Chant de croix

Seul de malfaçons
Je rêve ricoches, là sur le béton
Seul à cette fenêtre
Je rêve la chute de tout mon mal être
Nul et cent raisons
Le saut pour seul obsession
Permettez moi le tout en bas
D’atterrir là pour finir de moi

Car dans un champs de croix ce ne sera plus moi
Desintimez moi allongé et froid
Vous les heures de rien
Qui fuient entre mes mains
Que naître rien je meurs de tout


Seul Smith et Wesson
son, et me frisonne
Seul face à mon mal
Un cendrillon invité aux balles
De cette fulmination
Me tire, fais sauter le caisson
Remettez moi le tout en tas
Sang élixir, sans retour de moi

Seuls la corde et on
Me donnent quitus pour la pendaison
Seul je suis beau cou
Plus ça me serre et plus je m’en fout
Et jeu me vend de l’évasion
Ce qui est prix n’est plus à pendre
Je m’en balance morte saison
Et rien de pire que de redescendre

Seule la lame de fond
Sur mes poignées me joue du violon
Seul face à l’archer
La clé du sol est à ma portée
Et je me rends au diapason
d’une baignoire et d’un rasoir
Je me découpe dans l’isoloir
Des rancœurs diurnes de l’horizon.

jime
Mar 13 Jan 2015, 17:27 par Jime sur Mille choses

Le secrétaire

Il vient de prendre ses fonctions
Dans cette grande et belle maison
Il espère bien faire sensation
Qu’on soit content de ses prestations
On l’a installé dans un joli bureau
Bien agréable où tout est fait pour s’y plaire
Il va pouvoir faire du beau boulot
Ce nouveau secrétaire

Mais son travail aussitôt se complique
Quand Madame dans le local rapplique
Juste vêtue de ses petits dessous
Qui mettent en valeur ses atouts
Il ouvre grand ses yeux à cette vue
Profitant de cette belle opportunité
De dévisager cette belle ingénue
Qui se montre dans toute sa beauté

Il se doit de rester froid et impassible
Devant cette belle ingénue si tentante
Le trouble est malgré tout bien visible
Face à cette belle vision alléchante
Il sent sa peau de soie s’accouder,
Tout contre le bord de son lutrin
Il sent la chaleur de son corps et se met à rêver
S’imaginant qu’ils n’en feront plus qu’un...

Dans son songe, il se voit doté d’une âme
Il se voit en secrétaire particulier de Madame
Planté devant elle tel un valet de chambre
Auscultant cette délicieuse silhouette d’ambre
Dans sa magnifique parure légère et frivole
Attendant qu’elle veuille bien prendre la parole,
Pour lui donner un ordre ou demander un service
Afin qu’il arrête de se tordre et mette fin au supplice

Ce sont des Georges par ci, des Georges par là
Il adore le son mielleux qui sort de sa belle bouche.
Et tous ces petits gestes affectueux lorsqu’elle le touche
Elle passe ses mains, afin qu’il brille d’un bel éclat
Comme si elle avait besoin de nettoyer la poussière sur son veston
Qu’elle avait besoin de faire étinceler les cuivres des boutons
Et qu’elle lustre avec tant de méticuleux soin cet abattant
En lui décochant ces beaux sourires, qu’il affectionne tant.

Il ne comprend toujours pas pourquoi, elle utilise cette cire d’abeille
Qui lui donne cet air guindé d’un vieux comptoir quitté la veille
Sur lequel elle aurait noyé ses ennuis amoureux dans un verre de Vodka
Lui préfère les fragrances de son eau de toilette à l’arôme de magnolia,
Qui lui rappelle tant sa jolie montagne et ses beaux versants ensoleillés
Ses doigts, si soigneusement manucurés, auraient besoin d’être réchauffés
Et il faudrait couvrir ce merveilleux corps afin qu’il ne prenne pas froid
Je me verrai bien dans ce rôle, pense-t-il, pour pouvoir m’occuper de toi.
Sam 23 Juin 2012, 15:27 par caressedesyeux sur Mille choses

Les yeux de mes phantasmes.. (1)

Quand les yeux de ma tête sont allés à la rencontre des tiens, quelques fois auparavant, avec un petit sourire sur mes lèvres, ta seule réaction fut ce sourire typique de toutes les femmes de ce métropole..un sourire que j’ai de la difficulté à décrire (imaginez quelqu’un qui vous fait un demi-sourire froid, tout en prenant un grand soin de sceller les lèvres et de cacher les dents...), un sourire qui se veut plutôt un avertissement, sous-entendant: "je n’accepte pas ton sourire, mais je ne veux pas te laisser sans que j’y réponde. La prochaine fois, ne me souris plus!"

Alors, vu ta réaction choquante, ce sont maintenant les yeux de ma pensée qui se posent sur ta frêle silhouette de jeune étudiante, avec toute liberté, chaque fois que tu passes près de moi, et chaque fois que tu traverses les couloirs de ma mémoire..
Mar 29 Mai 2007, 22:04 par Marvinus sur Parler d'amour

La deuxième main courante...

Pas des moindres, le quartier est Ebay
La vendeuse, honnête, et c’est pas un laideron...
Le client a trente ans, Parigot jusqu’aux dents, la menace de mort.

Car il était mal et la Belle n’a pas voulu qu’il se foute de sa jolie Frimousse, donc, pas de gazinière.

Est allée, retournée, au commissariat central Place du Marché.

À TEL POINT QUE :

Maintenant, comme on sait que je suis au chômedu et que je ne veux pas perçevoir les Assédic, les Mesdames et Messieurs du QG me demandent, étonnés avec le sourire :

Mais, à tout hasard, vous n’auriez pas envie de travailler pour Nous?

En pensées :

Si tu crois que j’ai refusé d’être aiguilleur du ciel à 19 ans, c’est pas pour me prendre une balle à trente cinq.

Sourires.

aime guitare clown2 etude ange
Dim 22 Oct 2006, 02:41 par Chogokinette sur Mille choses

Du fond des âges...

Il m’a regardée et dis : « je veux t’aimer. Combien de temps cela fait-il qu’un homme n’a posé ses mains sur toi » ? Je le regardais un peu comme un ovni, ou une tâche sur un tableau de Sisley. Je ne lui répondis pas tant sa phrase était déplacée, inconvenante : ce type que je ne connaissais même pas, qui bavait sur place, de quoi se mêlait-il, de quel droit voulait-il prendre possession de ma vie comme d’un sac de sucrerie qu’on ingurgite en regardant un navet télévisé ? J’étais allée voir une amie et ce gars était là, à trôner au milieu de la cuisine et à me débiter un monceau d’inepties au milieu desquelles émergeaient quelques mots : « douche astrale [...] Ton mec il n’a pas de ... Tu vas avoir un rendez-vous le . et tu ne t’habilleras pas comme cela, tu mettras des teintes pastels... »
J’étais fascinée et incapable d’un mouvement, il allait trop vite, il parlait trop, il était tellement loufoque, c’était tellement absurde... Il me prit dans ses bras comme une poupée de chiffon et me fit virevolter dans les airs. Certes si je m’étais retrouvée seule avec lui, il m’aurait sans doute attrapée par les cheveux et puis traînée jusqu’à sa tanière avant de me faire subir les derniers assauts de sa virilité (pour me faire plaisir, en manière de thérapie, évidemment, dans une pensée purement altruiste, pour redonner un peu de couleurs à mes joues jugées trop pâles ) : « ouba » ! ! On est on demande avant de se servir : enfin, de toute évidence, du gentleman c’était surtout le côté farmer de la greffe qui avait réussi ! Bonjour l’amour, le respect, la tendresse, la sensualité, la séduction, et j’en passe...
Mon amie, au comble de la délicatesse lui a même remis mon numéro (on continue) et le lendemain au réveil, une voix inconnue me fait sursauter : « je suis fou de toi, tu es la femme qu’il me faut, etc... » Du calme, mon vieux, du calme... J’explique que si je suis flattée, le trouble n’est pas réciproque, enfin, pas dans le sens où il l’entend (et la théorie évolutionniste, alors ? ? Mon vieux Darwin si tu savais )... Ben, oui, moi j’ai bien dormi, à peu près, enfin, un peu traumatisée tout de même par la brutalité de monsieur et son effet rentre dedans qui ne prévient pas (si j’avais su j’aurais mis mon armure spéciale doublée anti-adhésion (faut ce qu’il faut)... Oui, je sais, je suis sans doute trop difficile et trop intello (forcément, il n’y a pas lieu de remettre le pithécanthrope en question, ben, non). Et oui, c’est comme ça. Non, non, le fast love c’est pas mon truc ou en tous les cas, pas avec n’importe qui, ben, oui, c’est comme cela, mon cher monsieur. Et, oui, que voulez-vous depuis la parité...

Enfin, avis aux messieurs qui n’auraient pas encore fait la différence entre une femme et une boite de chocolats : la première est la seule à pouvoir dire « encore » après avoir été mise en bouche... Ou refermer le couvercle avant même qu’on y touche.
Jeu 23 Mars 2006, 23:22 par dolce vita sur Les liaisons sulfureuses

Au large l'amour fut

La mer qui nous prend
La femme que l’on aime
La mer qui nous vole
L’amour qu’on attendait.

Au large, des pensées
Se sont fanées sur les flots.

L’aurore au rêve glacé
Va se pencher sur la terre
Boire au jusant des larmes damnées
Sur le sable d’ocre
Où le désespoir attend son aimée.
Mer 17 Août 2005, 09:07 par Kurodo sur L'amour en vrac

La bonne journée

Cette journée, elle ne commence pas vraiment bien. Il est plus de onze heures lorsque je me réveille maladroitement, le corps encore usé, et surtout les oreilles agressées par une fanfare qui joue des airs des années 30. C’est donc maussade que je me dirige vers la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. Le goût velouté d’un yaourt de soja à l’abricot, l’acidité agréable d’un thé au citron dans lequel je trempe mes petits biscuits aux céréales me titillent les sens, l’éveil pointe son nez. Mais toujours ses cuivres tonitruant accompagnés de je ne sais quel accordéon et petit tambours. Je consultes mes mails, me promène sur quelques sites en finissant mon thé, lorsque la fanfare se tait enfin. Je file à la douche pour m’asperger d’un peu de fraîcheur et de bonnes odeurs. Je suis fin prêt pour le petit café sur la place d’en bas.

Un café, un verre d’eau. C’est devenu un rituel. Les stores sont bienvenus pour me protéger d’un soleil de plus en plus pesant ces jours ci. Je conserve malgré tout mes lunettes, d’une part parce que la luminosité est encore un peu trop forte à mon goût, et d’autre part pour observer les passants, et plus particulièrement les passantes avec un zeste de discrétion bienséante. Le café se sirote lentement, ponctué par une voire deux cigarettes, et des bouffés de plaisir à la vue de quelques filles au talent féminin enchanteur. C’est à ce moment que je me dis toujours « ah là là, je pourrais rester des heures ici, c’est trop bon ». Comme pour succomber à ces sirènes, j’attaque alors tranquillement le verre d’eau, au même rythme nonchalant que celui avec lequel j’ai consommé mon café. D’autres cigarettes, d’autres mignonnettes, d’autres soupirs d’intense et profonde satisfaction. Je quitte rassasié mon havre de bonheur, et vais m’acheter une salade et du bon pain, car il commence à faire faim.

Je pourrais vous raconter la salade, pourquoi son assaisonnement me fait pousser de petits cris de plaisir, et comment une tartine de rillettes au poulet me plonge dans un état de béatitude sans concessions, mais ce serait obscène alors je dirais que je me suis simplement régalé, il faut me croire sur parole.

La chaleur et la légère moiteur régnant dans mon petit appartement incitent à la sieste, et je ne suis pas contrariant, alors va pour une sieste. Il ne s’agit pas de dormir, car ce serait rater une sensation rare que seule la sieste permet de goûter. Sur le dos, les bras croisé derrière la nuque, je laisse la digestion prendre lentement possession de moi. Mes pensées papillonnent, vont d’un souvenir, à un désir, se posent dans une fiction, puis repartent de leur propre gré vers de nouveaux champs d’investigation. A la frontière du sommeil, juste après la porte de l’éveil, il existe un passage minuscule qui donne sur un couloir de félicité. Je m’y rend souvent, je ne prends ni notes ni photos, mais un repos sans nom.

Les esprits clairs, le corps détendu comme celui d’un nouveau né, je ressent ce désir sage mais enjoué de laisser libre cours à la création. Oh c’est un bien grand mot pour ce que je fais, mais ce qui compte, c’est de ressentir cette envie subtile et de s’y abandonner. Alors je cree. LA page de garde du site que je dois faire pour un ami. Dans la légèreté et mu par un calme sérieux, j’agence les éléments selon les bons goûts du moment. Ce travail consciencieux et amusant me vide, me libère d’un poids qui n’était pas si gênant que ça, et le remplace par ce sentiment reposant de la satisfaction du travail accompli. Impeccable, je vais profiter des dernières heures de soleil pour me refaire un stage sur une terrasse accueillante. Ce sera celle de la petite marchande de glace, qui est si jolie et tellement fière.

A la terrasse, outre la présence de la petite marchande de glace, une bonne surprise m’attendait : Un couple d’ami vint se joindre à moi, dans la démarche dandinante et traînante des gens satisfait de l’air du temps. Ils s’assoient à ma table, et nous papotons de milles choses, pour le plaisir d’échanger. Vous savez, ces conversations ou il ne s’agit ni de démontrer qu’on a raison, ni d’étaler sa science, ni de parler que de que l’on ressent. Non pas ca, mais ces conversations ou les sujets s’enchaînent, s’explorent simplement sans conclusion autre que celle qu’il a été épuisé par nos rires et par nos mots. Ce genre de discussions qui vous remplit autant qu’elle vous vide, qui se laisse apprécier comme on apprécierait un bon plat.

De retour dans mon petit chez moi, je m’organise. Sur un fond de Rod Stewart interprétant des standards de Jazz, je m’attelle à la vaisselle. Encore un satisfaction, ce qui aurait pu être une corvée s’effectue sans gène et la propreté régna alors sur l’évier. Je met des cuisses de poulet à décongeler, et prend un livre de philo que j’examine installé façon nabab dans mon lit. Rod Stewart m’accompagnera sur les différences entre les écoles hellénistiques et celles socratiques, puis s’arrêtant, me décidera à aller me préparer ce bon petit plat que j’ai en tête.

J’ai mêlé à un plat que je connais, une musique que je ne connaissais pas. Est-ce la saveur réussie ou la magie de Keith Jarret qui me plonge dans ce délice des sens ? Le concert de Cologne est assurément un voyage de virtuose, me dis je envoûté en suçant mes cuisses de poulet. Je flotte sur un nuage, dérive en eaux calmes, me transporte sans bouger. Je repense alors ma journée, et me dis que c’est une bonne journée, que je souhaite à tout le monde de passer. Je m’assois devant mon ordinateur, et décide de vous l’écrire, pour vous faire un peu partager à l’aide de quelques mots simple un peu du gâteau de bonheur.

La journée est finie, mais la soirée commence. J’ai bien envie d’aller boire un verre autour de minuit. C’est l’heure, je vous laisse.
Sam 18 Juin 2005, 22:57 par PetitPrince sur Mille choses

Et laisser courir la plume

Il y a dans la création d’un texte l’aspect de la structuration. D’une façon générale, un plan doit se dessiner en accord avec la logique du discours, mais l’étape du plan n’est pas necessairement préalable à l’écriture du texte. Là ou je veux en venir, c’est que il n’y a pas qu’une façon d’obtenir ce plan. Il peut avoir été concu avant, ou être compris aprés.

On peut trés bien réfléchir à partir du sujet choisi sur l’ordre des actions et les découper en un plan cohérent. Nos "Exercices d’écriture" proposent d’ailleurs les textes à jalons permettant de travailler cet aspect là. Je ne pense pas qu’il faille systématiquement recourir à ce procédé pour écrire des textes de la longueur de ceux présents sur notre site.

D’un autre coté, écrire comme on pense donnera toujours les textes les plus clairs et surtout les plus agréables. Cela ne signifie pas qu’il faille se laisser aller à un verbiage trop parlé. Le spontané des mots que l’on prononcerait doit être filtré par l’outil litteraire, afin de lui donner un aspect un peu plus .

Entre deux jalons d’un plan structuré, ou dans un jet naif de mots venant du coeur, il faut laisser courir sa plume.

Une façon sympathique de travailler spontanément est justement de laisser courir sa plume, et soit de temps en temps, soit une fois le texte abouti, le restructurer afin d’affiner les tensions et de mener les dénouement avec élégance.
Dim 22 Mai 2005, 22:29 par PetitPrince sur Articles
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