est perdu en chemin ; tu m’ennuies.
- Bâtisseur, sais-tu ce que tu fais en élevant ces murs ?
- Mais... Je construis une maison !
- Bien, bien… Qu’est-ce qu’une maison ?
- Enfin, inconnu, me diras-tu ce que tu me veux ? Ne me dis pas que tu ignores ce qu’est une maison.
- Qu’est-ce qu’une maison ? N’aie pas peur; je saurais comprendre ce que tu me répondras.
Korkam ressentit un frisson, surprenant dans la moiteur chaude qui remplaçait peu à peu la brûlure de Bamon. Le soleil allait s’unir aux montagnes et leur union ferait flamber le ciel. Le prêtre devait prier pour la naissance de la nouvelle étoile enfantée par le feu céleste et les neiges des monts qui ne fondent jamais.
Ainsi donc, il n’était pas seul à penser. Il n’était pas seul à sentir que les choses peuvent être autres que ce qu’elles paraissent.
- Inconnu, si je te réponds que je bâtis l’univers des hommes, seras-tu satisfait ?
- Non, car tu ne le serais pas toi-même !
- C’est vrai ! Mais je ne sais comment dire. Parfois, je me vois dans les pierres, dans la terre, dans l’eau. Plus je pense, plus je me vois dans les maisons que je construis. Plus les murs s’élèvent, plus j’ai l’impression de me rapprocher de Bamon.
- Parle-moi de lui, Bâtisseur. Dis-moi qui est Bamon.
- Vieil entêté ! Tu ne sais donc que poser des questions ! En as-tu autant dans la tête, de ces questions, qu’il y a de grains de sable dans la rivière?
- Dis-moi qui est Bamon, reprit le voyageur.
Son visage reflétait un tel calme, une telle douceur attendrissante, que Korkam, une fois de plus, se sentit désemparé.
- Bamon... Bamon, c’est le Dieu ! C’est le feu, c’est la lumière du jour. C’est le père des Etoiles, celui qui engrosse la neige des montagnes. Bamon, c’est l’union des Sages qui nous guident après leur mort. Bamon, c’est le Grand Puissant ! Vénérés soient les Grands Sages de l’Autre Monde ! Loués soient leurs desseins !
- Bien, Bâtisseur ! Es-tu satisfait de ta réponse ?
- Pas entièrement. Mes pensées s’embrouillent. J’ai toujours l’impression que le prêtre ne nous dit pas tout. Mais peut-être n’en sait-il pas plus. Tu vois, vieil homme, je me demande souvent : pourquoi Bamon nous donne-t-il la lumière en traversant le ciel toujours dans le même sens ? Est-ce un message ? Est-ce qu’il m’appelle sur les hautes montagnes, là où il rentre dans la terre ? Mais dis-moi, questionneur, as-tu des réponses dans ton sac ?
- Quelques unes, Bâtisseur, quelques unes. Je ne suis pas certain qu’elles te conviendraient, ni même si elles représentent la Vérité. Vois-tu, Bâtisseur, je suis comme toi un rêveur que l’on moque. Moi aussi je vois dans les choses un sens qu’elles me suggèrent.
Je te regardais monter tes murs et je pensais à celui qui construit le monde nous servant de maison à tous. Toi tu penses à la maison que tu es et qui abrite ton esprit. Bamon recueille l’esprit des Sages Morts. Les poissons ont l’eau pour maison et les oiseaux ont l’air. Chaque vie, chaque chose a sa maison, et sûrement qu’elle est elle-même la maison d’une autre vie ou d’une autre chose. C’est un peu comme un écho qui viendrait de Bamon, traversant tout ce qui est, pour aller jusqu’à la puce ou le grain de mil. Chaque vie, chaque chose est donc importante puisqu’elle participe de l’ordre de Bamon et qu’elle retourne à lui. Comprends-tu qu’en te regardant élever tes murs, je voyais Bamon construire le monde ?
Korkam marchait toujours sous le Feu de Bamon. Les paroles de l’étranger résonnaient toujours dans sa tête. Par quelle sorcellerie avait-il pu lui dire clairement ce que lui-même ressentait de manière confuse ? Comment avait-il su ?
- Maudite soit ma tête qui pense ! hurla Korkam, menaçant Bamon de son lourd bâton. Mais comme d’habitude, le seul résultat fût d’être douloureusement aveuglé par la trop grande lumière. Ah ! Le soleil sait punir ceux qui le défient.
Korkam avait été stupéfait des paroles du voyageur, mais surtout, il avait ressenti que le Vieux ne lui disait pas tout. La nuit était venue et la lune les éclairait suffisamment pour qu’ils se voient sans l’aide de torches.
- Vieil homme, tu sembles si savant et si sage. Pourquoi traînes-tu sur les chemins ? Beaucoup d’hommes achèteraient tes conseils. Tu peux être riche et puissant.
Le traîne-savates partit d’un grand rire. Un rire si grand qu’il en pleurait. Puis il reprit son calme et dit :
- Qu’importent les richesses, Korkam, et si je suis sage, je ne le suis que de chercher la sagesse. Je ne suis savant que de savoir qu’il faut que je m’interroge toujours pour mieux comprendre. Non, Korkam, je ne suis ni sage, ni savant, juste un mendiant qui cherche pourquoi il vit. Il y a partout des hommes bien plus sages et savants que moi.
- Et tu marches pour les rencontrer ?
- C’est vrai, je dérobe un peu du savoir de chacun et puis je reçois chaque jour un nouveau présent de Bamon : un autre paysage, différent de ceux des jours passés, d’autres hommes, eux aussi différents.
La nuit était fort avancée quand Korkam invita l’inconnu dans sa maison et le régala de pain, d’oignons et d’huile. Il avait dans l’idée de suivre le voyageur, comme le disciple suit le maître, mais à son réveil, le sage était parti.
Le bâtisseur s’assit près de la porte, ferma les yeux. Que devait-il faire ? Partir sur les chemins, ça oui, il en était certain. Pourquoi ? Pour trouver la sagesse ? Bon ! Où ? Là, c’était plus compliqué !
Voyons, le mendiant avait eu des foules de paroles dont il n’avait pas compris le sens, mais il avait pourtant ressenti qu’il y en avait un, caché sous les mots. Voyons, voyons ! Le vieux avait dit : « Il faut suivre le chemin de Bamon, mais pour comprendre, l’homme doit s’en écarter, revenir sur ses pas, croiser sa propre route et puis repartir, recommencer encore et encore puis reprendre enfin le chemin. » Qu’est-ce que cela pouvait bien vouloir dire ?
Bon, si je marche vers l’union du soleil et de la terre, je marcherai vers ma mort, ma fusion avec Bamon. Non, je suis trop jeune encore, ce n’est pas l’heure. Je suis plus proche de la naissance que de la mort. Et comment entrer dans Bamon, puisque je ne sais rien et ne suis pas un Sage. Non, décidément, ce n’est pas vers la mort qu’il faut aller, c’est là où naît la Lumière, là où Bamon vient s’imposer aux hommes pour les éveiller, les faire revivre, renaître.
Oui, Korkam en était sûr, il fallait aller à la naissance du jour pour comprendre.
Voila pourquoi il marchait, franchissant des plaines et des collines et des rivières, tour à tour exalté par l’espoir et se maudissant.
Vers le milieu du quatrième jour, il arriva au pied d’une falaise, qu’il longea quelques temps. Devant une grotte, un vieillard était assis, les yeux grand ouverts, fixant Bamon. Aucun mouvement ne l’animait. Korkam s’approcha et s’assit face à l’Ancien.
- Je te salue, respectable Vieil Homme. Tu dois être un grand Sage pour que Bamon te laisse le regarder en face. Je suis moi-même en quête de Sagesse. Veux-tu me dire quelle est la question qui a hanté ta vie ?
Le vieux ne répondit pas, n’eut même pas un geste.
Comprenant la réflexion de l’ancêtre, Korkam attendit, attendit très longtemps. Rien ne semblait troubler la quiétude du hiératique vieillard. Avant la venue du soir, Korkam se décida à reposer sa question.
- Quelle est la question qui a hanté ta vie, Vénérable Père ?
Cela ne troubla pas plus la méditation de l’interrogé.
Korkam ne douta pas que ce silence avait un sens. Idiot qu’il était ; la Sagesse ne se trouve qu’en soi. Le Vieux, en ne lui répondant pas, lui démontrait la sottise de sa question. Si un homme cherche le secret, il le trouvera en regardant les hommes du peuple, pas les Sages. Qu’est-ce qu’un Sage, après tout, qui le nomme ainsi ?
Le mendiant le lui avait dit. Il l’avait prévenu : « Suis la route de Bamon et tu trouveras; mais prend garde de ne jamais être loin des hommes. Celui qui s’écarte de ses semblables se coupe un bras, une jambe et s’arrache le coeur. Il ne lui reste que la tête pour être entière et ses yeux pour pleurer. Suis les Chemins de Lumière et regarde les hommes; tu te verras en eux. »
Korkam se releva et chercha du regard un abri pour dormir. Une femme s’approchait portant un plat de nourriture. Elle regarda le marcheur.
- Je te salue étranger, que fais-tu près de ce vieux répugnant ?
- Que dis-tu, femme ?
- Que fais-tu près de cet homme qui a usé sa vie à faire souffrir les siens ?
- Mais... Mais il regarde Bamon sans baisser les yeux !
- C’est le privilège des aveugles, étranger.
- Quoi ! Mais pourquoi ne m’a-t-il rien dit ?
- Les Dieux ne l’avaient sans doute pas assez puni en lui prenant les yeux. Ses oreilles n’entendent pas plus qu’il ne voit.
- Et je suis resté à le contempler comme Sage, alors qu’il n’est que moitié d’homme, murmura Korkam, et mauvais homme en plus!
- Tu sembles désemparé, étranger. Que cherchais-tu près de ce banni ?
- La Sagesse, Femme, la Sagesse ! Son attitude, son silence m’ont abusé. J’ai marché quatre courses du Dieu Soleil pour trouver un Sage et je croyais en avoir trouvé un.
- As-tu femme et enfants ?
- Oui, bien sûr.
- Et tu les as abandonnés pour trouver la Sagesse ?
- Oui... Oui !
- Alors tu chercheras longtemps la Sagesse; tu trouveras peut-être des Sages, mais toi tu n’auras que le remords de ne pas avoir tenu la main de ta femme quand la mort est venue la prendre. Tu n’auras que le remords de tes enfants qui mendient du lapin et des oignons. Crois-moi, Homme, je viens chaque jour nourrir ce fils de chien que tu as cru un Sage, parce que je pense que tous les Enfants des Hommes ont droit aux bienfaits de Bamon, même les mauvais. Un homme, une femme, un enfant est fils ou fille de ta femme ou de ta mère. Ton destin est avec eux, ta Sagesse est en eux et dans tes aïeux. Si tu es loin d’eux, tu ne seras jamais qu’un esprit de ton vivant et rien après ta mort, car tes fils maudiront ton nom. Retourne-toi, étranger, reprends le chemin qui mène aux tiens.
Korkam s’approcha de la femme, s’agenouilla et baisa ses pieds. Se relevant, il essuya un pleur, fit demi-tour et marcha dans la nuit. Korkam était l’homme revenant de l’orient vers l’occident, pour retrouver ses frères et sa famille sur le chemin de lumière.
Laissons Korkam sur son chemin de retour, pour nous retrouver ici, après ces quelques minutes de rêves, ou... d’ennui.
A quoi sert de chercher hors des limites que nous impartit le hasard, ou Dieu, ou ce que vous voudrez, à quoi donc sert de chercher hors de nos limites courantes un accomplissement ? C’est la question que pose ce conte.
Korkam (ainsi que nous) doit-il et peut-il se réaliser hors du monde tangible ?
Nous avons, pour la plupart d’entre nous, c’est-à-dire en ne comptant pas ceux qui ont seulement eu vocation de faire partie d’un groupe soi-disant élitiste, fait le choix de tenter de comprendre quel était le sens de notre vie. Eventuellement, nous avons décidé de participer au Grand Œuvre, c’est-à-dire de prendre conscience de notre grégarisme latent et de participer à la réalisation, au bonheur du collectif humain. « Bonheur » entre guillemets puisqu’il s’agit de la perfection intellectuelle et morale de l’humanité.
Cette situation amène à des ambivalences funestes. Selon les temps et les lieux, les hommes se préoccupent tantôt plus du matériel, tantôt plus du spirituel.
Se préoccuper du destin matériel de l’Homme, cela s’appelle faire de la politique.
S’occuper du spirituel, c’est souvent être religieux, au sens étymologique du terme "religare : relier", mais combien sont réellement reliés par les religions, par la spiritualité ?
Nous savons tous que dans l’un ou l’autre des cas, on nous propose sinon le bonheur, du moins des objectifs de « mieux-être » précis et des moyens d’y parvenir. Nous savons tous, que dans l’un ou l’autre cas, on se sert de l’un pour étayer l’autre. N’y a-t-il donc aucun espoir de sortir de ce cercle vicieux ? Est-il impossible qu’il y ait un accomplissement des hommes collectivement, ce qui ne nous laisserait que la possibilité de l’accomplissement personnel ?
Doit-on se contenter de l’introspection, d’une ascèse monacale ? Je ne peux m’empêcher de voir là une vision égocentrique et égoïste. Le défi lancé à l’humanité n’est-il pas d’ordonner ce champ clos qu’est la Terre ? N’y a-t-il pas quelque chose de risible, sinistrement risible, à penser à un paradis, un nirvâna, où nous irions tous, baignant dans une fraternité idéale quand nous ne sommes pas capables de montrer un iota de tolérance et d’amour pour notre prochain ?
Faut-il passer par la mort pour être bon ? Dans ce cas, laissez-moi partir tout de suite, je cours me pendre.
Non, la réalisation de l’homme est ici, dans ce monde. La béatitude est dans le bien que nous devons vouloir pour tous et non pas dans le mieux pour quelques uns, même si nous sommes de ceux-là.
Un illustre penseur a dit que le monde est une illusion. Malheureusement pour certains, le drame de la vie est tel qu’on peut se demander s’il ne vaudrait pas mieux que ce soit une illusion perdue.
Où sont donc les Chemins de Lumière ?
Prenons garde de ne faire que la moitié d’un chemin qui deviendrait une impasse. Trop de lumière éblouit et rend aveugle. Si, en plus, nous sommes sourds aux cris du monde... Alors là...
Sam 03 Juin 2006, 10:09 par
Janus Bozyeux sur Mille choses
Nuit de Décembre d'Alfred de Musset
Il est trés long mais prenez le temps de le decouvrir , il me fait toujours autant d’effet à chacune de mes lectures.
Je n’ai rien à ajouter : tout est dit ...
LE POÈTE
Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.
Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.
A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.
Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.
Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.
Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;
A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;
A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;
Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;
Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;
Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;
Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.
Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !
Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.
Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !
J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.
J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?
Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.
Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?
Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?
Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?
LA VISION
- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.
Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Je n’ai rien à ajouter : tout est dit ...
LE POÈTE
Du temps que j’étais écolier,
Je restais un soir à veiller
Dans notre salle solitaire.
Devant ma table vint s’asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Son visage était triste et beau :
A la lueur de mon flambeau,
Dans mon livre ouvert il vint lire.
Il pencha son front sur sa main,
Et resta jusqu’au lendemain,
Pensif, avec un doux sourire.
Comme j’allais avoir quinze ans
Je marchais un jour, à pas lents,
Dans un bois, sur une bruyère.
Au pied d’un arbre vint s’asseoir
Un jeune homme vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Je lui demandai mon chemin ;
Il tenait un luth d’une main,
De l’autre un bouquet d’églantine.
Il me fit un salut d’ami,
Et, se détournant à demi,
Me montra du doigt la colline.
A l’âge où l’on croit à l’amour,
J’étais seul dans ma chambre un jour,
Pleurant ma première misère.
Au coin de mon feu vint s’asseoir
Un étranger vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il était morne et soucieux ;
D’une main il montrait les cieux,
Et de l’autre il tenait un glaive.
De ma peine il semblait souffrir,
Mais il ne poussa qu’un soupir,
Et s’évanouit comme un rêve.
A l’âge où l’on est libertin,
Pour boire un toast en un festin,
Un jour je soulevais mon verre.
En face de moi vint s’asseoir
Un convive vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Il secouait sous son manteau
Un haillon de pourpre en lambeau,
Sur sa tête un myrte stérile.
Son bras maigre cherchait le mien,
Et mon verre, en touchant le sien,
Se brisa dans ma main débile.
Un an après, il était nuit ;
J’étais à genoux près du lit
Où venait de mourir mon père.
Au chevet du lit vint s’asseoir
Un orphelin vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Ses yeux étaient noyés de pleurs ;
Comme les anges de douleurs,
Il était couronné d’épine ;
Son luth à terre était gisant,
Sa pourpre de couleur de sang,
Et son glaive dans sa poitrine.
Je m’en suis si bien souvenu,
Que je l’ai toujours reconnu
A tous les instants de ma vie.
C’est une étrange vision,
Et cependant, ange ou démon,
J’ai vu partout cette ombre amie.
Lorsque plus tard, las de souffrir,
Pour renaître ou pour en finir,
J’ai voulu m’exiler de France ;
Lorsqu’impatient de marcher,
J’ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d’une espérance ;
A Pise, au pied de l’Apennin ;
A Cologne, en face du Rhin ;
A Nice, au penchant des vallées ;
A Florence, au fond des palais ;
A Brigues, dans les vieux chalets ;
Au sein des Alpes désolées ;
A Gênes, sous les citronniers ;
A Vevey, sous les verts pommiers ;
Au Havre, devant l’Atlantique ;
A Venise, à l’affreux Lido,
Où vient sur l’herbe d’un tombeau
Mourir la pâle Adriatique ;
Partout où, sous ces vastes cieux,
J’ai lassé mon coeur et mes yeux,
Saignant d’une éternelle plaie ;
Partout où le boiteux Ennui,
Traînant ma fatigue après lui,
M’a promené sur une claie ;
Partout où, sans cesse altéré
De la soif d’un monde ignoré,
J’ai suivi l’ombre de mes songes ;
Partout où, sans avoir vécu,
J’ai revu ce que j’avais vu,
La face humaine et ses mensonges ;
Partout où, le long des chemins,
J’ai posé mon front dans mes mains,
Et sangloté comme une femme ;
Partout où j’ai, comme un mouton,
Qui laisse sa laine au buisson,
Senti se dénuder mon âme ;
Partout où j’ai voulu dormir,
Partout où j’ai voulu mourir,
Partout où j’ai touché la terre,
Sur ma route est venu s’asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Qui donc es-tu, toi que dans cette vie
Je vois toujours sur mon chemin ?
Je ne puis croire, à ta mélancolie,
Que tu sois mon mauvais Destin.
Ton doux sourire a trop de patience,
Tes larmes ont trop de pitié.
En te voyant, j’aime la Providence.
Ta douleur même est soeur de ma souffrance ;
Elle ressemble à l’Amitié.
Qui donc es-tu ? - Tu n’es pas mon bon ange,
Jamais tu ne viens m’avertir.
Tu vois mes maux (c’est une chose étrange !)
Et tu me regardes souffrir.
Depuis vingt ans tu marches dans ma voie,
Et je ne saurais t’appeler.
Qui donc es-tu, si c’est Dieu qui t’envoie ?
Tu me souris sans partager ma joie,
Tu me plains sans me consoler !
Ce soir encor je t’ai vu m’apparaître.
C’était par une triste nuit.
L’aile des vents battait à ma fenêtre ;
J’étais seul, courbé sur mon lit.
J’y regardais une place chérie,
Tiède encor d’un baiser brûlant ;
Et je songeais comme la femme oublie,
Et je sentais un lambeau de ma vie
Qui se déchirait lentement.
Je rassemblais des lettres de la veille,
Des cheveux, des débris d’amour.
Tout ce passé me criait à l’oreille
Ses éternels serments d’un jour.
Je contemplais ces reliques sacrées,
Qui me faisaient trembler la main :
Larmes du coeur par le coeur dévorées,
Et que les yeux qui les avaient pleurées
Ne reconnaîtront plus demain !
J’enveloppais dans un morceau de bure
Ces ruines des jours heureux.
Je me disais qu’ici-bas ce qui dure,
C’est une mèche de cheveux.
Comme un plongeur dans une mer profonde,
Je me perdais dans tant d’oubli.
De tous côtés j’y retournais la sonde,
Et je pleurais, seul, loin des yeux du monde,
Mon pauvre amour enseveli.
J’allais poser le sceau de cire noire
Sur ce fragile et cher trésor.
J’allais le rendre, et, n’y pouvant pas croire,
En pleurant j’en doutais encor.
Ah ! faible femme, orgueilleuse insensée,
Malgré toi, tu t’en souviendras !
Pourquoi, grand Dieu ! mentir à sa pensée ?
Pourquoi ces pleurs, cette gorge oppressée,
Ces sanglots, si tu n’aimais pas ?
Oui, tu languis, tu souffres, et tu pleures ;
Mais ta chimère est entre nous.
Eh bien ! adieu ! Vous compterez les heures
Qui me sépareront de vous.
Partez, partez, et dans ce coeur de glace
Emportez l’orgueil satisfait.
Je sens encor le mien jeune et vivace,
Et bien des maux pourront y trouver place
Sur le mal que vous m’avez fait.
Partez, partez ! la Nature immortelle
N’a pas tout voulu vous donner.
Ah ! pauvre enfant, qui voulez être belle,
Et ne savez pas pardonner !
Allez, allez, suivez la destinée ;
Qui vous perd n’a pas tout perdu.
Jetez au vent notre amour consumée ; -
Eternel Dieu ! toi que j’ai tant aimée,
Si tu pars, pourquoi m’aimes-tu ?
Mais tout à coup j’ai vu dans la nuit sombre
Une forme glisser sans bruit.
Sur mon rideau j’ai vu passer une ombre ;
Elle vient s’asseoir sur mon lit.
Qui donc es-tu, morne et pâle visage,
Sombre portrait vêtu de noir ?
Que me veux-tu, triste oiseau de passage ?
Est-ce un vain rêve ? est-ce ma propre image
Que j’aperçois dans ce miroir ?
Qui donc es-tu, spectre de ma jeunesse,
Pèlerin que rien n’a lassé ?
Dis-moi pourquoi je te trouve sans cesse
Assis dans l’ombre où j’ai passé.
Qui donc es-tu, visiteur solitaire,
Hôte assidu de mes douleurs ?
Qu’as-tu donc fait pour me suivre sur terre ?
Qui donc es-tu, qui donc es-tu, mon frère,
Qui n’apparais qu’au jour des pleurs ?
LA VISION
- Ami, notre père est le tien.
Je ne suis ni l’ange gardien,
Ni le mauvais destin des hommes.
Ceux que j’aime, je ne sais pas
De quel côté s’en vont leurs pas
Sur ce peu de fange où nous sommes.
Je ne suis ni dieu ni démon,
Et tu m’as nommé par mon nom
Quand tu m’as appelé ton frère ;
Où tu vas, j’y serai toujours,
Jusques au dernier de tes jours,
Où j’irai m’asseoir sur ta pierre.
Le ciel m’a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude.
Je te suivrai sur le chemin ;
Mais je ne puis toucher ta main,
Ami, je suis la Solitude.
Thèse et antithèse...
Les premières fois, c’est peut être comme ce premier pas sans assurance que nous avons fait lorsque nous étions encore trop petits pour pouvoir nous en souvenir.
Les premières fois, c’est certainement un peu comme une dernière fois puisqu’il n’y a qu’une première fois.
Les premières fois, c’est aller de l’avant mais peut être aussi parfois comme si nous régressions tant nous manquons d’assurance dans nos élans.
Les premières fois, c’est l’inquiétude et la peur qui vous freinent,
Les premières fois, c’est comme gravir les plus hautes montagnes, affronter les colères des océans, lutter contre des tornades.
Mais les premières fois c’est voyager sur les nuages, c’est d’une étoiles à l’autres se promener au gré des firmaments,
Les premières fois se sont les roses qui fleurissent, les oiseaux qui pépient gaiement sous les premiers rayons de soleil du printemps,
Les premières fois, c’est le feu d’artifice qui s’est vêtu de couleurs que l’on n’aurait jamais osé imaginées,
Les premières fois, c’est d’un élan tout entier l’âme qui s’éparpille, qui perd la tête, de son nord s’en retrouvant au sud.
Les premières fois, c’est certainement un peu comme une dernière fois puisqu’il n’y a qu’une première fois.
Les premières fois, c’est aller de l’avant mais peut être aussi parfois comme si nous régressions tant nous manquons d’assurance dans nos élans.
Les premières fois, c’est l’inquiétude et la peur qui vous freinent,
Les premières fois, c’est comme gravir les plus hautes montagnes, affronter les colères des océans, lutter contre des tornades.
Mais les premières fois c’est voyager sur les nuages, c’est d’une étoiles à l’autres se promener au gré des firmaments,
Les premières fois se sont les roses qui fleurissent, les oiseaux qui pépient gaiement sous les premiers rayons de soleil du printemps,
Les premières fois, c’est le feu d’artifice qui s’est vêtu de couleurs que l’on n’aurait jamais osé imaginées,
Les premières fois, c’est d’un élan tout entier l’âme qui s’éparpille, qui perd la tête, de son nord s’en retrouvant au sud.
Jeu 27 Nov 2003, 00:34 par
Ri1kedesBêtises sur La première fois
Ecrire sur vêtu
Tendrement, Chaque feuille qui tombe me rapproche de toi, L'enfant de la fille de mai... (duo ), La fille d'avril ( duo caressedesyeux /arnoux patrick), Je n'ai pas su te dire, Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie), L'atre de ton corps, Les Chemins de Lumière, Nuit de Décembre d'Alfred de Musset, Thèse et antithèse...,Il y a 10 textes utilisant le mot vêtu. Ces pages présentent les textes correspondant.
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