Léna punie...

Léna punie…


Mois de septembre. Lotissement vidé des estivants. Pourtant, le soleil tapait dur, la mer était belle, sa température était plus que clémente. J’allais encore nager deux fois par jour.

Charly, le Chef de la bande du haut, et Gus, son frêle écuyer, étaient encore là. Ils sont venus me conter leurs derniers démêlés à la fin du mois d’août avec la bande du bas. Cela avait tourné en Bérésina, vu le départ hâtif de certains ‘aoûtiens’. Ils avaient été faits prisonniers. Puis, attachés l’un à l’autre, autour d’un gros arbre, on leur avait enlevé shorts et slips et passé le cul au cirage !

Charly, fou de rage et d’humiliation, jurait qu’il se vengerait par n’importe quel moyen…
J’ai commencé par leur dire que tout cela était prévisible, qu’ils n’étaient plus à l’âge de tels enfantillages qui avaient fini par tourner en eau de boudin… Et j’ai failli leur rire au nez, quand Charly a ajouté que Léna, l’égérie des ‘baroudeurs du Hamiz’ les avait traités de : « P’tites bites… », la pire des injures !

Cette Léna, de… quelque chose, m’avait gonflé les deux fois où j’avais participé à leurs rencontres. C’était une grande Fille, solidement bâtie, de presque 16 ans : lippe dédaigneuse sur un visage d’impératrice romaine… Le verbe haut et incitant sa troupe au combat !
La seconde fois, je l’avais entendue commander :
- Tous sur lui…
Ce "lui", étant moi… J’avais oublié leurs règles de pseudo chevalerie, et… avec les pieds, j’en avais ‘castagné’ deux, et fait fuir un troisième, avant d’escalader un en ruines. D’en haut, après leur avoir fait un bras d’honneur, j’avais sauté de l’autre côté et disparu dans les ruines où ils m’avaient cherché en vain !

A cause de ça, je n’ai pas été long à être convaincu de les aider dans leur plan machiavélique, puisqu’elle était encore là en septembre.
Ils l’avaient guettée :
-Elle descend vers cinq heures et demi ( 17h30) sur la petite plage de la crique, en bas de chez elle. Il n’y a pas un chat à cette heure-là. Mais pour qu’elle ne gueule pas, il faudra lui mettre une serviette mouillée, attachée derrière la tête, comme ils l’ont fait pour nous…Il faut que tu arrives avec ta barque dans la petite crique des rochers d’à-côté. Une fois attachée, on la met dans la barque et on l’emmène dans notre Q.G ( Ruines Romaines ). Là, on l’attache à une colonne et on lui met le ‘cul’ à l’air… Il faut qu’elle paye, la salope !

Programme respecté, avec la pastéra ( barque ) je les ai rejoints dans la petite crique désignée. Avec Rabah et Marcel, ils étaient quatre. Comme des Sioux sur le sentier de la guerre, nous avons rampé pour aboutir sur la plage à quelques vingt mètres derrière elle. Sur sa grande serviette de bain, elle était allongée sur le ventre, lisant, face à la mer. J’avais en mains, la serviette mouillée, roulée en diagonale, tenue par les deux bouts. Elle ne m’a entendu qu’au dernier moment et s’est soulevée sur les coudes pour regarder derrière elle…
Mais j’étais déjà à genoux sur son dos, la serviette, passée par-dessus sa tête, s’est appliquée sur sa bouche… Je l’ai serrée très fort, et nouée sur la nuque ! Elle a crié, mais trop tard… Sa voix était étouffée ! Elle n’a pas pu gigoter longtemps, les quatre autres lui tenaient bras et jambes, et les attachaient avec des serviettes mouillées, reliées par une corde…

On l’a transportée comme un paquet remuant, mais solidement tenu, dans la barque où on l’a jetée plus que posée sur le fond. Charly s’est assis sur elle, Gus tenant la corde. Rabah et Marcel nous ont dit :
- Nous, on vous rejoint dans les ruines…
Pendant que je ramais, j’apercevais ses yeux qui d’abord, lançaient des éclairs, mais qui peu à peu, devenaient apeurés… Dame ! Charly se régalait de lui annoncer que c’était à son tour d’être attachée :
- A poil…On va bien voir si t’as une grosse chatte, toi, puisque tu dis qu’on on a "des p’tites bites"… »

Au bas des ruines, dans la crique d’arrivée, seul Rabah nous attendait. Marcel s’était ‘dégonflé’ en route… On l’a à nouveau portée à quatre, jusqu’à la grande salle à ciel ouvert où il y avait une colonne torsadée, tronquée…
Charly a dit :
- Cà va faire l’affaire… On va la pencher dessus et Gus tiendra la corde de l’autre côté.

Rabah et moi, accroupis, nous lui tenions chacun une jambe par la cheville. Elle poussait des cris, étouffés par la serviette, et gigotait… Mais, penchée à 45°, le torse collé à la pierre, elle ne pouvait rien faire !
Elle avait un maillot deux pièces. Charlie, sans ménagement a tiré le bas, l’a fait glisser, mais elle gigotait et on a eu du mal à le lui sortir pied après pied… Jusque là, je n’avais vu que le côté farce de la situation, mais soudain j’ai réalisé son incongruité : J’avais les yeux à quelques centimètres de la belle founette d’une fille de 16 ans… Poils frisés, presque dorés, autour d’une fente bien dessinée, sans que les ‘lèvres’ soient apparentes comme chez Paula !

J’ai pensé :
-‘P…’ ! C’est pas du boulot, j’suis en train de bander, c’est dégueulasse…
J’ai tourné la tête, et dit à Charly :
- Cà va pas ! C’est une fille…
Mais lui :
-On, va lui passer le zob dans les fesses, chacun son tour : elle saura qui a la plus grosse queue, comme ça !
Du coin de l’œil, j’ai vu qu’il avait abaissé son maillot et qu’il avait sa bite à la main
( Il ne bandait même pas, ce con !) Mais il l’approchait des fesses de Léna…

En un éclair, j’ai réalisé que c’était grave et quasiment en même temps, je me suis relevé, épaule en avant et j’ai frappé Charlie sur la poitrine… Il est tombé en arrière, sur une grande touffe broussailleuse mais molle, heureusement : bite au vent, il aurait pu être comique en toute autre occasion !

Il s’est mis à gueuler :
- Ouhouille ! P… ! Qu’est-ce qui t’prend ?
J’ai hurlé :
- Bande de cons… La fille d’un juge ? Vous voulez finir en maison de correction jusqu’à 20 ans Et à Rabah, en Arabe :
- Ton Père comme le mien, ils nous casseraient les reins…
Puis, à nouveau, en Français :
- Foutez l’camp ! J’vais la libérer et la ramener. Assez de ‘conneries’ comme ça !

Je crois qu’ils avaient réalisé eux aussi que ça pouvait être grave : Rabah, était piteux… Gus ne bronchait pas, tenant toujours la corde. Charlie devant ma rage, s’est relevé en se réajustant et en disant :
- Çà fait rien, on a vu son ‘Q’… : Elle s’en rappellera, cette salope !
Ils se sont éclipsés tous les trois. J’avais déjà détaché la serviette de la nuque et je suis passé de l’autre côté pour détacher les mains, retenues par la corde : j’ai vu qu’elle pleurait !

Elle ne bougeait pas. J’ai ramassé son maillot et le lui ai tendu. A ma grande surprise, elle a dit :
- Merci !… Mais il faut que je pisse !
Et elle s’est accroupie sur place, ajoutant :
- C’est la trouille…
J’avais son maillot à la main, je me suis détourné… Alors elle a claironné de sa voix habituelle :
- Tu peux bien te retourner maintenant… Depuis une heure (là elle exagérait !) que tu vois mon ’Q’… Et le reste !
Puis plus bas :
-T’en as pas perdu la vue ? ‘P…’ ! Je m’en suis fichu partout et j’ai rien pour m’essuyer !
- Descendons à la crique ? J’avais pris ta serviette de bain pour qu’on ne te croie pas noyée… Tu pourras te tremper dans la mer et t’essuyer après ! lui ai-je dit.

Son maillot toujours à la main, je l’ai aidée de l’autre (elle était pieds nus) sur le chemin, puis sur les galets ronds. Heureusement qu’il commençait à faire sombre : on n’aurait pu deviner de loin qu’elle était cul nu ! Elle s’est assise dans l’eau et d’un coup elle s’est remise à pleurer à gros sanglots qui lui secouaient les épaules… Je me suis avancé dans l’eau, disant :
- Arrête Léna… On a été trop loin… Mais c’est fini !

Elle a hoqueté :
- C’est une réaction nerveuse… Passe-moi ma serviette, s’il te plaît !
Ce que j’ai fait, puis, je lui ai tendu son maillot, qu’elle a remis enfin. Dans la barque elle ne pleurait plus. Je sentais ses yeux rivés sur moi…Elle a redit :
-Merci !…Sans toi, il m’aurait passé sa saloperie dans les fesses, ce cochon-là !
Sans réfléchir, j’ai répondu :
- ‘P…’ ! C’est de moi que j’ai eu peur… Je ne me serais pas contenté de ça, moi !
- Tu l’as déjà fait comme ça ?
Moi, faraud :
- Y a pas si longtemps : avec la bonne des voisins… Et c’est facile !

Comme elle ne disait plus rien, j’ai cru bon d’expliquer :
- Je savais que vous alliez trop loin avec vos conneries… Je l’avais dit à Charlie ! Avoue que vous n’y aviez pas été de main morte, avec eux ? Il se disait déshonoré, le Charly…
- Oui, mais c’était lors de rencontres concertées… Pas par traîtrise comme ça… Et ils vont raconter à tout le monde qu’ils ont vu mon ‘Q’, ces petits ‘cons’ !
- Pour çà, tu peux être tranquille, je les reverrai demain… Tu as vu qu’en parlant de la maison de correction je les ai calmés ? Tu sais, ne dis pas : merci ! J’ai surtout pensé à mes parents…
Elle m’a coupé :
- Et les miens ? Mon père ( juge d’instruction ! ) c’est sûr, il vous aurait fait sacquer… Et ma mère, avec sa peur du quand dira-t-on ? Tu as raison, c’est bien fini ces histoires !


Puis après réflexion :
- Mais maintenant, je vais avoir peur de descendre me baigner à cinq heures (17 h). J’étudie toute la journée pour repasser ma première partie de bac en octobre, c’est mon seul moment de liberté…
- Et Milou ? ( le chef de leur bande ), ai-je demandé.
- Son Père l’a mis en boîte à bachot ; il a loupé la 2ème partie du bac, lui !

Peu après, voix changée, amicale qui se voulait charmeuse :
- Le ‘Tarzan des Ondines’… Avec toi, je n’aurais pas peur. Tu ne veux pas venir te baigner avec moi, demain ?
- Jusqu’à maintenant tu ne savais pas que j’existais…
- Détrompe-toi ! Chaque fois qu’on passait et qu’on te voyait travailler dans ton jardin, les types faisaient des réflexions, mais les filles admiraient tes muscles… Et à la plage aussi, quand tu partais nager au large… Tu es un sacré sportif, toi, pourtant tu n’as que ‘15’ ans comme Milou ?
Je n’ai pas répondu sur l’âge ( j’en avais 13 !) Mais ‘Vanitas, Vanitatis’… Flatté, j’ai dit :
- D’accord pour demain !

Nous étions arrivés, je l’ai aidée à descendre et elle m’a dit :
- Galant et prévenant avec çà ? Tu gagnes à être connu, Tarzan…
J’étais en face d’elle et sans que je puisse prévoir son geste, elle a pris ma tête à deux mains et m’a embrassé à pleine bouche, violemment, presque à m’étouffer…
Elle m’a libéré aussi soudainement, s’est retournée, a ramassé sa serviette et elle est partie à grands pas, disant avec des éclats de rire :
- C’est aussi efficace qu’une serviette mouillée ? Tu avais trop serré, tu sais ? J’ai failli étouffer !
Je n’avais pas bougé, sidéré, sans voix… Du haut des petits escaliers, elle m’a crié :
- A demain… S’il te plaît ?
Je n’ai pas eu le temps de répondre : elle avait déjà disparu !

La suite, je l’ai intitulée : « Léna comblée… »

Jan G. :

La moralité ça se forge au fil des jours et des surprises de la vie...
Mar 17 Jan 2006, 17:38 par jan goure sur Les liaisons sulfureuses

Sapin d’après Noël

Je marche sous la pluie au milieu des rues vides,
Où seuls quelques sapins me regardent passer.
Vies simples et végétales arrachées à leur sol
Pour être travesties de lumières éphémères.

Mon cœur est tout comme eux, délaissé et prostré,
Séchant tout doucement, déposé contre un .
Il brillait autrefois de sourire et de charme,
Mais les fêtes passées, ses lumières éteintes,
Il a peur, il a froid, sans sève et plein de larmes.
Dim 08 Jan 2006, 21:01 par l'homme de sable sur Mille choses

Lettres du désert (2)

Le désert, 2ème jour.
Mon ami,
Je te parle de Marseille, mais je ferais une lacune si je ne te rappelais que le berceau de mes ancêtres c’est l’Italie. Par ton père, tu es comme moi. J’ai onze ans. Mon premier train de nuit. Long. Nous sommes parties, Angèle et moi, en plein cœur de la nuit que nous avons traversée. Nous sommes arrivées à la fin du jour, lasses, fourbues, poussiéreuses malgré la première classe. Les paysages se sont succédés. Je me délectais des nouveautés, des surprises, de tous ces ailleurs entr’aperçus, jusqu’à cette gare de Turin, la lumineuse. C’est toi, encore toi, qui me rappelleras que le saint Suaire y est conservé. T’en souviens-tu ? Combien de fois viens-tu sans le savoir me faire des clins d’œil, me tenant par la main pour me conduire à mon Dieu d’amour pour me conduire de toi à Lui et de Lui à toi. Toi que je ne reverrais peut-être pas sur cette terre, hélas, puisque nous n’en avons pas le droit aux yeux des hommes... Comment ferais-je pour poursuivre la route sans nos éclats de rire, notre envie folle et irrépressible de nous jeter dans les bras l’un de l’autre, notre soif de tendresse ? Mais revenons à mon lointain voyage. C’est hier. C’est aujourd’hui. A la descente du train, nous sommes accueillies par l’énergique et chaleureuse Gabriella. Trajet en deux chevaux jusqu’à Carpignano, champs de maïs et rizières. Rizières et maïs. Manteau de brume qui surplombe les rizières sans jamais les toucher, rêve d’ailleurs. Que de blancheur et de douceur en suspension. Chez les cousins : repas pantagruéliques et interminables, rires, jovialité, convivialité, chaleur humaine, le tout agrémenté de chasses aux pigeons improvisées dans le grand jardin intérieur du corps de ferme, de la découverte des poules et de leurs ruses pour couver, des lapins, des dindons et du chien. Découverte aussi des enfants d’Italie et de cette langue dont je suis restée amoureuse. La langue du pays de mon père, mon oubliée, toi que je n’ai pas étudiée et qui me reste collée au cœur, langue des ancêtres. « Sono franchese, me quiamo Anna », voilà tout ce que je savais dire. Aujourd’hui ? Comme toi peut-être, quelques phrases timides, alors que mon cœur chante souvent : « je suis ritale et je le reste". Un peu par bravade. Beaucoup par amour. Je suis l’une et l’autre mêlées. Jamais parfaitement l’une, jamais tout à fait l’autre, un peu des deux, toujours une. C’est ce qui me rend l’autre toujours proche, il ne peut y avoir pour moi d’étranger, l’étranger c’est mon frère, de même celui que l’on bafoue. Etrangère aux Etats-Unis, au Canada, en Italie, en Espagne, en Angleterre, et parfois aussi, en France. Chez la Graziella, j’ai savouré l’après-midi, le temps béni de la sieste derrière les stores vénitiens, tout en haut du grand corps de ferme. Mon esprit romanesque vagabondait. Je me souviens de mes lectures de morceaux choisis et rêveries dans la pénombre italienne. A 11 ans, je rêvais déjà d’amour. Me revient en mémoire la vie de ce saint si pur qu’il accrocha son vêtement au rayon du soleil sous les yeux hébétés d’un moqueur : le Seigneur veille sur les coeurs purs, ils peuvent grâce à Lui, déplacer les montagnes ! ! ! Comme tu le sais, Il se rit des railleurs, et protège les faibles et les petits. Mais, laisse-moi encore te parler d’Angèle, si aimée de ma famille italienne. Angèle toujours les bras chargés de cadeaux et le coeur grand ouvert. Elle recevait avec autant de grâce les marques d’amour qu’on manifestait à son égard. Angèle, c’est elle qui m’a tout appris de la beauté des langues du monde et du respect qu’on leur doit. Sans elle, les idiomes, langues et dialectes auraient-ils tenu tant de place dans ma vie ? ! Et tant de place tous mes frères ? En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, mes oreilles se sont ouvertes aux sonorités langoureuses de la dolce vita : oui, une vie bien douce où l’on baigne dans un amour fervent, passionné, insondable, joyeux et rieur jusque dans les larmes. Si mes lèvres se sont refermées, mes oreilles comme mon cœur, expérimentèrent bien des Kms plus tard qu’il est des blessures profondes qui ne se referment jamais. Désormais, j’étais sensible aux langues, à la musique, aux humains, à l’amour, à la beauté, à la liberté, à Dieu, à la vie à vie. T’ai-je parlé des visites au cimetière avec les adolescents de mon âge, du nettoyage et de la décoration de la chapelle, des messes dominicales où il était question encore et encore des « homini » - et non « oies mini » comme, dans mon innocence, je le croyais ! -, de l’invitation chez la fille du maire, de la dégustation de lait crémeux dans une ferme, des marchés, des restaurants, de la découverte de l’Isola Bella et de ses jardins exotiques, de ses tableaux fascinants aux oiseaux dont les yeux suivent votre déplacement, ..., vraiment, t’ai-je déjà conté tout cela ? Je fus apprivoisée par la beauté à l’italienne.
Pour faire connaissance avec l’Italie de mon père, je dus attendre d’avoir 16 ans. Je retins la montagne, les châtaigniers, la voix rugueuse de mania Marioucha (intrépide et généreuse tante "petite Marie", Mariette), occitane de tradition, de culture, de langue : « Es tout dret, fa fret ». Mon Italie des « cuadre », ces hommes et femmes de caractère, qui, s’ils parlent haut et fort, ne manquent pas de cœur et savent agir autant qu’ils parlent. Rudes travailleurs, durs envers eux, n’hésitant à pas à appeler un chat par son nom. De ce bout de montagne, de la vallée d’or, je veux te faire sentir le vent glacé qui nous grise et nous conduit sur le Taillaret par le bras, nous étourdit et nous pousse dans le dos jusqu’à ce que nous ne luttions plus et nous laissions conduire grisés jusqu’à la cime. Là, en haut du mont pelé par les caresses rudes du vent se trouve la Croix. Ferme les yeux, respire. Tu es à mes côtés. La croix n’a rien de triste, c’est l’amour qui se donne. Viens te désaltérer à la source vive de l’Amour, mon amour. Ferme les yeux, ne pense à rien, contente-toi d’être. Sens le souffle qui pénètre ton corps d’une vie nouvelle, d’une ardeur décuplée. L’ivresse. Laisse ce rire frais de l’enfance sortir de l’enclos de ta bouche. Abandonne-toi à l’Amour dans l’innocence du monde. Souris. Laisse s’envoler ce manteau de tristesse qui t’étreint et te serre le cœur. Le souffle divin me plonge dans l’infinité, je décolle sans quitter terre. Ce souffle qui nous unit aux cieux et à la terre. Seigneur, nous sommes bien avec Toi, si nous dressions des tentes ? Mais non, il nous faut redescendre, quitter le mont Carmel pour porter la vie aux hommes, leur annoncer la bonne nouvelle : on est libre, on est fait pour aimer, debout. Dieu est là, au milieu de nous, ne le cherchons plus en l’air, il est au cœur même de nos vie. Ephata. La vie, c’est Dieu qui la donne, elle diffuse en chaque fibre de mon être et l’illumine de l’intérieur. Joie de la création et paix des cieux. Amour infini qui recouvre de feu la cime des montagnes à l’envie. Vie. Liberté, souffle divin. Joie ! Joie ! Comme je vous aime !
A cette occasion, ou lors d’un autre séjour au Val doré, jeune maman, j’appris l’histoire des chemises noires. Lorsque l’incident eut lieu, mon père et sa sœur jumelle avaient 7 ans. La grand-mère maternelle de ma grand-mère paternelle était juive. Elle était tombée amoureuse d’un chrétien et l’avait épousé, ce qui n’avait pas dû se faire sans scandale de part et d’autre : mais, parfois, l’amour est plus fort que la loi. Lorsque la guerre eut lieu et que les juifs furent pourchassés, Barbara, la mère de mon père, hébergea un couple de médecins juifs : leur nationalité autant que leur identité restera un mystère. Cette jeune femme, privée de son charpentier d’époux mort en France cette même année des suites d’une chute, n’avait pas hésité à risquer sa vie pour sauver celle de ses frères humains. Prévenue de l’arrivée des chemises noires, elle avait - avec la complicité des gens du village ? - favorisé la fuite des réfugiés. Sans doute dénoncée, pour la convaincre de parler, les chemises noires avaient projeté de tuer ses deux plus jeunes enfants, debout, au pied d’un . Elle ne pouvait rien dire, ne sachant rien de l’endroit où les « hors la loi » auraient fui. Quoiqu’il en soit, le chef des chemises noires refusa de mener le projet à terme. Les enfants furent rendus à leur mère. En attendant, mon père a gardé cet épisode traumatisant en lui comme un poison violent. La parole tue ; il a appris à taire. Tout en lui est mystère et silence.
Dim 11 Déc 2005, 15:43 par dolce vita sur Histoires d'amour

Faites moi rêver

C’est ainsi que débuta réellement ma petite aventure. Les premiers jours, je parlais seul, palabrant sur mes sentiments envers l’atmosphère morose de notre société, tout en tentant de ponctuer mes monologues par quelques plaisanteries qui déridaient les visages (en fait je pense que mes propos étaient plus tournés vers l’ironie et le cynisme que vers le discours politique !) . J’étais heureux de voir que mes « interlocuteurs » étaient assez fidèles et que d’autres voyageurs même venaient faire le trajet dans notre wagon. Ils devaient certainement me considérer comme un phénomène, mais le principal était que chaque matin, j’avais le privilège de recevoir de nombreux sourires, accompagnés de ces « bonjour » qui manquaient tant. A la fin de la première semaine, quelques passagers se joignirent à moi dans la discussion, désireux de parler de leurs démêlés avec l’administration (l’un des sujets que j’avais abordé la veille, comparant une fois de plus les fonctionnaires d’aujourd’hui avec les ordinateurs de demain ou d’hier d’ailleurs…).
Au fur et à mesure des matinées, les débats s’animaient peu à peu et on pouvait alors commencer à cerner quelques principaux traits de caractère.
Mais je constatais peu à peu que les gens commençaient à se lasser de tous ces propos qui ressemblaient de plus en plus aux disputes politiques des repas de famille. En toute franchise, je les comprenais vraiment. Il fallait changer de terrain. Un jour, j’entendis parler deux « nouvelles » dames, persuadées d’avoir affaire à un coup de pub de la part de la S.N.C.F. Les détrompant vivement, je répétais sans me lasser les raisons de mes discussions, en m’attachant cette fois-ci au manque de romance des transports en commun :
« N’avez-vous jamais remarqué, chaque matin, cette sorte de tristesse qui s’empare de nous dès qu’on pénètre dans le train ? C’est comme si chacun oubliait toutes ces belles paroles qu’ils ont prononcées un jour, sur la morosité générale, sur la lente agonie de la communication entre nous tous. Ceci est dû, et c’est mon intime conviction, à la décrépitude du romantisme. Parce que le romantisme, c’est être à l’écoute, continuellement. A l’écoute de tout son environnement, incluant les êtres humains au même titre que la nature. Et c’est justement de ça dont nous manquons actuellement. On n’ose plus s’ouvrir aux autres, craignant le ridicule ou trop fier pour accepter sa solitude. Ce qu’il faudrait en fait, c’est qu’on se ressaisisse, nous tous, ensemble, les habitants du train, que l’on regagne du terrain sur la grisaille qui nous entoure. Qui n’a jamais écrit quelques lignes, au hasard de ses pensées ? Qui n’a jamais tenu l’espoir ne serait-ce qu’un seul instant, d’être le héros d’une fabuleuse histoire, se laissant emporter dans un monde de fées ?
Ce monde auquel on rêve, ce monde dans lequel chacun est ce qu’il veut être, tous ces mondes que l’on crée, détruit puis recrée, on les porte en soi. On a tous notre côté romantique ! Vous, moi, on ne peut s’empêcher de rêver ! Et nous tous, ici, dans ce train, imaginez le nombre de mondes qu’on pourrait créer tous les jours ! ».
C’était venu comme ça, sans prévenir et ces chères dames en parurent enchantées. En cet instant, j’avais tout à fait oublié que le romantisme était sempiternellement lié à la mort et aux amours impossibles, mais c’était comme ça : le ‘romantisme’, tel qu’il est perçu de nos jours, prit donc le pas sur la politique, recevant plus de succès que celle-ci. Les habitants du train ne désiraient en fait qu’une chose, l’évasion par le rêve et le lyrisme.
Bientôt, les plus enhardis apportèrent des recueils de poèmes, les lisant aux autres passagers, avant de discuter sur leurs choix, leurs sentiments, leurs idées. Ceci me permit de comprendre que l’on apprend beaucoup plus d’une personne en lui parlant de poésie qu’en l’écoutant discourir sur tel ou tel sujet d’actualité. Même ceux qui ne parlaient pas montraient leurs sentiments : un petit sourire quand il faut, un regard pétillant, ou simplement plus brillant que d’habitude parfois ; tant de petites choses qui vous renseignent sur les pensées d’une personne. Ensemble, nous démolissions le que chaque personne, au fil des années, avait construit autour de son monde, désireuse de cacher ses rêves aux étrangers.
Un matin, dans la logique de ce que j’avais instauré, je me décidais à apporter mes propres poèmes. Ceux que j’avais accumulés, un à un, depuis quelques années déjà. Lorsque mon tour arriva, je ne savais toujours pas par lequel j’allais commencer. Et puis je me lançais :

« Sombre comme son âme, elle s’approchait de lui ;
Sans l’ombre d’un remord, il lui offrit sa vie.

Depuis ce jour lointain, où il s’était épris
De cette tendre personne, qu’il avait tant chérie,
Jamais il n’avait pu la chasser dans l’oubli.
Elle occupait ses rêves, son cœur et son esprit,
Le hantait tous ces jours, jusque tard dans ses nuits.

Quand sur lui se posaient ses doux yeux de velours,
De son coeur jaillissaient les plus purs sentiments.
Enfouis au fond de lui comme l’était son amour,
Ils lui donnaient la vie, le tiraient en avant
Dans ce monde que pourtant il avait tant haï.

Mais silencieusement, il souffrait de la voir,
Ne pouvant la toucher, n’osant la décevoir,
Conservant ses caresses, ses baisers les plus doux,
Espérant bien qu’un jour, il lui avouerait tout.

Mais ce jour ne vint pas et la folie le prit,
L’amour se transformant en une lente agonie.
Et son dernier baiser fut pour cet ange noir :
Il lui donna sa vie, son cœur et ses espoirs. »

Je lus encore deux autres poèmes, puis me tins silencieux quelques instants. J’étais dans une sorte d’état second. Je ne sais pas comment vous transcrire le trouble dans lequel je demeurais mais si j’avais pu me regarder alors, je pense que j’aurais vu le petit garçon que j’avais été et que j’étais à nouveau. C’était comme si j’étais perdu dans la foule et que je n’osais pas demander aux gens s’ils avaient vu mes parents. Durant ces deux ou trois secondes, qui me parurent durer le temps d’une enfance, j’aurais aussi bien pu fondre en larmes ou rire à en mouiller mes chaussures tellement mes sentiments échappaient à tout contrôle. Mais au lieu de cela (et fort heureusement d’ailleurs) je remarquais le silence interrogateur des passagers. Après quelques instants, une jeune femme m’en fit comprendre la raison :
« No, dis moi si j’ai rêvé mais les trois poèmes que tu viens de nous lire se terminent par la mort ?
- Ben non, t’as pas rêvé. C’est plutôt glauque non ?
- Un peu qu’c’est glauque ! ».
Là, c’était Eric qui avait pris la parole.
« Mais c’est bizarre, t’as pas l’air d’un mec triste pourtant. Tous les jours t’es là, à nous raconter des trucs pour nous faire marrer et aujourd’hui tu nous sors que t’es un mec glauque ? Là j’te suis plus. »
Je restais un moment sans voix, n’ayant pas prévu l’effet que feraient ces poèmes. Après tout, les poèmes que j’avais entendus jusque là n’étaient pas toujours d’une gaîté à vous faire sauter la vessie ! J’avais même eu l’extrême privilège d’écouter une ode funèbre à deux poissons rouges (bon je vous l’accorde, l’exemple est mal choisi, redevenons sérieux...). Pour mes amis du train, j’étais en fait devenu un vrai clown et un clown ne doit jamais dévoiler ses conflits internes à son public. Un clown doit combattre ses pleurs par les rires de son public et faire couler ses larmes par leurs yeux pleins de joie.
Mais moi je n’étais qu’une sorte de clown par intérimaire et j’avais besoin de redevenir un passager parmi les autres, lisant ses poèmes pour crever tous mes maux, comme eux le faisaient ! Ils semblaient ne pas comprendre la situation :
« Attends Eric. Il y a trois semaines maintenant que je me suis levé pour vous parler. Au début c’est vrai, je devais faire un peu le clown, même carrément d’ailleurs. Il fallait commencer par ça, sinon, vous n’auriez jamais osé prendre la parole. Mais maintenant regarde autour de toi, tout le monde se parle, tout le monde se dit bonjour le matin. Moi, je suis redevenu comme vous, je ne veux plus être le meneur de la conversation. On la fait tous ensemble maintenant. Et sinon, pour ce qui est de mes poèmes, ben, ... l’avantage avec un clown, c’est qu’il peut toujours cacher sa tristesse derrière son maquillage. Et finalement je ne dois pas échapper à la règle.
- Et nous, on te racontait tous nos petits malheurs, ... Alors que les tiens te font penser à... Enfin, ils sont tristes, quoi !
- Mais qu’est ce qui te fait penser à la mort comme ça ?
Les rôles commençaient à s’inverser, comme je leur avais dit, mais beaucoup plus que je ne le pensais alors. Pour les faire parler, je les avais poussés à dévoiler quelques uns de leurs petits malheurs, comme disait Sylvie. Ce n’était donc que justice s’ils m’interrogeaient sur les miens.
« Si je vous dis seulement que je suis amoureux, ce sera un peu trop banal pour expliquer la mort. Alors comme il ne reste pas beaucoup de temps avant l’arrivée à la fac, je ne vous dis rien aujourd’hui, mais je vous promets que demain vous aurez droit à une jolie petite histoire... »
Ven 02 Déc 2005, 15:46 par l'homme de sable sur Un monde parfait

C'est fini

C’est cet endroit qu’elle apprécie. C’est un tout petit lac bordé de grands pins sylvestres, quelque part, tout près d’une petite ville des montagnes. Y’a deux petites îles qui se dessinent au loin, comme des fantômes surgissant de la brume flottant à la surface de l’eau chaque matin. Et puis il y a un vieux ponton de bois mal en point. Autrefois, quelques pécheurs y accostaient leur barque. Car c’est un endroit un peu oublié. On dit que son eau y est très polluée. Et puis c’est l’automne aussi, il fait frais.
Elle, elle a mal dormi. Très tôt, aux aurores, lassée d’être plongée dans ses pensées les yeux fixés sur les irrégularités du plafond, après un profond soupir elle s’est assise sur le bord de son lit. Puis elle s’est courbée, elle a plongé son visage dans ses mains, elle a pris une grande inspiration et puis elle s’est levée. Elle a marché jusqu’à la fenêtre, elle a ouvert juste un peu le rideau et elle a regardé dehors. Une pluie fine baignait l’atmosphère de la rue. Une vieille dame promenait son vieux chien, abritée sous son parapluie, un grand manteau juste posé sur une vieille robe de chambre aux couleurs passées.
Elle, d’un geste lent elle a ôté le tee-shirt qu’elle avait mis pour dormir, puis elle l’a abandonné sur le sol. Elle a trouvé un pull léger, l’a enfilé, un autre beaucoup plus chaud, a fait de même, puis elle s’est dégotée une vielle paire de chaussettes qui traînait dans un coin. Ça l’a laissé songeuse. Ça évoquait ces retrouvailles où l’on se jette sur l’autre, où on se déshabille sauvagement, où on squatte la chambre des jours entiers sans mettre le nez dehors. Sur une chaise près d’un , elle a récupéré son jean, elle a glissé ses jambes dedans lentement, elle a bouclé sa ceinture les yeux dans le vide. Puis elle a quitté la chambre, elle s’est dirigée vers le bout du couloir, elle s’est assise à même le sol de dalles froides, elle a enfilé ses chaussures, les a lassées nonchalamment, elle a pris son grand manteau d’hiver accroché près de la porte puis elle est sortie.
La pluie fine, c’était une caresse, une caresse un peu fraîche sur son visage, un peu triste aussi, mais une caresse tout de même, tendre, rassurante. La petite ville comme le soleil semblait tarder à pénétrer la journée, comme si, tous, ils étaient fatigués chaque jour de recommencer.
Enfoncée dans son manteau, elle marchait lentement. Elle allait par une petite rue qui s’écartait plus loin des habitations, quittait définitivement cette petite ville, se faisait sinueuse, bordait une forêt de pins puis un petit lac, gravissait quelques altitudes légères, traversait de petits villages, retrouvait une nationale et puis c’était Annecy. C’était une petite route agréable.
Aujourd’hui, ce jour-là, elle la suivait comme un automate, absorbée par ses pensées, par ses doutes, mais elle savait où elle allait. Elle marchait au beau milieu du chemin. C’était pas grave. Personne d’autres n’y passait, il était encore très tôt, même si enfin le jour se levait.
Les mains dans ses poches, elle serrait son manteau contre son corps. Elle avait un peu froid. Et puis elle jouait de ses doigts avec un briquet. C’était pas le sien ce briquet. C’était un de ses restes de vie commune. Ça évoquait encore une image qui disait tout, qui résumait tout, mais c’était pas assez… pas assez… elle ne savait trop quoi !
Et puis il y eut les premiers virages, il y eut le vieux terrain de camping aujourd’hui fermé, deux immeubles en travaux jamais terminés, une petite montée, la petite forêt de pins, le petit croisement qui donne un autre chemin qui mène à la piscine plus loin, mais borde d’abord le petit lac pollué.

Ce petit lac, ce petit étang, c’est cet endroit un peu oublié que tout le monde semble bouder. Ça l’a laissé songeuse, ça lui a laissé un goût amer. Elle y voyait encore sa tendre enfance passée sur ses bords, tous les enfants qui s’y baignaient, les mères qui papotaient en les surveillant et puis les pères qui y pêchaient. C’est un endroit un peu oublié. Tous les jeunes sont partis, plus aucun vacancier ne vient non plus. Ça fait parti des souvenirs. C’est comme tout : ça se perd dans le passé, ça jaunit des photos.
Pourtant, c’était son coin préféré.
Alors elle a quitté l’autre chemin pour fouler l’herbe humide et atteindre l’eau plus bas. Un instant, elle s’est arrêtée, elle a regardé ses pieds. Le daim de ses chaussures avait pris une teinte foncé mais c’était pas grave. Elle aurait juste les pieds un peu mouillés.
Et puis elle est arrivée au ponton. En son centre, debout, elle y a retrouvé ses pensées.
Certains matins d’été ou de plein hiver, y’a de jolis levés de soleils avec du ciel et des nuages oranges et rouges derrière et au dessus de la petite montagne en face, de l’autre côté du lac, de l’autre côté de la nationale qu’on aperçoit au loin.
Elle se rappelle ce soir d’été. Elle était étendue là, avec lui, ce genre de romances qu’on oublie jamais. C’était il y a quelques années. C’était en plein été. Allongés à même les vieilles planches, ils regardaient la Grande Ourse que traversaient parfois quelques étoiles filantes à en faire des voeux d’éternité. C’était la mi-août, la période où il y en a beaucoup. Ils avaient passé la nuit à les compter. Et puis c’était la nuit où chaque année c’est la fête au bord du lac, à Annecy. C’est toujours une nuit particulière parce qu’on voit des lueurs se dessiner au haut de la montagne en face. C’est le grand feu d’artifice là-bas, sur le lac. Même à 18 kilomètres ça se laisse deviner.
Et puis il l’avait embrassée. Il avait fait de cette nuit le début d’un rêve où elle n’aurait jamais voulu se réveiller. Et ils avaient passé cette nuit ainsi, à s’embrasser, à se révéler. Et puis il y avait eu ce levé de soleil avec du ciel et des nuages oranges et rouges derrière et au dessus de la petite montagne en face. Elle avait jamais songé avant à le regarder. Ça faisait partie de son univers, de cet univers qu’on est même plus capable d’apprécier.
Parce qu’elle pensait cela, debout sur le ponton, à essayer d’apercevoir la crête de cette petite montagne que la brume lui cachait. Et puis il y avait cette petite pluie, puis le froid.
Elle a frissonné. C’était même pas le froid qui la gênait. C’était de revenir là après toutes ces années. C’était d’être dans cet endroit et de ne plus rien y découvrir du passé, de ne plus rien pouvoir en goûter. C’était cette vie-là, ce ridicule écoulement du temps qui écrase la vie à jamais, la flétrit puis l’abandonne. Ouais ! C’était ça. Elle y pouvait rien. Personne n’y pouvait rien.
Et de cela à en vouloir trouver des raisons, expliquer, choisir les mots qui conviennent, les bons, puis parler, achever, abattre d’un grand coup de hache le petit arbre qu’on a fait pousser, écraser, piétiner. Elle aurait dit que c’était comme ça, qu’elle pouvait rien y faire. C’était ridicule. Ses yeux s’embrumaient, sa gorge se nouait, c’était ridicule. Elle pleurait. Elle pleurait parce que c’était ridicule. Parce que résumer tout cela à quelques mots, quelques lettres… Parce que c’était comme ça, parce que c’était tout cela, tout et juste cela. Parce que c’était sa vie, parce que c’était leur vie, parce qu’ils auraient voulu qu’elle soit particulière, mais parce que c’est comme dans un film, que tu remplaces les acteurs par des autres, tu les remplaces par deux autres que tu prends au hasard, un autre couple, et puis c’est pareil. Parce que c’est comme ça pour tout le monde, parce qu’il ne faudrait même pas commencer. Ouais ! C’était ça ! Il ne fallait même pas commencer. Et puis il n’y avait rien à faire, rien d’intéressant à vivre. Parce que ça servait à rien, parce que ça ne menait à rien, parce que ça se terminait de toute façon et qu’on allait cacher ça deux mètres sous terre, des photos jaunies enfermées dans une boite, une boite enfermée dans un placard, dans une armoire, avec une paire ou deux de draps posés dessus. Et puis parce que ces draps sont pareils, qu’ils accueillent l’un avec l’autre avec une uniformité dont ils se moquent éperdument, quel que soit l’autre, passé, présent, avenir… Parce qu’ils en vieillissent aussi, qu’on n’ose même pas les jeter, qu’on les conserve, peut-être juste par nostalgie, qu’on les enferme dans un placard, dans une armoire, parce qu’on s’en sert ensuite pour cacher, masquer, enfouir le passé, enfouir le passé sous le passé lui-même, tuer l’amour, l’étouffer de lui-même, par lui-même, par ce qui en conserve les traces les plus ardentes, les souvenirs les plus intenses, les marques les plus chaudes, les plus cruelles. C’était ça le briquet, même si c’était une mauvaise image : plus de gaz, plus rien à en faire d’autre que de le garder dans un coin, dans une boite, comme une photo jaunie, et puis le balancer un jour, ou le balancer tout court.
C’était ça même cet endroit. C’était un reste inutile. Un jour, on le comblerait, on y construirait quelque chose ou on laisserait l’eau croupir, pourrir, et plus personne n’y viendrait. Et puis plus personne n’y vient, plus personne n’en à rien à faire, on le laisse là parce qu’il est là mais on s’en fout. Il est fini. Ils sont finis eux aussi, tous ces instants, tous ces moments délicats et beau qui se ternissent à force d’être là, d’être comme cette eau que rien ne vient troubler, qui croupie, qui pourrie, qu’il faut oublier.
C’était cela. Elle ne l’aimait plus. Elle y pouvait rien. C’était venu comme ça, parce que ça vient toujours comme ça, à cause du temps, à cause des habitudes. C’était ridicule, mais elle y pouvait rien.
C’était fini.
Alors elle sortit le briquet de sa poche, le regarda un instant en le faisant tourner délicatement entre ses doigts, puis elle le jeta au loin, à l’eau. Ça fit des cercles concentriques qui perdirent d’intensité à force de grandir, puis il n’y en eut plus. Alors elle tourna le dos au lac et elle rentra.
Mer 05 Oct 2005, 03:22 par B-Lolo sur L'amour en vrac

Ma voisine

URL d’origine :http://www.angesetelfes.dyndns.org/Textes/ma_voisine.php

Ma voisine, c’est la petite brune qu’habite la porte en face, à côté de l’escalier. Ma voisine, c’est un rayon de soleil qui vient prendre le café tous les matins des week-ends et aussi les jours fériés. Elle dit qu’elle trouve cela agréable chez moi, elle dit qu’elle aime s’enfoncer dans le canapé et s’imaginer les yeux fermés qu’elle habite au cœur de la forêt. Ça lui fait cet effet-là mon petit jardin d’intérieur que je passe mon temps à arroser.
Ma voisine, je l’ai rencontrée un jour en fin de matinée, en allant faire mes courses au marché d’à côté. Je venais d’emménager. Enervée, elle montait l’escalier les bras chargés des quelques trois ans qu’elle avait passé avec un être qu’elle se refuse à nommer désormais. Ça y allait de deux sacs de fringues et d’un carton débordant de bibelots et d’objets féminins qui viennent toujours encombrer les salles de bains quand Elles décident d’envahir nos quotidiens avec des airs d’espérer un jour définitivement s’y installer.
- J’peux vous aider ?
Elle n’était qu’à la moitié des marches quand je l’ai interpellée. Elle avait vraiment l’air d’en baver.
- Poussez-vous ! elle a dit méchamment, la voix pleine de rancoeur, en fonçant droit devant et en m’envoyant m’écraser contre le pour la laisser passer.
L’escalier est très étroit faut préciser, du genre vieil escalier de vieille maison bourgeoise dans un style purement parisien qu’on ne rénove jamais. Evidemment, à nous deux et avec son barda qu’elle s’obstinait à vouloir porter seule, ça pouvait pas coller.
- Mais poussez-vous, merde ! elle s’est énervée.
Je l’ai trouvée ravissante avec ses traits tirés, mais c’était pas trop le moment de la complimenter. Bloquée, elle a voulu tirer un de ses sacs brusquement quand j’ai essayé de dégager. Je me suis pris le pied dedans sans faire exprès. Rouge marteau, elle a pivoté et le carton débordant est tombé. J’ai tendu un bras, un deuxième, mais avec un seul appui sur le plancher des vaches je pouvais pas lutter. Je suis parti en arrière, le carton attrapé à la volée mais la rampe ratée. Je me suis écrasé dix marches plus bas entre les produits de beauté, trois ou quatre babioles, une brosse et une brochure de pubs sur des canapés. Elle adore les canapés. Elle dit souvent que si elle pouvait, elle les collectionnerait. Elle a posé ses sacs, a dévalé les escaliers, a ramassé son bordel, m’a traité de crétin et puis elle est remontée.
J’ai halluciné.

Ma voisine, c’est le samedi suivant qu’elle est venue s’excuser. Elle a sonné à ma porte les bras encore chargés, tout sourire, une verseuse de café dans une main et dans l’autre des croissants tout un paquet. Elle m’a réveillé. La grâce matinée, le week-end, pour moi, c’est sacré. Et puis j’ai jamais trop pris l’habitude d’ouvrir les yeux dès le soleil levé.
Ma voisine, c’est elle qui a halluciné quand elle m’a découvert emplâtré du bras les yeux écarquillés.
- C’est moi ? elle a demandé.
J’ai haussé les épaules et je l’ai invitée à entrer.

Ma voisine, elle aime bien venir chez moi, elle a sa place sur mon canapé. Elle est comme un oiseau, comme ceux qui chantent sur le CD « ambiance forêt » qu’elle m’a achetée. Elle dit que ça me va bien, elle dit que j’aurais dû être garde forestier.
Ma voisine et moi, on a discuté des heures entières quand elle est venue s’excuser. Elle parlait, elle parlait… et puis elle allait nous refaire un café et puis elle revenait. Elle me racontait sa vie comme si elle avait besoin de se confier. Elle était un peu ailleurs, elle parlait les yeux fermés.
Ma voisine, elle ne veut plus d’amour, elle dit qu’elle en a trop bavé. Elle voudrait juste un ami et puis vivre un peu à ses côtés, avoir un peu de temps à lui consacrer et puis se sentir juste un peu aimée. Elle dit qu’après tout, c’est l’essentiel, et qu’on n’est pas forcément toujours obligé d’aller chercher ce que de toute façon on est plus capable de donner. Elle dit que ça disparaîtra l’amour, elle dit que c’est à cause de la société. Alors elle croit que ça suffit largement l’amitié, et que ça peu combler le reste du vide que l’amour peut apporter. Elle ne croit plus pouvoir trop aimer. Elle dit peut-être vrai.
Ma voisine, elle est un peu étrange, elle a comme ça des idées sur la vie qu’elle veut toujours me faire partager. Alors je l’écoute, je l’écoute des heures entières, et c’est tout un plaisir dont je ne saurais me rassasier, surtout quand dans sa voix elle met de la gaieté. On y passe tous nos matins de week-ends et aussi les jours fériés, moi à l’écouter, elle à nous raconter. On en a fait un rituel que l’on entame au café et que l’on termine à déjeuner. Je lui fais des petits plats qu’elle me dit forts apprécier.

Ma voisine, elle a de longs cheveux ondulés et bruns qu’elle laisse reposer sur ses épaules légèrement halées. Elle a un regard profond, des yeux noirs fantastiques dans lesquels je n’ose jamais trop me plonger. Je suis souvent trop intimidé.
Ma voisine, elle a cette légèreté des abeilles qu’elle affine comme des ailes dans de jolies petites robes d’été pleines de fleurs que vient souligner le soleil qui la caresse quand elle s’installe dans mon canapé. C’est parce que j’ai une grande baie vitrée. Elle dit qu’elle adore quand le soleil vient la caresser. Elle dit que ça vaut bien toute la tendresse dont on pourrait la combler.

Ma voisine, elle est venue un soir chez moi très attristée. Dans mon lit, moi j’attendais le sommeil en regardant la télé. C’était une émission débile que je n’oserais citer, mais c’est une salle habitude que j’ai de ne pouvoir m’en passer. Alors je lui ai fait une petite place et nous avons discuté. Elle en avait après tous les mecs qu’elle disait qu’il ne pense toujours qu’à draguer pour baiser. Ça venait de lui arriver. Elle avait rencontré un beau jeune homme qui l’avait invité à dîner. Puis il l’avait raccompagnée, avait voulu entrer et avait commencé à l’embobiner. Mais c’était pas ça qui l’avait dérangée. A la rigueur, elle savait comment ç’aurait pu se terminer. Elle avait vu et elle savait comment il aurait pu la désirer. Non, ce qui l’avait gêné c’est qu’elle en avait eu aussi envie et qu’elle se le refusait.
Ma voisine, elle a dit qu’elle ne comprenait plus, elle a dit qu’elle ne voulait plus y penser mais que ça finissait trop par l’obséder. Et puis elle a dit qu’elle en avait mare de se caresser, comme ça, tout à coup, sans oser me regarder.
Ma voisine, elle m’a demandé comment moi je faisais. Elle a voulu savoir comment je vivais seul, comment je pouvais faire pour ne pas désirer quelqu’un à aimer. J’ai dit que j’avais été comme elle, qu’un jour j’en avais trop bavé, et que la solitude, on finit toujours par s’y habituer.
Ma voisine, elle a voulu alors savoir si je pouvais réellement m’en passer. Elle parlait du sexe évidemment, et moi, je faisais comme si de rien n’était. Je paraissais ne pas comprendre et ça la gênait un peu de préciser. Faut dire que ça m’amusait de la voir embarrassée.
Ma voisine, elle a finit par demander carrément si je me branlais. Elle en était rouge pivoine et ça m’a fait rigoler. J’ai dit que ça m’arrivait quelquefois, que quand on se réveille le matin et qu’on a le membre dressé on peut pas trop résister. J’ai dit aussi que pour peu qu’on a quelqu’un dans nos pensées on peut pas trop lutter, mais j’ai pas précisé de qui il s’agissait.
Ma voisine, ça l’a un peu rassurée. Elle s’est excusée de m’avoir importuné comme ça un soir et elle est rentrée chez elle se coucher. Moi, tout cela m’a fait rêver.

Ma voisine, elle est venue comme d’habitude pour le café le samedi suivant, installée confortablement dans le canapé, habillée joliment d’une ravissante petite robe d’été. Moi, en caleçon et tee-shirt, je sortais tout frai de la douche et quand elle m’a vu j’ai fait encore comme si de rien était. Elle avait les clés de chez moi, j’ai oublié de préciser. J’avais fini par les lui donner, pour qu’elle fasse chez moi comme si elle y habitait. Alors elle y venait quand elle le voulait. Parfois même, elle arrivait quand j’étais pas encore prêt. J’ai pas été m’habiller et je suis venu m’asseoir à ses côtés.
Ma voisine, après une première gorgée de café, encore d’un coup elle m’a demandé si je venais de me masturber. J’ai voulu savoir ce que ça pouvait bien lui faire, mais j’ai finalement déclaré que je ne l’avais pas fait. Quand elle m’a demandé pourquoi, j’ai dit que ça dépendait de l’heure à laquelle je me réveillais, qu’en général le week-end je dormais moins (parce que c’était elle qui me réveillait) et que de ce coup-là j’ouvrais les yeux avant l’heure de bander.
Ma voisine, elle a eu une idée curieuse, elle m’a demandé si ça me dérangerait pas si on se caressait. Parce que j’étais au moins un minimum intéressé, j’ai pas voulu lui paraître choqué. J’ai dit que si ça lui plaisait, on pourrait faire ce qu’elle voudrait. Elle a ajouté qu’avec moi ce serait moins compliqué et que, puisqu’on était ami, elle aurait pas vraiment à s’attacher. Ma voisine, elle a levé d’une main légère sa petite robe et entre ses jambes ma main elle y a posée. Puis d’un soupir elle a pris mon sexe entre ses doigts, a baissé la tête et elle a commencé à me sucer.

Depuis, quand elle débarque chez moi tous les matins des week-ends et aussi les jours fériés, ma voisine et moi on n’arrête pas de baiser.
Moi, ce qui me dérange dans tout ça, c’est qu’elle veut pas se laisser sodomiser.
Lun 26 Sep 2005, 23:01 par B-Lolo sur Histoires d'amour

Suave folie

Princesse pardonnez ma folie
De vous savoir empreinte de tant de beauté
Mon cœur tremble, s’émeut
Désire à votre bouche cueillir les émaux.

La nature dont la sève me donne vie
Me parut bien terne en ce jour
Derrière votre visage auréolé du zéphyr
Me donnant main en gage d’amour.

Le désir a délaissé l’azur
Pour le brun de vos yeux
Couché le blé
Pour l’ébène de vos cheveux.

J’ai vu pâlir d’envie la rose du jardin
Le tendre cyclamen baisser la tête
Quand vous passâtes près des belles sur le chemin
Jeune nymphe accrochée à ma fête.

Ne soyez sage en ma présence
J’accepte de vous Enfer et Paradis
Pour un baiser voguant sur votre essence
Jour et nuit je suivrai votre sillage sans bruit.
Mar 23 Août 2005, 12:12 par Kurodo sur La première fois

Au bord du canal

La nuit a été longue
et maintenant par les rues sourdes
rien ne vient éclairer
les belles heures languissantes
je peux à peine distinguer
les vieilles choses éteintes du passé
les blessures de ce coeur
se voulant impassible
et ces jeux de miroirs dont je trouvais
les formes dans une crevasse au
la vie rugissante d’écume
au souffle bouillonnant du printemps
la mort si rouge
enrubannée de blanc...

ce que je dois faire aujourd’hui
tient en quelques frissons de phrases :
marcher près du canal et laisser aller
mon regard au hasard
de la lisière de l’eau à la surface
l’un dans l’autre et inversement
brouillard et volupté cruelle
ce voile vaporeux où crèvent les regrets

je vois un peu ces lieux
comme des ombres errantes
lassées de tout et venues mourir
dans leur solitude si précieuse
portées par le convoi du matin
à travers les vallons
je sens bien que mon coeur est mort
il ne sent plus ce signe avant-coureur
de la sérénité
bercée par une douceur lente
que faisons-nous de ce qui meurt en nous
ces extases qui ne franchissent
jamais la rive et ces heures
dont les échos nous parviennent
à travers les orages ?

je rase aussi parfois l’autre rive
embrumée et ceinte d’un panache
qui voit la fumée de la brume
se mêler aux cyprès et aux champs
aux nefs tout en haut des érables
courbés dans le vent et la poussière
et marchant des heures et des heures
toujours seul et volontaire
fuyant les grappes humaines
et l’agitation vaine des soirs de liesse
je parcours toutes ces éternités
accrochées à mes basques
dix mille années d’humanité
sans un seul jour majestueux et calme
ou soulevant la poussière
inscrites dans ces rides
qu’ont creusées patiemment les siècles
dans leur obstination
je suis celui dont le désir unique
est de se découvrir

et toi n’as-tu rien vu
dans les eaux grises du canal ?
Mar 01 Mars 2005, 09:57 par avedekian sur Un monde parfait

Le barbare

Dehors, les femmes hurlaient et les enfants pleuraient. Le village était en proie aux flammes et au pillage. Les barbares avaient frappé peu avant l’aube, à ce moment particulier où le sommeil est si fort qu’il forme comme une coquille étanche. Les chiens avaient aboyé, mais c’était trop tard. La horde était là.

La jeune Lucigen, terrorisée, était recroquevillée derrière sa tenture d’où elle n’osait plus sortir. Les mains sur son visage, elle étouffait ses sanglots entre deux silences dans lesquels elle scrutait la nuit et ses bruits terrifiants.

C’est ainsi qu’il la trouva. Arrachant la tenture avec la facilité que lui autorisait sa musculature de guerrier, il resta un instant interdit à la vue de Lucigen. La tenture tomba par terre, en même temps que les yeux de Lucigen se baissèrent devant le regard de cet homme. Il fit demi tour et resta un instant dans l’embrasure de la porte. Il parlait à un autre homme. Puis il revint à l’intérieur et ferma la porte derrière lui.

Il marcha vers elle en retirant son heaume. Elle se releva, fière et digne comme ceux et celles de sa race, les yeux plein de détermination, de mépris et de provocation. Tandis qu’il se rapprochait d’elle, il dégrafa la ceinture qui lui permettait de porter son épée et la jeta derrière lui. Si son regard était braqué sur la jeune femme, il n’en portait pas les signes de la violence. Ce barbare avait la grâce du félin dans sa démarche, la puissance du buffle dans son corps et … des lèvres incroyablement fraîches.

Les petits doigts de Lucigen s’étaient plaqués contre les pectoraux puissants de l’homme des plaines tandis que leur bouches se fouillaient avec la fougue d’un jeune chien. Elle sentait ses lourdes mains sur sa taille, elle sentait aussi son sexe dressé contre son ventre, elle sentait la tête lui tourner, elle ne sentait plus rien que l’odeur de la peau et la peur de l’instant. L’ivresse prit possession d’elle quand d’un geste sans effort il la souleva et l’empala avec passion sur son sexe fort de désir. Les jambes de Lucigen crochetèrent le dos de son amant et ses mollets rencontrèrent la fermeté des fesses musclées. Où qu’elle posa ses mains, ce n’était que puissance et volume. Même dans son ventre, elle sentait la puissance de l’étreinte du barbare. Elle cria une première fois, puis une seconde, ne contrôlant plus le flot d’orgasme qu’elle sentait monter. L’homme la manipulait comme un pantin, la maintenant par la taille et la faisant évoluer le long de son viril instrument. Il était empli de fougue sensuelle, essayant d’être délicat avec cette jeune femme, mais empoté par le manque de précision d’une musculature faite pour la guerre, pas pour l’étreinte. Il la souleva avec encore tant d’aisance qu’elle se retrouva son ventre contre son visage. D’en haut, elle le regarda, d’en bas, il la contemplait. Lentement il la redescendit contre lui, leurs bouches se marièrent à nouveau, comme un autre début à de nouvelles étreintes.

Lorsque des heures après le soldat qui était resté en faction osa pénétrer dans la pièce malgré les ordres de son supérieur, il ne trouva qu’un fichu et un heaume posé sur la table. Le au fond de la masure était défoncé, le trou béant témoignant que cet obstacle fut facilement brisé. Et c’est ainsi que la plus grande histoire d’amour de cette époque trouble naquit.

Le barbare devint roi, sa femme devint reine, la guerre cessa.
Ven 27 Août 2004, 13:55 par PetitPrince sur Les liaisons sulfureuses

En toutes lettres

Recentrons le débat, recommencons nos ébats
Enlève le haut, arrache le bas
Abats ton jeu, restons beats
Entamons le sabbat, laisse-moi baba.

Dans nos détresses, nos déserts
Je deviens ta déesse quand tes bras m’enserrent
Quand tes mots me caressent
Quand nos corps se redressent.

Si mes bras se baissent
Si ton brasier m’apaise
Eteins mes braises
Il faut que l’on baise!

Amour morte contre amour mûr
Passion passée pour saison osée
Chaleur alléchée, cruelle heure recherchée
Rencontre concoctée, ne pas renoncer

Si tes lèvres, tu me réserves
Si mes rêves, tu élèves
Dans mes vers je verse
Un peu de ma verve lésée
Jeu 05 Août 2004, 14:22 par la marquise de sade sur Les liaisons sulfureuses

Le vieux de la cabane

Le vieux de la cabane, tout le monde le connaît au pays. Le teint buriné par le soleil qu’il côtoie chaque jour occupé dans son potager, les cheveux blanchis par le temps que nul ne saurait compter, le corps sec et rempli de ce qu’il y a de plus juste dans la vie, et ses yeux. Des yeux purs, marron, reflétant toute la bonté du monde sous une robe de malice.

On rêve tous d’un vieux comme celui-ci, comme un grand-père qui nous aurait jugé et pris d’amitié. Celui qu’on viendrait voir lorsque les choses ne vont plus, un peu comme le mecano de notre âme. Ce vieux-là, il serait comme Dieu, tant on comprendrait que ce qu’il dit est juste, vrai. Ce vieux-là, il s’appelle Camille.

Et un matin, alors que le ciel annonçait une journée flamboyante dans la belle région de Banyuls, Camille rencontra la belle Fanny. Fanny, elle débarqua au bout du chemin qui menait à la bicoque de Camille, il était à peine 7 heures.

A cette heure où les citadins ont encore la tête soit dans leur oreiller, soit dans le fondement de leur personne ou d’une autre, nos deux compères étaient il faut l’avouer, debout depuis deux heures. L’avenir appartient à ceux qui se lèvent.

-Bonjour, lança joyeusement Fanny.
-Bonjour mademoiselle, répondit Camille. Puis il enchaîna avec un sourire taquin, « z’étés levé si tôt pour venir me voir » ?
Fanny ne se laissa pas démonter et surenchérit par un
« Ca dépend si votre café le fait ou pas ! »
Camille rit de bon cœur, et marcha vers cette étrange effrontée. Il lui prit son lourd sac à dos et l’invita à le suivre dans la maison encore fraîche.

-Je crois bien que si vos pas vous ont conduit jusque ici, c’est que votre coeur est bien plus lourd que votre sac, je me trompe ? émit Camille alors qu’il posait le sac de la jeune fille contre le de l’entrée. Il se retourna vers la jeune fille muette, l’observant, ou plutôt la scrutant dans le fond de l’âme. Elle ne répondit pas, ou alors quelques mots de femme maladroits.

Le vieux Camille lui servit du café.
Dim 01 Août 2004, 22:16 par PetitPrince sur Histoires d'amour

Non...

Comment avait-elle fait ça. Alors qu’elle rêvait d’îles paradisiaques, alors qu’elle n’aspirait qu’à la tendresse, alors qu’elle n’était que douceur, elle avait joué ce rôle de pute, cette salope sans nom, et elle avait aimé. Oh oui, elle avait aimé. Elle avait joui comme jamais. Ses mains en tremblaient encore. Son coeur battait à tout rompre. Un sourire était figé sur ses lèvres. Son esprit était à mille lieux. Le goût de son sperme lui restait sur la langue. Il avait déjà remonté son pantalon, lui disait quelques banalités qu’elle ne comprenait pas, ça le faisait rire. Comment avait-elle pu dire oui! Elle ne l’avait pas dit d’ailleurs. Elle avait dit non. Non. Il n’avait pas entendu, ou n’avait pas obéi du moins. Il lui avait baissé sa jupe, arraché son slip, plaquée contre le et l’avait prise de force. Du moins au début.

Il était arrivé depuis peu dans l’agence. Sûr de lui, pas très grand, brun, les cheveux un peu longs, une mèche qui semblait se rebeller constamment et glisser devant ses yeux. Ses yeux foncés. Presque noirs. Pas presque... ils étaient noirs quand il la regardait avaler son sexe, le regard du démon. Il avait séduit toutes les femmes les unes après les autres dans la boite. Angèle, la première qui était sortie de son bureau, les joues empourprées en reboutonnant son chemisier. Puis Corine qu’il avait invité à déjeuner... le déjeuner avait duré 3h, elle était revenue au bureau avec un grand sourire, vantant ses mérites, combien il était beau. Ensuite, ce fut Morgane. Là, c’est elle qui l’a invité, un soir au ciné. Elle n’a pas pu nous raconter le film, ils ne sont jamais descendus de sa voiture. Sarah, Bénédicte, Valérie, même Mireille, la secrétaire du patron. Elle a 52 ans. Mariée, 3 enfants, une femme exemplaire. Elle aussi, il l’a rabaissée au rang de pute. Et puis elle aujourd’hui. Elle qui le haissait déjà le premier jour où elle l’a vu.

Il a frappé à sa porte, il est entré avec un nouveau projet qu’ils devaient étudier ensemble. Bien sur qu’elle a refusé de le faire ce week-end chez lui pour être plus tranquille. Elle n’est pas stupide! Elle ne voulait pas travailler avec lui, mais si elle s’y mettait de suite, ça limiterait le temps à passer en sa compagnie. Il fallait se dépêcher, régler ça de façon méthodique, claire, propre et vite. Ils travaillèrent jusqu’à 21h sans s’arrêter. Même pas une pause pour le diner. Ils avaient bien avancé. Deux ou trois jours comme cela, et tout serait bouclé, elle n’aurait plus à partager son bureau avec lui. Elle le détestait, mais elle devait avouer qu’il était compétent. Très. Même plus qu’elle. Il sentait la suffisance, il se savait le meilleur et se donnait le droit de mettre tout le monde à ses pieds.
Quand il referma bruyamment le dossier et lui dit "A toi maintenant, un autre dossier brulant à conclure rapidement ", elle prit peur. Il s’avança vers elle. Elle tenait la carafe d’eau dans une main, un verre à moitié plein dans l’autre. Il passa ses mains autour de sa taille en souriant, son exécrable air de vainqueur sur le visage. Elle lui jeta son verre à la figure. Il la gifla instantanément. Elle l’a sentie celle-là! Il lui prit soigneusement le verre et la carafe des mains. Elle aurait pu s’enfuir, crier, mais non, elle ne bougea pas. Paralysée.

Il lui ota son pull, et palpa ses seins. Les soupesant, les jaugeant. Comme si déjà ils étaient à lui. " Non, arrêtez." Il n’arrêta pas bien sur, avait-il seulement entendu. Il posa ses lèvres sur sa peau. Elles étaient chaudes, moelleuses. Il lui mordit les tétons à travers la dentelle de son soutien-gorge. Fort. Elle sentit la douleur jusque dans son ventre. Ses mains prirent sa tête, pour l’enlever, mais il les saisit et les écarta. Il la colla contre le , la retourna, emprisonnant ses mains dans son dos. Elle entendait son souffle sur son oreille, sa langue qui en léchait le lobe, son torse contre son dos nu, son sexe en érection contre ses fesses. "Non, ne faites pas ça..." Il lacha ses mains, fit descendre sa jupe le long de ses jambes. Sa main glissa sur son dos, puis sur ses fesses. De nouveau, il tata, jugeant la marchandise, comme à la foire agricole. Il lui fit écarter les cuisses, passa sa main entre, frola son sexe.
Elle ne savait que faire. Hurler? Se débattre? Se réjouir? Etait-elle encore là, ou n’était-ce que son enveloppe corporelle? Ses doigts à présent la fouillaient. Sa langue passait sur ses fesses, il s’en délectait. Elle aurait voulu retenir ce soupir, ne pas lui montrer qu’elle y prenait un certain plaisir. Il se redressa, et là où ses doigts s’étaient frayés un chemin, il y glissa son sexe. Lentement. Il avait au moins cette délicatesse. Du moins elle le croyait. Il ne tarda pas à se montrer plus violent. Ses coups de reins la déchiraient. Poussait-elle des cris de douleurs? ... ou de plaisir. Ses doigts pétrissaient à tour de rôle ses hanches et puis ses seins. De larges marques rouges restaient imprimées sur sa peau blanche. Elles se transformeraient sans doute en hématomes dans quelques heures. Son sexe lui pilait le bas du ventre. Il lui faisait mal, elle ne le désirait pas, elle le haïssait même, et pourtant il allait la faire jouir. Elle se détestait de pousser ainsi des râles de plaisir, s’accordant aux siens. Il la sentait prête à s’effondrer, prête à tout lui concéder, prête à se donner entièrement à lui. Il se retira, la retourna et la fit mettre à genoux. Il lui présenta son sexe qu’elle engloutit avidement. Elle l’aspirait, le léchait, le suçait comme si on lui avait présenté une fontaine de jouvence. Elle en voulait l’élixir et l’aurait. Et elle l’eut.

Comment avait-elle pu ? Il venait de sortir du bureau sans un mot. Le visage satisfait. Son air vainqueur qu’elle lui avait vu tant de fois. Elle se rhabilla, prit son sac à main, éteignit toutes les lampes et sortit à son tour. Demain il faudrait recommencer, encore... oui...

Encore...
Ven 30 Juil 2004, 02:02 par la marquise de sade sur Les liaisons sulfureuses

De dures convalescence en repas froid...

Graver sur un bout d’arbre… Les prières de votre havre…
Ecrit à la commissure de vos lèvres… Des paroles sorties de rêves…
Reflétant les histoires de nature… Les arbres se dressent lui faisant

Une seconde encore, elle aurait raccroché… Une minute de plus, elle se serait mise à pleurer… Fallait-il qu’il l’appelle ce jour-là, fallait-il qu’elle soit celle qui le poussa à faire le pas…

Calmement énervée, énervement calmé… Elle l’écoutait, le consolait, le rassurait, sans secret, l’aimait. Elle du lui avouer, au détour d’un jour trop heureux, elle n’eu pu lui cacher plus des paroles qui les aurait transformer en « deux ».

Les licornes, pleine de magie, les fées, sous leurs guenilles, les lutins, par des tours de magie, les elfes, les ondins, musique et strapontins, lyriques pantins…

Elle s’allonge pour respirer, bien trop à l’étroit, elle se déshabilla… De cette main qui l’avait parcouru elle retrace la courbe de ses seins… Encore, provocante, elle se pose face au miroir. Plus fort, suivant la tangente, elle continue. En deux, partage la poire de ces gestes.

Sa jambe, elle remonte,
Quand de sa main, elle perd toute honte…

Son pied, dans le lit, elle plante,
Pour rappeler les esprits qui la hante…

La tête plongée dans les livres,
Les muscles tendus,
Le regard ivre,
La peau tremblante du pendu…

Elle se relève, attrape le téléphone, le regarde, jouant avec l’antenne du bout des doigts…

Le jette sur le , un cri de hyène déchire le jour, un hurlement démoniaque fini de lui prendre les tripes…

Un mois qu’elle n’avait de nouvelles… Quelques semaines pour faire naître sa haine… Certains jours, elle attendait réponse… Parfois une seconde, il réapparaissait, la tenaillait…

Ils avaient parcouru les quais à la poursuite d’un livre, s’enfoncèrent sous les portes cochères, laissaient glisser leur pied sous des tables de cafés, se jugeaient habillé, s’imaginant nu batifolant…

Elle l’aimait, il le savait… Il lui manquait, elle s’en doutait…
Elle, mais, lui… Attendra sur les quais…
Il, tait, elle… Patientera à son grès…

Une seconde, il leur fallu… Une minute, après, elle se mit en tête de l’appeler… Fallait-il qu’il se connecte cette fois ci, fallait-il qu’elle soit celle qui du se faire consoler pour une idiotie…

Qu’importe… Elle s’accrochera…

Féminine Icare, elle ne se brûlera les ailes… Méchamment Ariane, elle lui coupera le fil…

Elle devrait attendre, elle serait lui prendre… Qu’il ne lui fasse son petit air… Qu’elle ne prenne pas son air de princesse…

La vengeance est un plat qui se déguste froid… L’amour une blessure qu’elle ne s’infligera pas…
Jeu 08 Juil 2004, 20:10 par Rose sur Amour internet

Moment d'infinité

Appuyé contre un , légèrement en retrait dans l’ombre d’une porte, je vous ai vu marcher dans votre jupe étroite cet après midi. Vos hanches se balançaient de gauche à droite donnant à votre démarche le rythme d’une danse. J’ai vu courir mes mains le long de vos jambes interminables affinées par de fines chaussures noires à hauts talons. J’ai senti dans le vent les effluves suaves de votre parfum, mélange de votre odeur, d’épices, de sucre et de fleurs. Un instant j’ai vu ma bouche parcourir votre cou, découvrir votre douce épaule pour mourir tendrement sous votre oreille. Puis j’ai vu vos seins bouger nonchalamment sous votre chemisier, j’ai aperçu leur rondeur rassurante et deviné leur douceur. J’ai vu mes doigts glisser entre ces monts, les contourner tous en les effleurant, pour finalement les saisir à pleine paume. J’ai croisé vos yeux, profonds, à la fois fiers et mystérieux, à la fois oui à la fois non. J’ai vu ma bouche pincer vos lèvres et ma langue chercher la votre. J’ai désiré vos reins, j’aurai aimé m’y reposer, j’aurais aimé vous caresser, glisser mes mains fermes et douces sous votre jupe étroite et faire briller vos lèvres comme vous avez fait briller mon coeur. Madame je vous ai vu marcher dans votre jupe étroite cet après midi, je vous ai désiré, je crois qu’un instant je vous ai aimé.
Mar 18 Mai 2004, 16:09 par MiAngeMiDemon sur La séduction

car rapace (pour Yves)

Carapace de glace
Tu erres tel le rapace
Carapace dans le coeur
A la recherche constante du bonheur
Carapace dans les yeux
Tu quêtes le mieux ?
Carapace invincible
Et tellement invisible.
Tu empiles les boucliers
Toujours ce besoin de te protéger.
Carapace cristalline irisée
Ta coquille est fragilisée
Par cette hésitation :
Briser ce du son…,
Exploser au soleil ses rayons
Monter en puissance cette passion
Déchiffrer les étoiles, capter leurs pulsions
Dans le ciel jouer à saute-moutons.
Tu ne dois pas hésiter
Arrête de te tourmenter
Laisse ton esprit reposer
Et ta tête tu vas relever.
Essuie sur ton front
Ce manque, ce doute,
Nettoie leurs gouttes.
Le même point tu dois garder
Cet horizon va changer.
Arrête de te retourner
Tu ne dois pas t’inquiéter.
Tout se met en place autour de toi
Regarde, tu es le Roi.
Que de soleils éclairés font une ronde,
Ils t encerclent en formidable farandole farfelue,
De leur lumière ils t’inondent,
Te souhaitant à l’infini, bienvenue.
Prends cette main tendue
Accepte, fais un pas vers l’inconnu…
Essaie, tu ne seras pas déçu !
Prends dans ta main
Entends ce refrain…
Captivante mélodie
Que celle de la vie.
Amour achevé
Amour enchaîné….
Mais sors de cette geôle,
Avant que la mort ne te frôle.
Mort de l’esprit
Torturé et meurtri…
Délicate et violente mélancolie
Qui cloisonne ton « autre lui » .
Sain de corps te voici
Tu oses relever le défi,
Tu es là, nimbé de lumière
Tu remontes le cours de ta rivière…
Ven 14 Mai 2004, 01:35 par à mon étoile sur L'amour en vrac
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Ecrire sur mur

Ecrire sur mur Léna punie..., Sapin d’après Noël, Lettres du désert (2), Faites moi rêver, C'est fini, Ma voisine, Suave folie, Au bord du canal, Le barbare, En toutes lettres, Le vieux de la cabane, Non..., De dures convalescence en repas froid..., Moment d'infinité, car rapace (pour Yves),
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Il n'y a qu'une sorte d'amour, mais il y en a mille différentes copies.

La Rochefoucauld.

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