Les amants

Il y a les hommes mariés
Ceux là sont pressés.
Il passe en coup de vent
Chronométré par le temps.
Ils viennent chercher
Ce que leurs femmes ne veulent pas leur prodiguer.

Il y a ceux qui ont le temps
Qui vous prennent pour confident.
Qui s’installent bien gentiment
Devant un café fumant.
Et puis, ils vous prennent la main
Et en disant " pour le reste on verra demain".

Il y a ceux de passage
Rencontré par hasard
Qui cherche juste une chose
Qu’entre vous se soit l’osmose.
Ont-ils vraiment du plaisir
Certainement, ils s’en vont avec le sourire.

Et puis, il y a les dragueurs
Les beaux baratineurs.
Toujours les mots pour charmer
Pour mieux vous attirer dans leurs filets.
Ceux là, qui passent leur chemin
D’eux ….n’attendez rien....


Ch0c0latine
Mer 14 Sep 2011, 22:55 par Ch0c0latine sur L'amour en vrac

Pas de retour. chapitre 4 (suite)

*************

Michael Ong, chargé par le comité d’organisation d’accueillir les français, attendait patiemment derrière la vitre séparant les arrivées internationales du terminal 1. Il disposait de temps pour repenser aux conversations qu’il avait eues avec ses supérieurs. Avec l’implication surprise - et imposée - des représentants du cabinet du Premier Ministre, la première discussion s’était portée sur l’opportunité d’annuler l’inscription des membres du Geylang Fighting Club au tournoi.

Michael, accompagné du président de la fédération, avait rappelé à ses interlocuteurs les frasques de ces voyous durant les diverses compétitions nationales auxquelles ils avaient participé. Il avait mis en exergue les dangers de tels comportements pendant le tournoi international, non seulement pour les autres athlètes et officiels mais aussi pour l’image du Taekwondo et de Singapour. L’un des fonctionnaires du cabinet – qui n’avait pas daigné se présenter – avait interrompu l’exposé pour rentrer dans le vif du sujet :
- Inspecteur, vous êtes en train de nous soutenir que la fédération n’a pas les moyens de faire respecter l’ordre pendant une de ses manifestations ?
Michael se sentit agressé par le ton employé, autant que par le caractère provocant de la question. Toutefois, il conserva son sang-froid.
- Je dis simplement que le danger existe. Et que le meilleur moyen de l’éliminer est encore de bannir ces énergumènes du tournoi.
Son interlocuteur sourit, méchamment.
- Et à quoi sert un service d’ordre, alors ? N’en êtes-vous pas responsable, d’ailleurs ?
- En effet, je le suis. Et c’est en tant que tel que je fais cette recommandation.
- Nous pensons plutôt que vous ne voulez pas prendre vos responsabilités, inspecteur…
Michael encaissa mal le coup. Les autres participants semblaient gênés par la tournure de l’échange. Le mandataire du gouvernement, satisfait de son attaque, continua :
- Légalement, nous n’avons aucune raison d’interdire l’accès au tournoi à qui que ce soit. Les inscriptions sont libres, à partir du moment où les clubs des participants sont affiliés à la fédération et que ces derniers sont dûment licenciés. De plus, je vous rappelle que vos supérieurs ont instamment demandé à la fédération de ne rien faire contre les membres du Geylang Fighting Club ; ceci afin de préserver une plateforme d’observation sur leurs activités illégales, indispensable aux services de police. Et, en tant que membre de cette estimable organisation, vous êtes bien placé pour le savoir, me semble-t-il.
- Oui mais…
- Inspecteur Ong ! Discuteriez-vous les ordres de vos chefs qui, de surcroît, bénéficient de notre support inconditionnel ?
- Non, bien sûr…
- Parfait ! Je pense que vous serez d’accord avec moi : la sécurité du pays est sûrement plus importante que celle d’un tournoi d’arts martiaux, fût-il international.
Michael ne sut quoi répondre devant une telle présentation de la situation, complètement biaisée. « Décidément, ils sont costauds pour retourner les choses, ces politiciens… » ne put-il s’empêcher de remarquer, dégoûté.
- Bien ! fit le fonctionnaire, en se levant, accompagné de ses deux collègues qui n’avait pipé mot de toute la réunion. Maintenant que nous sommes d’accord, nous pouvons y aller. Un rapport sera transmis au directeur de cabinet. Bien entendu, vous en aurez une copie, précisa-t-il à l’adresse du chef de la police.
Puis, il se tourna vers Michael et le président de la fédération, sans se départir de son sourire inquiétant :
- Messieurs, le Premier Ministre compte sur vous pour que l’image de notre pays ne soit pas ternie par un incident, quelqu’il soit. Je vous rappelle que c’est nous qui décidons des montants annuels à allouer à chaque sport. Et, d’après les services du Ministère des sports et de la jeunesse, le Taekwondo singapourien n’a pas vraiment brillé pendant les derniers jeux d’Asie du sud-est…
Sur ces dernières paroles, pleines de sous-entendus, les 3 fonctionnaires quittèrent la salle.

Apres quelques mots de réconfort adressés au président de la fédération qui avait du mal à dissimuler sa panique naissante, celui-ci fut prié de quitter la salle afin de poursuivre la réunion entre policiers. Au cours de celle-ci, Michael put confirmer son sentiment que les décisions avaient été déjà prises au plus haut niveau et que ses supérieurs ne montraient aucune intention de les contester.
- Inspecteur Ong, résuma le chef du département criminel, vous vous occupez du service d’ordre interne pour le compte du comité d’organisation du tournoi et nous sommes certains que vous vous acquitterez de cette tâche sans coup férir. En tant que policier, nous désirons vous voir prendre en charge la protection des athlètes et officiels étrangers. Pour cela, vous formerez une équipe composée de 50 hommes. Je veux que nos amis dans leurs pays respectifs avec l’idée que Singapour est toujours le pays le plus sûr du monde.
- A vos ordres, ne put que répondre Michael.

Patrick et son groupe se dirigèrent vers lui, ayant reconnu le nom de leur club, inscrit sur la pancarte qu’il brandissait. Les présentations furent chaleureuses et l’inspecteur fut surpris de constater que les 5 européens s’exprimaient assez bien en anglais. On lui avait tellement rabâché que les français ne parlaient que…français…

En sortant de l’aéroport, les nouveaux arrivants furent littéralement pris à la gorge par la chaleur lourde et moite, caractéristique d’un pays situe près de l’équateur. Michael remarqua la réaction de ses hôtes et plaisanta :
- Bienvenue à Singapour, les amis ! Il va falloir vous habituer à cette chaleur humide ou bien passer votre séjour dans des lieux climatisés, uniquement. HA ha ha !

Le groupe embarqua dans un minibus conduit par un vieux chinois souriant mais qui ne parlait très bien la langue de Shakespeare.
- Ici, il y a quatre langues officielles, précisa Michael. L’anglais, le mandarin, le malais et le tamil. Mais le langage des affaires est bien évidemment l’anglais. Ce qui ne veut pas dire que tout le monde, à Singapour, le maîtrise… Donc, ne soyez pas étonnés si, en vous promenant, on ne répond pas forcement à vos demandes d’information. Ce n’est pas pour faire montre d’impolitesse mais plus par gêne de ne pas pouvoir communiquer convenablement avec vous.
Le groupe de Bagnolet écoutait attentivement, tout en regardant défiler les paysages devant leurs yeux.
- Nous vous conduisons à votre hôtel, qui se trouve dans le quartier de Geylang. C’est le cœur de Singapour. Cet endroit est très réputé pour ses restaurants, d’excellente qualité et bon marché. Mais, vous devez aussi savoir que les lorongs – autrement dit les allées perpendiculaires à Geylang road, l’artère principale – sont fréquentées par la prostitution.
- Ah bon ? s’étonna Patrick.
- Mais, ne vous inquiétez pas. Cette activité est très contrôlée par le gouvernement et il n’y a pas les mêmes problèmes qu’en Europe ou aux Etats-Unis, de proxénètes se bagarrant à coups de revolver pour agrandir leurs territoires. Je voulais seulement vous avertir par rapport aux enfants.
Ces derniers éclatèrent de rire.
- Eh ben ! s’écria Victor. Quand je vais dire ça à mes parents !
Le policier se retourna et lui sourit :
- Dis donc, petit polisson ! Tu crois vraiment que ton coach va t’emmener visiter les lorongs ? Ton hôtel est en dehors de cette zone, de toute manière. Et il y a bien d’autres sites à visiter, à Singapour, plus intéressants.
- Regardez ! s’exclama Ali. Il y a des fleurs tout le long du rail central de l’autoroute !
- Ca, reprit l’inspecteur, c’est notre façon à nous de souhaiter la bienvenue aux visiteurs !
- C’est beau ! s’enthousiasma Mathilde en admirant les fleurs tropicales rouges et blanches.

Après 20 minutes de route et un trafic agréablement fluide, ils arrivèrent au Santa Grand Hôtel. Arthur trouvait le bâtiment propret et l’accueil sympathique. En regardant autour de lui, il s’aperçut que d’autres équipes participant au tournoi avaient aussi été installées ici. Il reconnut quelques adversaires qu’il avait rencontrés en Europe.

Michael les avait déjà quittés, après leur avoir expliqué quel était son métier ainsi que son rôle dans l’organisation du tournoi ; ce qui ne manqua pas de les impressionner.
- Vous vous rendez compte ? observa Mathilde. Le responsable de la sécurité est un inspecteur de police et il est venu, en personne, nous accueillir !
- Oui, c’est plutôt sympa de sa part, répondit Arthur. D’ailleurs, je le trouve très cool…
Tout le monde acquiesça.
- Bon, les enfants ! fit Patrick. Vous avez tous vos clefs, alors je vous propose d’aller vous rafraîchir. Dans une heure, on se retrouve en bas pour aller manger dans un de ces fameux restaurants, bons et pas chers. Ca vous va ?
- Super ! intervint Victor. Dis, Patrick, tu nous emmèneras voir ce qu’il se passe dans ces fameuses allées ?
A ce moment là, vif comme l’éclair, Ali se pencha, le prit par les chevilles et le retourna tout en se redressant. Victor - et ses 50 kilos - se retrouva tête en bas, les chevilles coincées par deux mains puissantes, ne comprenant pas ce qu’il lui arrivait.
Tout le monde, dans le hall de l’hôtel, se mit à rire en voyant le petit garçon s’agiter et tenter de se libérer de l’étreinte.
Sam 14 Nov 2009, 04:18 par Arthis sur Mille choses

La bonne journée

Cette journée, elle ne commence pas vraiment bien. Il est plus de onze heures lorsque je me réveille maladroitement, le corps encore usé, et surtout les oreilles agressées par une fanfare qui joue des airs des années 30. C’est donc maussade que je me dirige vers la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Le goût velouté d’un yaourt de soja à l’abricot, l’acidité agréable d’un thé au citron dans lequel je trempe mes petits biscuits aux céréales me titillent les sens, l’éveil pointe son nez. Mais toujours ses cuivres tonitruant accompagnés de je ne sais quel accordéon et petit tambours. Je consultes mes mails, me promène sur quelques sites en finissant mon thé, lorsque la fanfare se tait enfin. Je file à la douche pour m’asperger d’un peu de fraîcheur et de bonnes odeurs. Je suis fin prêt pour le petit café sur la place d’en bas.

Un café, un verre d’eau. C’est devenu un rituel. Les stores sont bienvenus pour me protéger d’un soleil de plus en plus pesant ces jours ci. Je conserve malgré tout mes lunettes, d’une part parce que la luminosité est encore un peu trop forte à mon goût, et d’autre part pour observer les passants, et plus particulièrement les passantes avec un zeste de discrétion bienséante. Le café se sirote lentement, ponctué par une voire deux cigarettes, et des bouffés de plaisir à la vue de quelques filles au talent féminin enchanteur. C’est à ce moment que je me dis toujours « ah là là, je pourrais rester des heures ici, c’est trop bon ». Comme pour succomber à ces sirènes, j’attaque alors tranquillement le verre d’eau, au même rythme nonchalant que celui avec lequel j’ai consommé mon café. D’autres cigarettes, d’autres mignonnettes, d’autres soupirs d’intense et profonde satisfaction. Je quitte rassasié mon havre de bonheur, et vais m’acheter une salade et du bon pain, car il commence à faire faim.

Je pourrais vous raconter la salade, pourquoi son assaisonnement me fait pousser de petits cris de plaisir, et comment une tartine de rillettes au poulet me plonge dans un état de béatitude sans concessions, mais ce serait obscène alors je dirais que je me suis simplement régalé, il faut me croire sur parole.

La chaleur et la légère moiteur régnant dans mon petit appartement incitent à la sieste, et je ne suis pas contrariant, alors va pour une sieste. Il ne s’agit pas de dormir, car ce serait rater une sensation rare que seule la sieste permet de goûter. Sur le dos, les bras croisé derrière la nuque, je laisse la digestion prendre lentement possession de moi. Mes pensées papillonnent, vont d’un souvenir, à un désir, se posent dans une fiction, puis de leur propre gré vers de nouveaux champs d’investigation. A la frontière du sommeil, juste après la porte de l’éveil, il existe un passage minuscule qui donne sur un couloir de félicité. Je m’y rend souvent, je ne prends ni notes ni photos, mais un repos sans nom.

Les esprits clairs, le corps détendu comme celui d’un nouveau né, je ressent ce désir sage mais enjoué de laisser libre cours à la création. Oh c’est un bien grand mot pour ce que je fais, mais ce qui compte, c’est de ressentir cette envie subtile et de s’y abandonner. Alors je cree. LA page de garde du site que je dois faire pour un ami. Dans la légèreté et mu par un calme sérieux, j’agence les éléments selon les bons goûts du moment. Ce travail consciencieux et amusant me vide, me libère d’un poids qui n’était pas si gênant que ça, et le remplace par ce sentiment reposant de la satisfaction du travail accompli. Impeccable, je vais profiter des dernières heures de soleil pour me refaire un stage sur une terrasse accueillante. Ce sera celle de la petite marchande de glace, qui est si jolie et tellement fière.

A la terrasse, outre la présence de la petite marchande de glace, une bonne surprise m’attendait : Un couple d’ami vint se joindre à moi, dans la démarche dandinante et traînante des gens satisfait de l’air du temps. Ils s’assoient à ma table, et nous papotons de milles choses, pour le plaisir d’échanger. Vous savez, ces conversations ou il ne s’agit ni de démontrer qu’on a raison, ni d’étaler sa science, ni de parler que de que l’on ressent. Non pas ca, mais ces conversations ou les sujets s’enchaînent, s’explorent simplement sans conclusion autre que celle qu’il a été épuisé par nos rires et poli par nos mots. Ce genre de discussions qui vous remplit autant qu’elle vous vide, qui se laisse apprécier comme on apprécierait un bon plat.

De retour dans mon petit chez moi, je m’organise. Sur un fond de Rod Stewart interprétant des standards de Jazz, je m’attelle à la vaisselle. Encore un satisfaction, ce qui aurait pu être une corvée s’effectue sans gène et la propreté régna alors sur l’évier. Je met des cuisses de poulet à décongeler, et prend un livre de philo que j’examine installé façon nabab dans mon lit. Rod Stewart m’accompagnera sur les différences entre les écoles hellénistiques et celles socratiques, puis s’arrêtant, me décidera à aller me préparer ce bon petit plat que j’ai en tête.

J’ai mêlé à un plat que je connais, une musique que je ne connaissais pas. Est-ce la saveur réussie ou la magie de Keith Jarret qui me plonge dans ce délice des sens ? Le concert de Cologne est assurément un voyage de virtuose, me dis je envoûté en suçant mes cuisses de poulet. Je flotte sur un nuage, dérive en eaux calmes, me transporte sans bouger. Je repense alors ma journée, et me dis que c’est une bonne journée, que je souhaite à tout le monde de passer. Je m’assois devant mon ordinateur, et décide de vous l’écrire, pour vous faire un peu partager à l’aide de quelques mots simple un peu du gâteau de bonheur.

La journée est finie, mais la soirée commence. J’ai bien envie d’aller boire un verre autour de minuit. C’est l’heure, je vous laisse.
Sam 18 Juin 2005, 22:57 par PetitPrince sur Mille choses
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