Un site d'écriture sur l'amour: séduction, tendresse, et façon de le dire, la délicatesse de l'expression mêlée à la violence des pulsions - Ecrire sur invisible
Notre première fois
Je voudrais qu’après notre première fois,
tu te sentes apaisé,
et que tu ne sois plus fatigué mais satisfait.
Tout à l’heure tu étais trop beau comme un coeur charmant et craquant.
Pourquoi notre timidité est-elle si violente?
En régie, c’est pas de la scène, c’est du vécu.
Et toi je te vis.
Je voulais que tu restes plus longtemps encore, je ne voulais plus que tu partes, je ne voulais pas que tu partes.
Je voulais tout te dire et en même temps ne plus parler pour te coller et t’avoir dans la peau autant que je t’ai dans le coeur.
Je voulais me baisser ramasser avec toi ce que tu fais tomber.
Comme je tombe d’amour pour toi.
Je suis en train de devenir folle d’amour de toi,
comment te dire je t’aime, mes yeux t’aiment, tu donnes des frissons à mon corps, je te ressens, tu rentres en moi et tu n’en sors plus.
Je te sens et je te veux heureux, près de moi, je veux rayer de notre dictionnaire le mot "fin".
Ta sensibilité, ton intérieur, enfin tout ce que tu dégages, ces valeurs qui ne s’achètent pas.
Tu es beau, de plus en plus, à chaque fois que mon regard se pose sur toi.
Je voudrais être tous les soirs avec toi.
Tous les jours comme le soleil est toujours là même invisible.
Le soleil n’existe pas que lorsqu’on le voit, et pour moi tu existeras toujours.
Tu es là, sur cette feuille, sur mes lèvres, partout où je vais je te prends avec moi dans mon esprit.
DANS MON COEUR
tu te sentes apaisé,
et que tu ne sois plus fatigué mais satisfait.
Tout à l’heure tu étais trop beau comme un coeur charmant et craquant.
Pourquoi notre timidité est-elle si violente?
En régie, c’est pas de la scène, c’est du vécu.
Et toi je te vis.
Je voulais que tu restes plus longtemps encore, je ne voulais plus que tu partes, je ne voulais pas que tu partes.
Je voulais tout te dire et en même temps ne plus parler pour te coller et t’avoir dans la peau autant que je t’ai dans le coeur.
Je voulais me baisser ramasser avec toi ce que tu fais tomber.
Comme je tombe d’amour pour toi.
Je suis en train de devenir folle d’amour de toi,
comment te dire je t’aime, mes yeux t’aiment, tu donnes des frissons à mon corps, je te ressens, tu rentres en moi et tu n’en sors plus.
Je te sens et je te veux heureux, près de moi, je veux rayer de notre dictionnaire le mot "fin".
Ta sensibilité, ton intérieur, enfin tout ce que tu dégages, ces valeurs qui ne s’achètent pas.
Tu es beau, de plus en plus, à chaque fois que mon regard se pose sur toi.
Je voudrais être tous les soirs avec toi.
Tous les jours comme le soleil est toujours là même invisible.
Le soleil n’existe pas que lorsqu’on le voit, et pour moi tu existeras toujours.
Tu es là, sur cette feuille, sur mes lèvres, partout où je vais je te prends avec moi dans mon esprit.
DANS MON COEUR
Ven 18 Nov 2011, 03:00 par
inlove sur La première fois
Te voir revenir
Te voir revenir, des le printemps
Comme ces oiseaux migrateurs
j’y crois encore,
Et je l’espère toujours.
Mon cœur à toujours mal
Et ma cicatrice est toujours bien la enfouie à quelque part
Et je ne peux toujours pas l’expliquer;
Un besoin de revenir souvent te lire
Comme un fil invisible, que moi je n’aurai pas coupé.
Comme un cordon ombilical que je n’enlèverai pas.
Ce" deuil" que je ne fais pas.
Croire que je pourrais entendre de nouveau ta voix rassurante, et dont l’intonation était si chaude.
J’hésite, puis finalement c’est plus fort que tout, ce besoin de laisser ma trace.
Toi tu as su passer à autre chose,
Moi je vole , je vole, mais pour combien de temps.
Mon corps, est bien la certes, mais plus mon cœur
Le temps s’écoule trop vite,
j’ai soudain "vieilli".
Je suis devenue raisonnable juste un peu plus mélancolique.
Juste un peu plus fragile.
Tes silences me font mal,
Mais après tout , cela devait être comme cela
Tous cela ne pouvaient pas en être autrement...
caressedesyeux
Comme ces oiseaux migrateurs
j’y crois encore,
Et je l’espère toujours.
Mon cœur à toujours mal
Et ma cicatrice est toujours bien la enfouie à quelque part
Et je ne peux toujours pas l’expliquer;
Un besoin de revenir souvent te lire
Comme un fil invisible, que moi je n’aurai pas coupé.
Comme un cordon ombilical que je n’enlèverai pas.
Ce" deuil" que je ne fais pas.
Croire que je pourrais entendre de nouveau ta voix rassurante, et dont l’intonation était si chaude.
J’hésite, puis finalement c’est plus fort que tout, ce besoin de laisser ma trace.
Toi tu as su passer à autre chose,
Moi je vole , je vole, mais pour combien de temps.
Mon corps, est bien la certes, mais plus mon cœur
Le temps s’écoule trop vite,
j’ai soudain "vieilli".
Je suis devenue raisonnable juste un peu plus mélancolique.
Juste un peu plus fragile.
Tes silences me font mal,
Mais après tout , cela devait être comme cela
Tous cela ne pouvaient pas en être autrement...
caressedesyeux
Sam 15 Jan 2011, 19:07 par
caressedesyeux sur Mille choses
Liberté infinie de l'amour
Présence invisible qui comble nos manques
Vibration de notre coeur qui réchauffe l’être
Main qui dessine le contour de notre âme
Souffle qui emporte notre imaginaire
Au pays de la tendresse
Regard qui dépasse notre vision
Instant unique qui se répète mais jamais pareil
Coupdecoeur
Vibration de notre coeur qui réchauffe l’être
Main qui dessine le contour de notre âme
Souffle qui emporte notre imaginaire
Au pays de la tendresse
Regard qui dépasse notre vision
Instant unique qui se répète mais jamais pareil
Coupdecoeur
Lun 16 Nov 2009, 08:33 par
coupdecoeur sur L'amour en vrac
Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie)
Chapitre 4
Aéroport de Changi, Singapour – Au grand étonnement de Patrick, les formalités de contrôle des passeports furent très rapides et plutôt agréables. « Ca nous change de l’Europe », se dit-il. Cependant que lui et ses quatre élèves marchaient vers les tapis roulants pour récupérer leurs bagages, le petit Victor s’exclama :
- « Regardez ! Mon sac est déjà là !
- Le mien aussi ! », applaudit Ali.
« Efficace, avec ça ! », pensa Patrick, tout en regardant Victor courir partout, tel un furet. Tendrement, il se remémora sa première rencontre avec ce garçon âgé maintenant de 12 ans. Il y avait cinq ans. Déjà.
Ce jour là, Victor et ses parents pénétrèrent timidement dans l’établissement, juste avant que l’entraînement général ne débute. Patrick, déjà vêtu de son dobok, les accueillit. Il remarqua tout de suite le manque d’assurance des deux adultes qui se reflétait également chez le petit blondinet, agrippé à la main de sa mère, l’air déterminé à ne pas vouloir la lâcher, même en échange de tous les bonbons du monde ! Patrick s’évertua à les mettre à l’aise et chercha à comprendre quelles étaient les motivations des parents. Ceux-ci expliquèrent, hésitants, que leur petit garçon était d’une timidité maladive, qu’il n’osait jamais s’exprimer librement, que ce soit à la maison ou à l’école. De fait, il avait peu ou pas d’amis et il passait le plus clair de son temps, seul, lisant des tonnes de livres de son âge. Un ami leur avait conseillé de l’inscrire à un club d’arts martiaux, quel qu’il soit, afin de lui permettre de développer une certaine confiance en soi qui lui faisait manifestement défaut. Patrick avait déjà eu affaire à ce genre de cas. Il avait su, à force de patience et de psychologie, faire ressortir les points forts de ces enfants et leur démontrer qu’ils ne devaient pas craindre de les mettre en valeur. Ainsi, au cours des années, Victor s’était complètement transformé. Il était devenu un préadolescent sûr de lui et de ses possibilités, n’hésitant plus à exprimer ses émotions. Malgré son jeune âge, il adorait assister les entraîneurs des tout petits et prenait plaisir à l’instruction. Patrick lui avait donné cette responsabilité, sachant pertinemment que cela permettrait à Victor de continuer à s’épanouir. « C’est en enseignant qu’on apprend le mieux. » répétait-il à ses ceintures noires pour les convaincre d’aider les entraîneurs. Et, en effet, Victor avait beaucoup appris. Sur lui-même. La participation au tournoi de jeunes pratiquants comme Victot faisait aussi partie de la stratégie de Patrick. Il s’avéra que l’enfant était naturellement doté des qualités physiques requises par le taekwondo. Le travail technique qu’il avait accumulé au cours de ces années d’entraînement lui permettait de figurer parmi les meilleurs combattants de sa catégorie d’âge. Ses résultats en tournois, accompagnés des félicitations de son mentor ainsi que de l’admiration de ses camarades, n’avaient pas manqué de le convaincre qu’il pouvait réussir dans ce qu’il entreprenait. Mais, le plus étonnant pour Patrick était de constater l’évolution simultanée des parents de Victor. Ceux-ci étaient devenus plus affirmatifs, beaucoup moins timides dans leurs échanges avec lui, moins craintifs en apparence. « Et ils ne pratiquent aucun art martial, eux… Trois transformations pour le prix d’une ! Non seulement Victor a changé mais il a aussi, et sans le savoir, influencé ses propres parents… », s’amusa-t-il intérieurement.
Quant à Ali, le problème avait été tout autre. Ses parents, issus de la troisième génération d’immigrés, avaient réussi à percer ce mur invisible dressé par la société à cause de leurs origines. Ils étaient jeunes, formaient un beau couple et respiraient le bonheur. Lui était cadre dans une compagnie d’assurances et elle dispensait des cours d’informatique pour le compte d’un organisme de formation professionnelle. A la naissance d’Ali, un an après leur mariage, ils furent fous de joie et tous les membres de leurs grandes familles, de Paris à Oran, devinrent hystériques. « Un cadeau d’Allah ! » avait proclamé un oncle d’Oran, toujours volubile. Le grand père d’Ali n’avait pas hésité, déclenchant le courroux de son épouse, à déclarer à son rejeton : « Tu as toujours été ma plus grande fierté, mon enfant. Maintenant, avec la naissance de ton propre fils, je sais que jamais je ne pourrai être plus heureux. Alors, si Dieu veut que je meure maintenant, je suis d’accord ! »
Au fil des mois, puis des années, les géniteurs comblés s’aperçurent que quelque chose clochait chez Ali. Dans son comportement, très agité, souvent impulsif ; à l’école, où il avait énormément de mal à suivre. Ses parents s’en inquiétèrent très vite et consultèrent un généraliste. Celui-ci, après examen de l’enfant, pronostiqua un TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention Hyperactivité) et demanda aux parents de voir un spécialiste afin de confirmer la découverte et, surtout d’en définir le degré. Ce qu’ils firent. Et ils apprirent que leur enfant était, en effet, atteint du TDAH, à un degré élevé. Mais le spécialiste se montra rassurant car le problème avait été détecté assez tôt et il proposa un programme spécifique pour Ali, à base d’homéopathie (il était contre les médicaments, qu’il considérait trop invasifs pour un enfant de 6 ans) et d’approche psychosociale. « Mais le plus important pour Ali reste l’amour que vous lui portez et votre soutien sans faille. », avait prévenu le professeur. Justement, de l’amour, pour leur enfant, ils en avaient à revendre ; de même que toute leur famille ! Aussi, loin d’être abattus, soulagés, même, de pouvoir mettre un nom sur le problème, les parents d’Ali étaient plus que déterminés à aider leur fils. Lorsque la maîtresse d’Ali fut mise au courant du trouble de son élève, elle recommanda à sa mère de l’inscrire au club de taekwondo de Patrick Brun, leur assurant que cela pourrait grandement contribuer à l’amélioration de leur fils. Prudents, les parents demandèrent conseil au spécialiste qui ratifia cette suggestion : « Pratiquer un sport, qui plus est un art martial, est une excellente démarche dans le cas du petit Ali. En effet, pour lui, apprendre en étant assis derrière un pupitre est un vrai calvaire. S’il peut apprendre tout en déversant son trop plein d’énergie, il aura moins de difficultés à garder son attention. Un art martial offre, en plus, un cadre très structuré, basé sur des règles et des codes précis que personne ne peut enfreindre, y compris un enfant atteint de TDAH. Aussi, Ali apprendra plus facilement les conséquences de ses débordements éventuels et, inconsciemment, ajustera son comportement en fonction. »
C’est ainsi que Patrick reçut Ali au sein de son club et participa – non sans mal – aux progrès lents mais incontestables de l’enfant. Aujourd’hui, Ali avait 18 ans. Patrick le regardait récupérer son sac et aider Mathilde à en faire autant. Grand, musclé, souple : un corps de félin. Calme, souriant, confiant, patient, toujours à l’écoute : un grand frère à qui on veut confier toutes ses peines ; vers qui on se tourne pour partager ses joies ; quelqu’un dont on veut gagner l’amitié, à jamais. « Où es-tu passé, petit Ali de 6 ans ? », s’interrogea Patrick. « Tu nous as fait souffrir, mes entraîneurs et moi. Tu nous as tournés en bourriques tant de fois. Tu étais insaisissable. Tes camarades d’entraînement te détestaient car tu étais différent. Tu étais incapable de reproduire une poomse correctement… Et, petit à petit, tu as laissé la place à quelqu’un qui est finalement devenu ce jeune homme : un instructeur occasionnel adoré par ses étudiants. Un champion de taekwondo. Et, pour couronner le tout, un brillant étudiant qui finit sa deuxième année de médecine. Alors, c’est avec plaisir que je te dis : « Adieu, petit Ali de 6 ans… Et je suis content que tu aies laissé ta place à cet Ali de 18 ans, promis à un brillant avenir. Le joyau de sa famille, si aimante… » .
Aéroport de Changi, Singapour – Au grand étonnement de Patrick, les formalités de contrôle des passeports furent très rapides et plutôt agréables. « Ca nous change de l’Europe », se dit-il. Cependant que lui et ses quatre élèves marchaient vers les tapis roulants pour récupérer leurs bagages, le petit Victor s’exclama :
- « Regardez ! Mon sac est déjà là !
- Le mien aussi ! », applaudit Ali.
« Efficace, avec ça ! », pensa Patrick, tout en regardant Victor courir partout, tel un furet. Tendrement, il se remémora sa première rencontre avec ce garçon âgé maintenant de 12 ans. Il y avait cinq ans. Déjà.
Ce jour là, Victor et ses parents pénétrèrent timidement dans l’établissement, juste avant que l’entraînement général ne débute. Patrick, déjà vêtu de son dobok, les accueillit. Il remarqua tout de suite le manque d’assurance des deux adultes qui se reflétait également chez le petit blondinet, agrippé à la main de sa mère, l’air déterminé à ne pas vouloir la lâcher, même en échange de tous les bonbons du monde ! Patrick s’évertua à les mettre à l’aise et chercha à comprendre quelles étaient les motivations des parents. Ceux-ci expliquèrent, hésitants, que leur petit garçon était d’une timidité maladive, qu’il n’osait jamais s’exprimer librement, que ce soit à la maison ou à l’école. De fait, il avait peu ou pas d’amis et il passait le plus clair de son temps, seul, lisant des tonnes de livres de son âge. Un ami leur avait conseillé de l’inscrire à un club d’arts martiaux, quel qu’il soit, afin de lui permettre de développer une certaine confiance en soi qui lui faisait manifestement défaut. Patrick avait déjà eu affaire à ce genre de cas. Il avait su, à force de patience et de psychologie, faire ressortir les points forts de ces enfants et leur démontrer qu’ils ne devaient pas craindre de les mettre en valeur. Ainsi, au cours des années, Victor s’était complètement transformé. Il était devenu un préadolescent sûr de lui et de ses possibilités, n’hésitant plus à exprimer ses émotions. Malgré son jeune âge, il adorait assister les entraîneurs des tout petits et prenait plaisir à l’instruction. Patrick lui avait donné cette responsabilité, sachant pertinemment que cela permettrait à Victor de continuer à s’épanouir. « C’est en enseignant qu’on apprend le mieux. » répétait-il à ses ceintures noires pour les convaincre d’aider les entraîneurs. Et, en effet, Victor avait beaucoup appris. Sur lui-même. La participation au tournoi de jeunes pratiquants comme Victot faisait aussi partie de la stratégie de Patrick. Il s’avéra que l’enfant était naturellement doté des qualités physiques requises par le taekwondo. Le travail technique qu’il avait accumulé au cours de ces années d’entraînement lui permettait de figurer parmi les meilleurs combattants de sa catégorie d’âge. Ses résultats en tournois, accompagnés des félicitations de son mentor ainsi que de l’admiration de ses camarades, n’avaient pas manqué de le convaincre qu’il pouvait réussir dans ce qu’il entreprenait. Mais, le plus étonnant pour Patrick était de constater l’évolution simultanée des parents de Victor. Ceux-ci étaient devenus plus affirmatifs, beaucoup moins timides dans leurs échanges avec lui, moins craintifs en apparence. « Et ils ne pratiquent aucun art martial, eux… Trois transformations pour le prix d’une ! Non seulement Victor a changé mais il a aussi, et sans le savoir, influencé ses propres parents… », s’amusa-t-il intérieurement.
Quant à Ali, le problème avait été tout autre. Ses parents, issus de la troisième génération d’immigrés, avaient réussi à percer ce mur invisible dressé par la société à cause de leurs origines. Ils étaient jeunes, formaient un beau couple et respiraient le bonheur. Lui était cadre dans une compagnie d’assurances et elle dispensait des cours d’informatique pour le compte d’un organisme de formation professionnelle. A la naissance d’Ali, un an après leur mariage, ils furent fous de joie et tous les membres de leurs grandes familles, de Paris à Oran, devinrent hystériques. « Un cadeau d’Allah ! » avait proclamé un oncle d’Oran, toujours volubile. Le grand père d’Ali n’avait pas hésité, déclenchant le courroux de son épouse, à déclarer à son rejeton : « Tu as toujours été ma plus grande fierté, mon enfant. Maintenant, avec la naissance de ton propre fils, je sais que jamais je ne pourrai être plus heureux. Alors, si Dieu veut que je meure maintenant, je suis d’accord ! »
Au fil des mois, puis des années, les géniteurs comblés s’aperçurent que quelque chose clochait chez Ali. Dans son comportement, très agité, souvent impulsif ; à l’école, où il avait énormément de mal à suivre. Ses parents s’en inquiétèrent très vite et consultèrent un généraliste. Celui-ci, après examen de l’enfant, pronostiqua un TDAH (Trouble de Déficit de l’Attention Hyperactivité) et demanda aux parents de voir un spécialiste afin de confirmer la découverte et, surtout d’en définir le degré. Ce qu’ils firent. Et ils apprirent que leur enfant était, en effet, atteint du TDAH, à un degré élevé. Mais le spécialiste se montra rassurant car le problème avait été détecté assez tôt et il proposa un programme spécifique pour Ali, à base d’homéopathie (il était contre les médicaments, qu’il considérait trop invasifs pour un enfant de 6 ans) et d’approche psychosociale. « Mais le plus important pour Ali reste l’amour que vous lui portez et votre soutien sans faille. », avait prévenu le professeur. Justement, de l’amour, pour leur enfant, ils en avaient à revendre ; de même que toute leur famille ! Aussi, loin d’être abattus, soulagés, même, de pouvoir mettre un nom sur le problème, les parents d’Ali étaient plus que déterminés à aider leur fils. Lorsque la maîtresse d’Ali fut mise au courant du trouble de son élève, elle recommanda à sa mère de l’inscrire au club de taekwondo de Patrick Brun, leur assurant que cela pourrait grandement contribuer à l’amélioration de leur fils. Prudents, les parents demandèrent conseil au spécialiste qui ratifia cette suggestion : « Pratiquer un sport, qui plus est un art martial, est une excellente démarche dans le cas du petit Ali. En effet, pour lui, apprendre en étant assis derrière un pupitre est un vrai calvaire. S’il peut apprendre tout en déversant son trop plein d’énergie, il aura moins de difficultés à garder son attention. Un art martial offre, en plus, un cadre très structuré, basé sur des règles et des codes précis que personne ne peut enfreindre, y compris un enfant atteint de TDAH. Aussi, Ali apprendra plus facilement les conséquences de ses débordements éventuels et, inconsciemment, ajustera son comportement en fonction. »
C’est ainsi que Patrick reçut Ali au sein de son club et participa – non sans mal – aux progrès lents mais incontestables de l’enfant. Aujourd’hui, Ali avait 18 ans. Patrick le regardait récupérer son sac et aider Mathilde à en faire autant. Grand, musclé, souple : un corps de félin. Calme, souriant, confiant, patient, toujours à l’écoute : un grand frère à qui on veut confier toutes ses peines ; vers qui on se tourne pour partager ses joies ; quelqu’un dont on veut gagner l’amitié, à jamais. « Où es-tu passé, petit Ali de 6 ans ? », s’interrogea Patrick. « Tu nous as fait souffrir, mes entraîneurs et moi. Tu nous as tournés en bourriques tant de fois. Tu étais insaisissable. Tes camarades d’entraînement te détestaient car tu étais différent. Tu étais incapable de reproduire une poomse correctement… Et, petit à petit, tu as laissé la place à quelqu’un qui est finalement devenu ce jeune homme : un instructeur occasionnel adoré par ses étudiants. Un champion de taekwondo. Et, pour couronner le tout, un brillant étudiant qui finit sa deuxième année de médecine. Alors, c’est avec plaisir que je te dis : « Adieu, petit Ali de 6 ans… Et je suis content que tu aies laissé ta place à cet Ali de 18 ans, promis à un brillant avenir. Le joyau de sa famille, si aimante… » .
Jeu 12 Nov 2009, 12:07 par
Arthis sur Mille choses
Les alberts.
Prairies grasses, fleurs des prés, ruisseaux silencieux que l’on devine à l’humidité des herbes sauvages. Elles répandent leurs parfums acres lorsqu’on les froisse sous nos pieds maladroits et glacent nos mollets. Sur la gauche, un champ s’étire jusqu’au village bâti après le tournant de la route. De rares véhicules, timides, l’empruntent, honteux de troubler ainsi la paix des lieux, se sentant étrangers à un décor qu’ils ne feront que traverser, venant d’un point invisible pour disparaître vers un autre. Un homme fait voler en cercles réguliers un petit avion à moteur : trois paires d’yeux se portent vers le point rouge tantôt petit tantôt grandissant dont l’air apporte les grondements de tondeuse… L’homme n’a pas d’âge, trop loin pour être à même de distinguer quoique ce soit de lui, il joue sagement avec son engin téléguidé. Il s’applique. Il ne voit pas les conifères caressés par le vent derrière lui, il fait fuir les oiseaux effarouchés par le bruit qui tourbillonne au dessus de sa tête. Il ne voit pas la retenue d’eau ni les canards gracieux qui glissent à la surface : maman cane entourée de ses canetons se moque du point rouge qui volète. Il ne voit pas les yeux qui suivent du regard les acrobaties ni les jeunes bouches qui commentent. Doucement l’avion se pose comme à regret. Comme si l’homme avait conscience que son rêve d’enfant avait survécu au-delà de toute raison, refaisant encore et encore les gestes d’un apprentissage qui ne sera pas poussé plus avant. L’homme a pris sous son bras la grande aile rouge mais il ne parvient pas pourtant à prendre son envol. Il s’éloigne en rase motte pour disparaître tout à fait, fragile esquisse appartenant au passé. La terre ou les maisons l’ont englouti.
Découverte de la pinède, le sol est familier, tordu par les racines qui affleurent, une végétation pauvre, nous marchons jusqu’au point d’eau. Le ciel s’ouvre sur les montagnes alentour, le frissonnement de l’eau, des nuages de petits poissons viennent tenir compagnie à une baguette de pain qu’ils embrassent de toutes leurs petites bouches… J’ai l’impression d’une joie intense et en même temps une envie de pleurer trop longtemps contenue gonfle ma poitrine. Mêler mes larmes à la terre nourricière, reprendre mon souffle à la force de la nature qui ne ment pas, qui ne connaît ni la peur ni la haine en ces heures paresseuses, les prismes grimaçants de l’âme humaine. Une nature libre et belle au delà de toutes limites m’accueille, me reconnaît et en laquelle enfin, je me ressource. Douloureusement, je reprends vie, en silence.
La cane se tient au loin des nouveaux arrivants qui n’ont même pas un maillot de plumes à offrir aux regards… Des éclats de rire et voilà des pieds roses qui barbotent dans l’eau vaguement croupie, en quête d’aventures comme il sied à leur jeune âge. Mais, bientôt, la faim se fait sentir. Le soleil est haut dans le ciel. De nouveaux oiseaux déplumés, sautillant sur leurs longues jambes viennent s’ajouter aux premiers et tout en cancanant, couinant, pépiant, jouissent de ce déjeuner bucolique presqu’estival…
Animaux, végétaux, minéraux, tout reprend sa place dans un monde de merveilles, pareil à l’aube du premier jour...
Découverte de la pinède, le sol est familier, tordu par les racines qui affleurent, une végétation pauvre, nous marchons jusqu’au point d’eau. Le ciel s’ouvre sur les montagnes alentour, le frissonnement de l’eau, des nuages de petits poissons viennent tenir compagnie à une baguette de pain qu’ils embrassent de toutes leurs petites bouches… J’ai l’impression d’une joie intense et en même temps une envie de pleurer trop longtemps contenue gonfle ma poitrine. Mêler mes larmes à la terre nourricière, reprendre mon souffle à la force de la nature qui ne ment pas, qui ne connaît ni la peur ni la haine en ces heures paresseuses, les prismes grimaçants de l’âme humaine. Une nature libre et belle au delà de toutes limites m’accueille, me reconnaît et en laquelle enfin, je me ressource. Douloureusement, je reprends vie, en silence.
La cane se tient au loin des nouveaux arrivants qui n’ont même pas un maillot de plumes à offrir aux regards… Des éclats de rire et voilà des pieds roses qui barbotent dans l’eau vaguement croupie, en quête d’aventures comme il sied à leur jeune âge. Mais, bientôt, la faim se fait sentir. Le soleil est haut dans le ciel. De nouveaux oiseaux déplumés, sautillant sur leurs longues jambes viennent s’ajouter aux premiers et tout en cancanant, couinant, pépiant, jouissent de ce déjeuner bucolique presqu’estival…
Animaux, végétaux, minéraux, tout reprend sa place dans un monde de merveilles, pareil à l’aube du premier jour...
Dim 31 Mai 2009, 14:03 par
dolce vita sur Mille choses
Don't take it personal !
Une petite phrase qui décrit un état d’esprit pas aussi anodin qu’il n’y paraît au premier abord.
Cette mise en garde qui précède la prise de parole, "ne pas prendre la critique qui va suivre comme une atteinte à la personne" est d’une part la reconnaissance de l’autre et du respect qu’on lui doit et d’autre part, l’annonce de l’expression d’un point de vue divergent à propos d’un fait, une parole, une action, un écrit ; en clair, d’une production humaine et non de son auteur.
En français, bien souvent, on oublie de dissocier l’un de l’autre. Pourtant, si l’on peut juger d’un acte, il convient de mettre une distance avec la personne qui l’a produit (si tant est que l’on soit objectif, mais là est un autre sujet que je ne souhaite pas aborder ce soir !). Faire une sottise n’est pas la même chose que d’être sot. Combien de fois, entendons-nous (ou lisons-nous) : tu es trop ceci ou trop cela. Alors qu’en fait, le locuteur pourrait tout aussi bien dire : tes actions sont trop ceci et trop cela... d’après moi ! Ou pas assez ceci. N’avez-vous jamais entendu dire de quelqu’un - peut-être de vous, lecteur/trice :" quel "nul(le)" : or, que l’on m’explique, comment un être humain peut-il être "nul" autrement égal à "rien", "zéro" ?! C’est un sacré paradoxe qui ne choque pourtant pas ceux qui en font usage ! Mais qui blesse son destinataire d’autant plus profondément que le coup porté est invisible (je pense en particulier aux enfants, aux personnes vulnérables).
Ne pourrait-on passer d’un jugement catégorique sur un être à une appréciation relative sur une action ? La nuance est de taille. Non ?!
Cette mise en garde qui précède la prise de parole, "ne pas prendre la critique qui va suivre comme une atteinte à la personne" est d’une part la reconnaissance de l’autre et du respect qu’on lui doit et d’autre part, l’annonce de l’expression d’un point de vue divergent à propos d’un fait, une parole, une action, un écrit ; en clair, d’une production humaine et non de son auteur.
En français, bien souvent, on oublie de dissocier l’un de l’autre. Pourtant, si l’on peut juger d’un acte, il convient de mettre une distance avec la personne qui l’a produit (si tant est que l’on soit objectif, mais là est un autre sujet que je ne souhaite pas aborder ce soir !). Faire une sottise n’est pas la même chose que d’être sot. Combien de fois, entendons-nous (ou lisons-nous) : tu es trop ceci ou trop cela. Alors qu’en fait, le locuteur pourrait tout aussi bien dire : tes actions sont trop ceci et trop cela... d’après moi ! Ou pas assez ceci. N’avez-vous jamais entendu dire de quelqu’un - peut-être de vous, lecteur/trice :" quel "nul(le)" : or, que l’on m’explique, comment un être humain peut-il être "nul" autrement égal à "rien", "zéro" ?! C’est un sacré paradoxe qui ne choque pourtant pas ceux qui en font usage ! Mais qui blesse son destinataire d’autant plus profondément que le coup porté est invisible (je pense en particulier aux enfants, aux personnes vulnérables).
Ne pourrait-on passer d’un jugement catégorique sur un être à une appréciation relative sur une action ? La nuance est de taille. Non ?!
Mar 12 Mai 2009, 19:40 par
dolce vita sur Citations
Sur le palier
La lumière trop forte de ce ciel artificiel dénudait chaque mouvement, elle rendait le silence visible. Dans cette extrême clarté, immobile, toute tentative de naturel était figée. Ils se taisaient ensemble, mais avec la gêne d’une intimité inattendue. Presque adossé à la paroi, il se tenait droit. Sérieux, face à cette agréable surprise.
Il l’observait dans une proximité quasi indécente ; cette cage de fer lui offrait la liberté de ne pas être dérangé. Devant lui, de biais, elle ne pouvait voir ses yeux détailler son visage. Il était près d’elle. Elle se savait épiée, presque soumise à cette pulsion de voyeur. Ces taches de rousseur sur sa peau, déjà pâlie par ces néons, disparaissaient sous l’écume de son regard.
L’allure de son corps, comme une ligne de conduite, donnait à suivre la quiétude d’une femme sereine dans sa féminité, ni trop maquillée, ni trop apprêtée, mais juste fardée d’un regard hautain, rieur - et à la fois prêt à sourire - pour repousser les hommes trop peu farouches et attirer des prétendants aux ailes déjà brûlées face à sa désinvolture. Sa liberté, qu’elle croyait s’octroyer nonchalamment, perdait parfois de son naturel dans des gestes empreints des images de la mode : dans ce glissement, dans cette fausseté qui résonnait en elle au point de l’agacer, un peu de sa faiblesse se dénudait involontairement. Seule restait l’obscurité de son charme, indomptable malgré ces années à s’apprivoiser. Inlassablement, il lui manquait l’expérience de la spontanéité, la légèreté d’un sentier inconnu.
Une pince aux crocs desserrés emprisonnaient mollement ses longs cheveux raides, tous retenus au bord de sa nuque. A la faveur d’un soubresaut de la machine, telle une dune de sable soufflée par un vent fripon, ses épis d’or s’échappèrent pour s’allonger, s’étirèrent avec le silence impertinent d’une culotte en soie glissant sur la peau. Un immense champ blond vibra d’un ondoiement gracieux, libérant cette attente contenue. Avec la timidité d’une pluie fine, à l’orée de l’été, ses joues s’empourprèrent et laissèrent filer sa retenue. Il adossa alors ses épaules, le temps fit une boucle et ses yeux captèrent pour toujours le sensuel mouvement de cette féminité.
Un sourire à demi mots chuchota la rougeur de ce geste involontaire. Dans cet élan, il contempla une vague rouge monter jusqu’au plissement de ses pattes-d’oies, pareil à quelques collines rieuses bordant deux océans bleu clair. Sans qu’elle ne bouge sa tête, ne se tourne pour surprendre leur intimité, ses yeux virevoltèrent vers lui et caressèrent l’effronterie de l’attraper. Le bord était tout proche, un souffle chaud, une seule respiration trop rapide et il était perdu : l’essence de cet érotisme se serait évaporée sous l’intensité de son regard audacieux.
L’ascenseur ralentit. Il les immobilisa dans l’attente d’une échappée : celle-ci s’ouvrit dans un léger crissement mécanique, comme la porte rouillée d’un grenier. Le noir apparut, seul l’interrupteur sur le mur brillait. Avec ses bras chargés de victuailles, elle sortit et disparut un instant dans ce passage obscur. Il la suivit et avant qu’elle-même n’illumine leurs pas : il éteignit ce reflet. Puis, ils marchèrent un peu précipitamment jusqu’au fond du couloir, car ils savaient tous deux que la seule minuterie lumineuse était près de l’ascenseur. Leurs visages maintenant éclairés ne purent se croiser, seules leurs voix, l’une après l’autre, échangèrent des politesses qui tombèrent de leurs bouches et s’immobilisèrent à leurs pieds avec la lourdeur de cailloux inutiles.
Leurs portes d’appartement étaient proches, éloignées seulement de quelques mètres par un mur tapissé d’un gris de roches caverneuses. Devant sa porte, il lambinait lentement. Emportant son trésor encore frémissant de par son imprévu, il essayait de retenir le temps.
Sa silhouette fine, flottant indistinctement dans le coin de son oeil, semblait hésitante devant son palier. Ses bras emprisonnés dans un monticule de paquets se resserrèrent pour basculer ce poids sur sa poitrine penchée en arrière. Son bras droit se dégagea sans précaution et plongea maintenant sa main libre dans les motifs bleu marine de son sac ; avec une respiration arrêtée, elle s’immergea dans l’intime de son fouillis naturel, à la pêche de son trousseau. Son corps tendu semblait souffrir dans ce flottement comme emporté par un courant invisible qui, avec caprice, pourrait la renverser. Dans un même mouvement, sa main s’échappa des remous de sa recherche pour planter sa clef dans la serrure et retrouva instantanément l’équilibre, à la façon d’un nageur chahuté par la houle s’agrippant à un rocher.
Elle allait bientôt disparaître et retirer, comme une marée, la douce caresse des flots, pour ne laisser qu’une grande étendue ou seules survivent encore quelques gouttes d’une sensation devenue impalpable.
La lumière du couloir s’éteignit au moment ou elle ouvrit la porte. Il ne la voyait plus ni ne la sentait. Seuls ses talons claquèrent sur le sol à la façon d’un aveugle tâtonnant avec sa canne blanche.
- Attendez! Dit-il, avec un élan inespéré.
Elle répondit avec une pointe d’inquiétude qui comprima son «oui» lancé dans le noir.
Cette voix presque silencieuse suffit à le guider.
- Il y a un interrupteur juste dans mon entrée, dit-elle, dans un appel hésitant.
Aucune petite lumière ne permit à ses yeux de s’accoutumer au noir ambiant. Il était aveugle et seul le reste de cette image d’elle en équilibre restait comme un point de repère. Son élégante blondeur brillait encore dans sa rétine, mais au bout de quelques secondes, l’image s’estompa comme un évanouissement que l’on sent venir. Puis, le sucre d’un fruit inconnu, avec la saveur d’une langueur des îles, flotta jusqu’à ses sens perdus.
Cet arôme délogea son habitude de ne respirer que par le regard : il fut assailli par cette obligation d’abandonner son plaisir fétiche. La chair de cet homme reflétait milles images convoitées, avec une insistance qui gardait, malgré le temps, les sensations associées. Avec la soif d’un félin, il recherchait continuellement à sentir les battements de son coeur et cela à chaque fois que ses yeux emprisonnaient l’image d’une courbe à l’intensité. Sa quête était vaine et aussi loin que son imagier sensoriel remontait, il ne pouvait retrouver la première, celle dont la beauté s’était évanouie avec son enfance. Comme un voilier cherchant toujours un vent parfait pour longer les côtes, il guettait les signes de retrouvailles impossibles. Sa poursuite d’un plaisir si éphémère emplissait ses pas d’une souffrance que la frustration masquait, il ne pouvait en quelque sorte y renoncer, et cela malgré les rencontres qu’il écartait alors.
Cette fois, il ne pouvait faire avec ses yeux, et cette effluve si doucement mielleuse devenait sa seule attache. Il eut l’impression de pénétrer dans un jardin dont les fleurs, encore emplies de pollen, étaient sur le point de tourner, de se faner, telle l’exhalaison douceâtre d’un corps transpirant au soleil.
Maintenant, il sentait sa respiration, le souffle de cette femme, proche. Il le sentit encore plus fort quand il s’interposa entre sa porte et elle.
- Ne bougez pas, j’y suis presque.
Avec un ton impatient et en même temps encourageant, elle chuchota : - dépêchez vous, je ne vais pas tenir longtemps.
Un frisson le parcourut lorsqu’il sentit une nouvelle fois ce souffle se coller contre sa joue, comme une bouffée d’air fiévreuse. Sa main presque tremblante atteignit l’entrée. Il se glissa à l’intérieur, dans cet inconnu à peine imaginé.
Dans un mouvement incertain, il s’avança brusquement, pour se dépêcher, avec l’inexactitude du temps et heurta cet autre corps, déjà vacillant dans l’obscurité. Elle cria alors, presque emplie d’un soulagement, le relâchement d’une tension, enfin. Il sentit un poids encore indéfini dans ses formes bousculer son équilibre et, l’emporter sans brusquerie à terre. Ils s’étalèrent doucement sans presque se retenir. Comme pour appréhender plus fortement cette chute, il s’agrippa d’un bras à la taille de cette fleur soufflée par son désir. Et dans un dernier mouvement, avant de s’abandonner, ses doigts effleurèrent l’interrupteur. Les paquets chutèrent et se mélangèrent.
Sur le dos, recouvert par elle, une légère lumière les immobilisa. Des flots de couleurs se froissèrent dans les plis de leurs tissus. Leurs corps étaient joints, assemblés de façon inattendue, poussée l’un vers l’autre comme un bouquet qui se forme. Il n’ouvrit pas les yeux tout de suite et sentit les courbes de cette femme encore détendues sur tous ses membres. Ce poids sur la poitrine lui diminuait la respiration, mais cette gène nouvelle devenait agréable et doucement, il s’imaginait percevoir une chaleur, encore lointaine.
Puis, accompagné par son coeur emballé, suffoquant soudainement de sentir cette femme s’incarner, traverser sa vision, il sursauta.
- "Laissez-moi". Entendit-il.
Il ouvrit les yeux et sentit son bras enserrer malgré lui cette taille réticente qui essayait de se dégager d’un piège. Une taille qui avait l’habitude de se faufiler au milieu des autres qu’elle voyait tenter de la rendre prisonnière, telle des bois se refermant, étouffant les brins d’herbes libres de vibrionner au grès des souffles.
Il la regarda. Ils étaient proches, très proches. Son souffle se mêlait au trouble de cette bouche imminente, l’haleine inconnue d’un rêve.
Sa peau était belle, proche et nue.
Son bras ferme, enlaçait cet animal qui commençait à se débattre, silencieusement.
Elle commença à émettre un long gémissement, une ondée d’énervement saccadée par des grimaces et des sursauts de respiration. Sans penser à l’impact de son geste, à la force qu’il exerçait, il lutta pour l’obliger à abdiquer, paradoxalement, à se soumettre à la spontanéité de cette chute. Cette plainte douloureuse se transforma en un long soupir d’abandon lorsqu’elle rencontra à travers ces yeux sa détermination et sa douceur. Dans ses prunelles se reflétaient le ciel de ses grains de beauté, son visage de femme étoilé. Cet homme reflétait une constellation de douceur, celle qu’elle se cachait avec tant d’insistance : le velouté de son âme, qu’elle croyait être une faiblesse. Le début d’un vent chaud souffla sur son visage, comme lorsqu’on arrive aux abords d’une île. Le ciel était limpide de ses belles étoiles nues. Dans ce silence clair, il lui sourît lentement avec la lenteur de nuages s’évaporant.
Sa main, comme une longue vague, rejeta tous ses cheveux d’un côté de sa tête. Elle était d’une douceur qu’elle ne se connaissait pas.
Cet homme lui offrait à priori ce qu’elle ne voulait plus : il avait soufflé sur ces nuages, pour laisser se refléter dans son regard d’homme la première lueur de ces premiers émois, ceux de son enfance, ceux des premiers jeux amoureux, ceux de la spontanéité amoureuse ; avant qu’elle ne commence à lutter pour préserver une beauté flamboyante qu’elle croyait être tout son être.
Il desserra son bras de sa taille. Elle ne se releva pas.
Elle avait retrouvé, pour la première fois, le plaisir de s’amuser, sa douceur de désirer. Sa chute dans les bras de cet homme n’était pas un accident, ni le destin, mais son désir inavoué, la vraie couleur de sa peau sans l’éclat de son impertinence désabusée.
Puis, pour que cet état, cet instant ne deviennent pas un souvenir, ils s’embrassèrent avec le pincement du délice et de l’oubli.
Il l’observait dans une proximité quasi indécente ; cette cage de fer lui offrait la liberté de ne pas être dérangé. Devant lui, de biais, elle ne pouvait voir ses yeux détailler son visage. Il était près d’elle. Elle se savait épiée, presque soumise à cette pulsion de voyeur. Ces taches de rousseur sur sa peau, déjà pâlie par ces néons, disparaissaient sous l’écume de son regard.
L’allure de son corps, comme une ligne de conduite, donnait à suivre la quiétude d’une femme sereine dans sa féminité, ni trop maquillée, ni trop apprêtée, mais juste fardée d’un regard hautain, rieur - et à la fois prêt à sourire - pour repousser les hommes trop peu farouches et attirer des prétendants aux ailes déjà brûlées face à sa désinvolture. Sa liberté, qu’elle croyait s’octroyer nonchalamment, perdait parfois de son naturel dans des gestes empreints des images de la mode : dans ce glissement, dans cette fausseté qui résonnait en elle au point de l’agacer, un peu de sa faiblesse se dénudait involontairement. Seule restait l’obscurité de son charme, indomptable malgré ces années à s’apprivoiser. Inlassablement, il lui manquait l’expérience de la spontanéité, la légèreté d’un sentier inconnu.
Une pince aux crocs desserrés emprisonnaient mollement ses longs cheveux raides, tous retenus au bord de sa nuque. A la faveur d’un soubresaut de la machine, telle une dune de sable soufflée par un vent fripon, ses épis d’or s’échappèrent pour s’allonger, s’étirèrent avec le silence impertinent d’une culotte en soie glissant sur la peau. Un immense champ blond vibra d’un ondoiement gracieux, libérant cette attente contenue. Avec la timidité d’une pluie fine, à l’orée de l’été, ses joues s’empourprèrent et laissèrent filer sa retenue. Il adossa alors ses épaules, le temps fit une boucle et ses yeux captèrent pour toujours le sensuel mouvement de cette féminité.
Un sourire à demi mots chuchota la rougeur de ce geste involontaire. Dans cet élan, il contempla une vague rouge monter jusqu’au plissement de ses pattes-d’oies, pareil à quelques collines rieuses bordant deux océans bleu clair. Sans qu’elle ne bouge sa tête, ne se tourne pour surprendre leur intimité, ses yeux virevoltèrent vers lui et caressèrent l’effronterie de l’attraper. Le bord était tout proche, un souffle chaud, une seule respiration trop rapide et il était perdu : l’essence de cet érotisme se serait évaporée sous l’intensité de son regard audacieux.
L’ascenseur ralentit. Il les immobilisa dans l’attente d’une échappée : celle-ci s’ouvrit dans un léger crissement mécanique, comme la porte rouillée d’un grenier. Le noir apparut, seul l’interrupteur sur le mur brillait. Avec ses bras chargés de victuailles, elle sortit et disparut un instant dans ce passage obscur. Il la suivit et avant qu’elle-même n’illumine leurs pas : il éteignit ce reflet. Puis, ils marchèrent un peu précipitamment jusqu’au fond du couloir, car ils savaient tous deux que la seule minuterie lumineuse était près de l’ascenseur. Leurs visages maintenant éclairés ne purent se croiser, seules leurs voix, l’une après l’autre, échangèrent des politesses qui tombèrent de leurs bouches et s’immobilisèrent à leurs pieds avec la lourdeur de cailloux inutiles.
Leurs portes d’appartement étaient proches, éloignées seulement de quelques mètres par un mur tapissé d’un gris de roches caverneuses. Devant sa porte, il lambinait lentement. Emportant son trésor encore frémissant de par son imprévu, il essayait de retenir le temps.
Sa silhouette fine, flottant indistinctement dans le coin de son oeil, semblait hésitante devant son palier. Ses bras emprisonnés dans un monticule de paquets se resserrèrent pour basculer ce poids sur sa poitrine penchée en arrière. Son bras droit se dégagea sans précaution et plongea maintenant sa main libre dans les motifs bleu marine de son sac ; avec une respiration arrêtée, elle s’immergea dans l’intime de son fouillis naturel, à la pêche de son trousseau. Son corps tendu semblait souffrir dans ce flottement comme emporté par un courant invisible qui, avec caprice, pourrait la renverser. Dans un même mouvement, sa main s’échappa des remous de sa recherche pour planter sa clef dans la serrure et retrouva instantanément l’équilibre, à la façon d’un nageur chahuté par la houle s’agrippant à un rocher.
Elle allait bientôt disparaître et retirer, comme une marée, la douce caresse des flots, pour ne laisser qu’une grande étendue ou seules survivent encore quelques gouttes d’une sensation devenue impalpable.
La lumière du couloir s’éteignit au moment ou elle ouvrit la porte. Il ne la voyait plus ni ne la sentait. Seuls ses talons claquèrent sur le sol à la façon d’un aveugle tâtonnant avec sa canne blanche.
- Attendez! Dit-il, avec un élan inespéré.
Elle répondit avec une pointe d’inquiétude qui comprima son «oui» lancé dans le noir.
Cette voix presque silencieuse suffit à le guider.
- Il y a un interrupteur juste dans mon entrée, dit-elle, dans un appel hésitant.
Aucune petite lumière ne permit à ses yeux de s’accoutumer au noir ambiant. Il était aveugle et seul le reste de cette image d’elle en équilibre restait comme un point de repère. Son élégante blondeur brillait encore dans sa rétine, mais au bout de quelques secondes, l’image s’estompa comme un évanouissement que l’on sent venir. Puis, le sucre d’un fruit inconnu, avec la saveur d’une langueur des îles, flotta jusqu’à ses sens perdus.
Cet arôme délogea son habitude de ne respirer que par le regard : il fut assailli par cette obligation d’abandonner son plaisir fétiche. La chair de cet homme reflétait milles images convoitées, avec une insistance qui gardait, malgré le temps, les sensations associées. Avec la soif d’un félin, il recherchait continuellement à sentir les battements de son coeur et cela à chaque fois que ses yeux emprisonnaient l’image d’une courbe à l’intensité. Sa quête était vaine et aussi loin que son imagier sensoriel remontait, il ne pouvait retrouver la première, celle dont la beauté s’était évanouie avec son enfance. Comme un voilier cherchant toujours un vent parfait pour longer les côtes, il guettait les signes de retrouvailles impossibles. Sa poursuite d’un plaisir si éphémère emplissait ses pas d’une souffrance que la frustration masquait, il ne pouvait en quelque sorte y renoncer, et cela malgré les rencontres qu’il écartait alors.
Cette fois, il ne pouvait faire avec ses yeux, et cette effluve si doucement mielleuse devenait sa seule attache. Il eut l’impression de pénétrer dans un jardin dont les fleurs, encore emplies de pollen, étaient sur le point de tourner, de se faner, telle l’exhalaison douceâtre d’un corps transpirant au soleil.
Maintenant, il sentait sa respiration, le souffle de cette femme, proche. Il le sentit encore plus fort quand il s’interposa entre sa porte et elle.
- Ne bougez pas, j’y suis presque.
Avec un ton impatient et en même temps encourageant, elle chuchota : - dépêchez vous, je ne vais pas tenir longtemps.
Un frisson le parcourut lorsqu’il sentit une nouvelle fois ce souffle se coller contre sa joue, comme une bouffée d’air fiévreuse. Sa main presque tremblante atteignit l’entrée. Il se glissa à l’intérieur, dans cet inconnu à peine imaginé.
Dans un mouvement incertain, il s’avança brusquement, pour se dépêcher, avec l’inexactitude du temps et heurta cet autre corps, déjà vacillant dans l’obscurité. Elle cria alors, presque emplie d’un soulagement, le relâchement d’une tension, enfin. Il sentit un poids encore indéfini dans ses formes bousculer son équilibre et, l’emporter sans brusquerie à terre. Ils s’étalèrent doucement sans presque se retenir. Comme pour appréhender plus fortement cette chute, il s’agrippa d’un bras à la taille de cette fleur soufflée par son désir. Et dans un dernier mouvement, avant de s’abandonner, ses doigts effleurèrent l’interrupteur. Les paquets chutèrent et se mélangèrent.
Sur le dos, recouvert par elle, une légère lumière les immobilisa. Des flots de couleurs se froissèrent dans les plis de leurs tissus. Leurs corps étaient joints, assemblés de façon inattendue, poussée l’un vers l’autre comme un bouquet qui se forme. Il n’ouvrit pas les yeux tout de suite et sentit les courbes de cette femme encore détendues sur tous ses membres. Ce poids sur la poitrine lui diminuait la respiration, mais cette gène nouvelle devenait agréable et doucement, il s’imaginait percevoir une chaleur, encore lointaine.
Puis, accompagné par son coeur emballé, suffoquant soudainement de sentir cette femme s’incarner, traverser sa vision, il sursauta.
- "Laissez-moi". Entendit-il.
Il ouvrit les yeux et sentit son bras enserrer malgré lui cette taille réticente qui essayait de se dégager d’un piège. Une taille qui avait l’habitude de se faufiler au milieu des autres qu’elle voyait tenter de la rendre prisonnière, telle des bois se refermant, étouffant les brins d’herbes libres de vibrionner au grès des souffles.
Il la regarda. Ils étaient proches, très proches. Son souffle se mêlait au trouble de cette bouche imminente, l’haleine inconnue d’un rêve.
Sa peau était belle, proche et nue.
Son bras ferme, enlaçait cet animal qui commençait à se débattre, silencieusement.
Elle commença à émettre un long gémissement, une ondée d’énervement saccadée par des grimaces et des sursauts de respiration. Sans penser à l’impact de son geste, à la force qu’il exerçait, il lutta pour l’obliger à abdiquer, paradoxalement, à se soumettre à la spontanéité de cette chute. Cette plainte douloureuse se transforma en un long soupir d’abandon lorsqu’elle rencontra à travers ces yeux sa détermination et sa douceur. Dans ses prunelles se reflétaient le ciel de ses grains de beauté, son visage de femme étoilé. Cet homme reflétait une constellation de douceur, celle qu’elle se cachait avec tant d’insistance : le velouté de son âme, qu’elle croyait être une faiblesse. Le début d’un vent chaud souffla sur son visage, comme lorsqu’on arrive aux abords d’une île. Le ciel était limpide de ses belles étoiles nues. Dans ce silence clair, il lui sourît lentement avec la lenteur de nuages s’évaporant.
Sa main, comme une longue vague, rejeta tous ses cheveux d’un côté de sa tête. Elle était d’une douceur qu’elle ne se connaissait pas.
Cet homme lui offrait à priori ce qu’elle ne voulait plus : il avait soufflé sur ces nuages, pour laisser se refléter dans son regard d’homme la première lueur de ces premiers émois, ceux de son enfance, ceux des premiers jeux amoureux, ceux de la spontanéité amoureuse ; avant qu’elle ne commence à lutter pour préserver une beauté flamboyante qu’elle croyait être tout son être.
Il desserra son bras de sa taille. Elle ne se releva pas.
Elle avait retrouvé, pour la première fois, le plaisir de s’amuser, sa douceur de désirer. Sa chute dans les bras de cet homme n’était pas un accident, ni le destin, mais son désir inavoué, la vraie couleur de sa peau sans l’éclat de son impertinence désabusée.
Puis, pour que cet état, cet instant ne deviennent pas un souvenir, ils s’embrassèrent avec le pincement du délice et de l’oubli.
Dim 29 Mars 2009, 14:49 par
Bertrano sur Exercices de style
Les derniers jours de l’homme invisible
Je dois me lever tôt ce matin, me préparer vite et sortir, j’ai sauté mon petit-déjeuner, comme hier et avant-hier, comme chaque jour passé sans toi dans ma vie
je traverse les collines qui t’éloignent et les immenses murs qui nous séparent, la route est interminable, c’est pour cette raison que je dois partir tôt… juste pour venir te voir à temps.
Le ciel commence à se chagriner, et à lâcher ses larmes qui noient ma tête et inondent mon esprit, mais tes yeux m’interpellent, et je ne peux résister à leurs appels,
essoufflé mais déterminé, j’arrive à ta porte, et j’attends que quelqu’un l’ouvre,
pour que je puisse m’inviter à ton monde.
Ton père ouvre l’issue, et j’en profite pour rentrer, je glisse entre les murailles de ta demeure, et je monte l’escalier qui m’emmène vers ta chambre,
je regard les nombreuses photographies qui décorent ces murs et je sens l’amour qui s’y dégage,
j’ouvre la porte de ta chambre délicatement,
et mon cœur s’emballe rien qu’en te voyant…
je m’assis face à toi, sur cette petite chaise, que j’ai crue faite juste pour moi,
et je t’observe dormir, je reste là, et je ne m’inquiète pas, personne ne peut me voir… Car je suis invisible ! aussi clair que du cristal, aussi transparent que l’amour que je porte pour toi,
je me souviens à peine de mon visage, car même les miroirs ne peuvent le refléter,
je n’arrive plus à parler, ni à écrire, je suis invisible, et plus personne ne se souvient de mon existence, même pas toi,
je le suis devenu, le jour où tu es partie, le jour ou j’ai décidé de te laisser partir…, de te laisser du temps, et voir ce que je vaux à tes yeux, Mais je n’ai pas pu t’enlever de mon cœur, alors que tu l’as occupé depuis longtemps, depuis ce jour, je n’ai pas cessé de te hanter comme un esprit, à observer chaque minute de ta vie, chaque rire que tu émets.
je suis là quand tu ouvres tes yeux instantanément, chaque matin,
et quand tu regardes de mon côté,et que tu ne me vois pas
aussi quand tu t’étires en scrutant tes portables,
ou que tu trouves des appels que tu as manqué hier soir
Je suis encore là quand tu embrasses ta maman,
et lorsque tu prends ton café en regardant le vert de ton jardin,
j’attends des heures le temps que tu te prépares,
et je baisse mes yeux indiscrets quand tu prends ton bain
je suis encore là quand tu démarres ta voiture, et ajustes ta mèche devant le rétro
et que après tu mets mon CD, et tu laisses échapper une pensée à mon attention
je suis là quand tu t’arrêtes pour acheter des cigarettes, et que tu n’en trouves pas
ou quand tu t’énerves car tu trouves un embouteillage ,toujours au même endroit
je te regardes quand tu réponds à trois appels en même temps
et quand tu appelles juste les personnes les plus proches de toi
je suis là quand tu rentres au bureau, et tu ouvres ton msn
et tu t’aperçois que ta liste d’amis est toujours la même
je suis là, quand tu te dis que tu vois trop de personnes ,
et que c’est jamais, jamais les bonnes
je te regarde quand tu t’esquives pour fumer une cigarette loin,
Pour que tu restes toujours la petite fille aux yeux de ton père
Je suis là encore, quand tu parles au téléphone pendant des heures
Et quand après tu te dis que les hommes sont tous les mêmes
Je suis là quand tu les rencontres, et quand ils essayent de te gagner à leurs causes
ou lorsque tu résistes et qu’en même temps tu veux pas mettre de la peine dans leur coeur
je m’attriste quand tu as tellement mal à la tête,
et quand tu te demandes quand ceci va finir, tout de même
je me réjouis quand tu rentres à la maison et tu embrasses tes parents
et je comprends quand tu dis que tu es prête a tout pour ne pas les perdre
je tente de te rassurer quand tu as peur du passé
et j’essaye sans veine, de te réchauffer quand tu attrapes froid au cœur
je dois partir et te laisser te reposer maintenant , quoique je sais que tu vas pas le faire,
car il me reste plus beaucoup de temps, pour que disparais et que je m’efface entièrement de ton cœur.
je traverse les collines qui t’éloignent et les immenses murs qui nous séparent, la route est interminable, c’est pour cette raison que je dois partir tôt… juste pour venir te voir à temps.
Le ciel commence à se chagriner, et à lâcher ses larmes qui noient ma tête et inondent mon esprit, mais tes yeux m’interpellent, et je ne peux résister à leurs appels,
essoufflé mais déterminé, j’arrive à ta porte, et j’attends que quelqu’un l’ouvre,
pour que je puisse m’inviter à ton monde.
Ton père ouvre l’issue, et j’en profite pour rentrer, je glisse entre les murailles de ta demeure, et je monte l’escalier qui m’emmène vers ta chambre,
je regard les nombreuses photographies qui décorent ces murs et je sens l’amour qui s’y dégage,
j’ouvre la porte de ta chambre délicatement,
et mon cœur s’emballe rien qu’en te voyant…
je m’assis face à toi, sur cette petite chaise, que j’ai crue faite juste pour moi,
et je t’observe dormir, je reste là, et je ne m’inquiète pas, personne ne peut me voir… Car je suis invisible ! aussi clair que du cristal, aussi transparent que l’amour que je porte pour toi,
je me souviens à peine de mon visage, car même les miroirs ne peuvent le refléter,
je n’arrive plus à parler, ni à écrire, je suis invisible, et plus personne ne se souvient de mon existence, même pas toi,
je le suis devenu, le jour où tu es partie, le jour ou j’ai décidé de te laisser partir…, de te laisser du temps, et voir ce que je vaux à tes yeux, Mais je n’ai pas pu t’enlever de mon cœur, alors que tu l’as occupé depuis longtemps, depuis ce jour, je n’ai pas cessé de te hanter comme un esprit, à observer chaque minute de ta vie, chaque rire que tu émets.
je suis là quand tu ouvres tes yeux instantanément, chaque matin,
et quand tu regardes de mon côté,et que tu ne me vois pas
aussi quand tu t’étires en scrutant tes portables,
ou que tu trouves des appels que tu as manqué hier soir
Je suis encore là quand tu embrasses ta maman,
et lorsque tu prends ton café en regardant le vert de ton jardin,
j’attends des heures le temps que tu te prépares,
et je baisse mes yeux indiscrets quand tu prends ton bain
je suis encore là quand tu démarres ta voiture, et ajustes ta mèche devant le rétro
et que après tu mets mon CD, et tu laisses échapper une pensée à mon attention
je suis là quand tu t’arrêtes pour acheter des cigarettes, et que tu n’en trouves pas
ou quand tu t’énerves car tu trouves un embouteillage ,toujours au même endroit
je te regardes quand tu réponds à trois appels en même temps
et quand tu appelles juste les personnes les plus proches de toi
je suis là quand tu rentres au bureau, et tu ouvres ton msn
et tu t’aperçois que ta liste d’amis est toujours la même
je suis là, quand tu te dis que tu vois trop de personnes ,
et que c’est jamais, jamais les bonnes
je te regarde quand tu t’esquives pour fumer une cigarette loin,
Pour que tu restes toujours la petite fille aux yeux de ton père
Je suis là encore, quand tu parles au téléphone pendant des heures
Et quand après tu te dis que les hommes sont tous les mêmes
Je suis là quand tu les rencontres, et quand ils essayent de te gagner à leurs causes
ou lorsque tu résistes et qu’en même temps tu veux pas mettre de la peine dans leur coeur
je m’attriste quand tu as tellement mal à la tête,
et quand tu te demandes quand ceci va finir, tout de même
je me réjouis quand tu rentres à la maison et tu embrasses tes parents
et je comprends quand tu dis que tu es prête a tout pour ne pas les perdre
je tente de te rassurer quand tu as peur du passé
et j’essaye sans veine, de te réchauffer quand tu attrapes froid au cœur
je dois partir et te laisser te reposer maintenant , quoique je sais que tu vas pas le faire,
car il me reste plus beaucoup de temps, pour que disparais et que je m’efface entièrement de ton cœur.
Sam 05 Jan 2008, 11:35 par
heartbreakid sur Histoires d'amour
La cabane au bord de l’océan
J’ai fait un rêve ! J’ai rêvé qu’une déesse m’a rendu visite, ici là ou j’habite, sur terre, dans ma cabane modeste au bord de l’océan, au milieu de nulle part,là ou même les hommes s’abstiennent de venir.
J’ai cru faire un rêve, j’ai cru qu’une déesse m’a regardé avec ses yeux célestes, qu’elle m’a pris la main et a murmuré à mon oreille des choses avec sa bouche divine, j’ai rêvé qu’une déesse s’est enfuie de son château de nuages blancs, pour venir me voir tard le soir.
C’est insensé…mais j’ai cru qu’elle aimait bien rester chez moi regarder les vagues agitées de cet océan infini, s’éventrer sur les roches, qu’elle aimait écouter mes histoires de pêcheur,et j’ai songé qu’elle aimait bien le feu insuffisant de ma cheminé antique, et le goût ordinaire de mon pain froid.
Moi…je passé mon temps à la contempler, à apprécier ses gestes parfaits, à sentir son parfum enchanteur, et à l’aube, quand le temps venait pour elle de partir, je tenais mon cœur déchiré en essayant de ne pas de la retenir, car je savais bien que sa place n’était pas ici.
Je faisais ce rêve tous les soirs, en me disant que c’était peut-être pas juste un rêve, c’est dur pour moi de le savoir, car j’ai toujours eu l’impression que mes rêves sont plus vrais que la réalité. Aux bouts des jours, je me suis habitué à mon invitée nocturne, j’ai commencé à m’attacher à mon rêve impossible, et j’ai…aimé
Une nuit d’automne, alors que je l’attendais, ma déesse n’est pas venue, je l’ai attendue toute la nuit, et les nuits qui suivaient, jour après jour j’ai commencé à penser que c’était juste un rêve, et j’ai perdu le gout du sommeil.
Les nuits sont longues, et je n’ai pas appris à me passer d’elle, j’essaie de protéger mon cœur fragile du froid qui gagne la cabane soir après soir, je vois les étoiles qu’on a comptées tout au long des nuits disparaitre de mon ciel, jusqu’à ce que j’arrive plus à me souvenir de leurs contours, assis sur mes genoux, regardant le ciel en me disant
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas, et j’ai pensé que tu le sais déjà
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas…et j’ai pensé que je dois laisser tomber
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas, et j’ai cru que tu le savais déjà
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas…et j’ai pensé que je dois te laisser partir
Assis sur ma chaise de bois, espérant un regard de toi, car on m’a dit que les dieux observaient les hommes par au dessus de leurs nuages, alors je guette tous les soirs…une simple attention de toi, j’attends tous les jours le moindre écho venu du ciel
On m’a dit que les dieux ne peuvent pas tombé amoureux des mortels, on m’a dit que les dieux n’avaient pas de temps à consacrer aux hommes…pourtant, je ne peux empêcher mon cœur d’espérer, je ne peux empêcher mon cœur d’aimer, même si tu me vois pas, même si mon amour est insignifiant… je t’aime ! Je t’aime avec tout ce que mon pauvre cœur de mortel peut aimer, je t’aime même si je suis invisible, je t’aime même si tu habites le cieux, et moi la terre, je t’aime même si je suis une chose insignifiante et infime dans ton monde, je t’aime même si tu est éternelle et moi éphémère, je t’aime même si tu es une déesse…et moi juste un mortel.
la suite sur : www.theheartbreak.blogspot.com
J’ai cru faire un rêve, j’ai cru qu’une déesse m’a regardé avec ses yeux célestes, qu’elle m’a pris la main et a murmuré à mon oreille des choses avec sa bouche divine, j’ai rêvé qu’une déesse s’est enfuie de son château de nuages blancs, pour venir me voir tard le soir.
C’est insensé…mais j’ai cru qu’elle aimait bien rester chez moi regarder les vagues agitées de cet océan infini, s’éventrer sur les roches, qu’elle aimait écouter mes histoires de pêcheur,et j’ai songé qu’elle aimait bien le feu insuffisant de ma cheminé antique, et le goût ordinaire de mon pain froid.
Moi…je passé mon temps à la contempler, à apprécier ses gestes parfaits, à sentir son parfum enchanteur, et à l’aube, quand le temps venait pour elle de partir, je tenais mon cœur déchiré en essayant de ne pas de la retenir, car je savais bien que sa place n’était pas ici.
Je faisais ce rêve tous les soirs, en me disant que c’était peut-être pas juste un rêve, c’est dur pour moi de le savoir, car j’ai toujours eu l’impression que mes rêves sont plus vrais que la réalité. Aux bouts des jours, je me suis habitué à mon invitée nocturne, j’ai commencé à m’attacher à mon rêve impossible, et j’ai…aimé
Une nuit d’automne, alors que je l’attendais, ma déesse n’est pas venue, je l’ai attendue toute la nuit, et les nuits qui suivaient, jour après jour j’ai commencé à penser que c’était juste un rêve, et j’ai perdu le gout du sommeil.
Les nuits sont longues, et je n’ai pas appris à me passer d’elle, j’essaie de protéger mon cœur fragile du froid qui gagne la cabane soir après soir, je vois les étoiles qu’on a comptées tout au long des nuits disparaitre de mon ciel, jusqu’à ce que j’arrive plus à me souvenir de leurs contours, assis sur mes genoux, regardant le ciel en me disant
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas, et j’ai pensé que tu le sais déjà
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas…et j’ai pensé que je dois laisser tomber
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas, et j’ai cru que tu le savais déjà
Tu es une déesse, et moi je ne le suis pas…et j’ai pensé que je dois te laisser partir
Assis sur ma chaise de bois, espérant un regard de toi, car on m’a dit que les dieux observaient les hommes par au dessus de leurs nuages, alors je guette tous les soirs…une simple attention de toi, j’attends tous les jours le moindre écho venu du ciel
On m’a dit que les dieux ne peuvent pas tombé amoureux des mortels, on m’a dit que les dieux n’avaient pas de temps à consacrer aux hommes…pourtant, je ne peux empêcher mon cœur d’espérer, je ne peux empêcher mon cœur d’aimer, même si tu me vois pas, même si mon amour est insignifiant… je t’aime ! Je t’aime avec tout ce que mon pauvre cœur de mortel peut aimer, je t’aime même si je suis invisible, je t’aime même si tu habites le cieux, et moi la terre, je t’aime même si je suis une chose insignifiante et infime dans ton monde, je t’aime même si tu est éternelle et moi éphémère, je t’aime même si tu es une déesse…et moi juste un mortel.
la suite sur : www.theheartbreak.blogspot.com
Mar 27 Nov 2007, 10:34 par
heartbreakid sur Histoires d'amour
Etoile
Au plus profond de la nuit
Brille une lumière
Invisible pour les yeux
Et visible pour le coeur
Qui relie toute chose
Brille une lumière
Invisible pour les yeux
Et visible pour le coeur
Qui relie toute chose
Sam 28 Oct 2006, 20:28 par
coupdecoeur sur Un monde parfait
Oui triste
oui triste,
que je sois restée 5 heures sur ce banc seul à t’attendre,
oui triste,
de pas avoir eu de réponse au téléphone,
oui triste,
que ce que j’ai espéré et rêvé ne soit pas arrivé,
oui triste,
que Karim ne soit pas venu,
oui triste,
de voir ce qui c’est passé avant,
oui triste,
de voir que finalement je ne suis rien, qu’un grain de sable invisible,
oui triste,
de voir tant de larmes sur Paris,
oui triste,
d’avoir fait 600 km juste pour te voir,
oui triste,
de pas t’avoir vu,
oui triste,
de me savoir interdite de tchat,
oui triste,
de n’avoir que du silence et de l’indifférence
oui triste,
d’etre là ou je suis sans toi,
oui triste,
d’avoir retrouvé l’envie ,pour ne pas l’utiliser,
oui triste,
de tes silences qui me tue le coeur.
oui triste,
que l’histoire ne se soit pas passée comme prevue,
oui triste,
que cette femme soit rentrée dans ta vie avant moi.
oui triste...
que Paris pleure de mes larmes verser de Strasbourg
que je sois restée 5 heures sur ce banc seul à t’attendre,
oui triste,
de pas avoir eu de réponse au téléphone,
oui triste,
que ce que j’ai espéré et rêvé ne soit pas arrivé,
oui triste,
que Karim ne soit pas venu,
oui triste,
de voir ce qui c’est passé avant,
oui triste,
de voir que finalement je ne suis rien, qu’un grain de sable invisible,
oui triste,
de voir tant de larmes sur Paris,
oui triste,
d’avoir fait 600 km juste pour te voir,
oui triste,
de pas t’avoir vu,
oui triste,
de me savoir interdite de tchat,
oui triste,
de n’avoir que du silence et de l’indifférence
oui triste,
d’etre là ou je suis sans toi,
oui triste,
d’avoir retrouvé l’envie ,pour ne pas l’utiliser,
oui triste,
de tes silences qui me tue le coeur.
oui triste,
que l’histoire ne se soit pas passée comme prevue,
oui triste,
que cette femme soit rentrée dans ta vie avant moi.
oui triste...
que Paris pleure de mes larmes verser de Strasbourg
Mer 23 Août 2006, 08:31 par
joullia sur Histoires d'amour
LA BEAUTE N'A PAS DE DEMEURE
Ma vierge indécente ce soir, quelle importance que tu sois invisible comme le Saint Esprit du ciel ?
L’Amour que je Te porte est comme la Perle enfermée dans un coquillage
Pur, discret et a l’abri des êtres a la jalousie immense.
La Beauté n’a pas de visage, je T’aime d’un Amour sans ombrage
Et Vers Toi seule mon esprit jette son cri.
Ecoute, ô bien-aimé !
je suis plus prés de toi que de toi-même, que ton âme, que ton soufle
je marche vers mon extérieu, est recherche dans les feuilles d’été, ton sein! fenêtre qui s’ouvre et dessine le ciel de nos nuits blanches et nues.
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon intérieur, ou se cache dans mes rêves le feux de ton flambeau.
karim B
L’Amour que je Te porte est comme la Perle enfermée dans un coquillage
Pur, discret et a l’abri des êtres a la jalousie immense.
La Beauté n’a pas de visage, je T’aime d’un Amour sans ombrage
Et Vers Toi seule mon esprit jette son cri.
Ecoute, ô bien-aimé !
je suis plus prés de toi que de toi-même, que ton âme, que ton soufle
je marche vers mon extérieu, est recherche dans les feuilles d’été, ton sein! fenêtre qui s’ouvre et dessine le ciel de nos nuits blanches et nues.
Et dans ce qui reste de l’aube, je marche vers mon intérieur, ou se cache dans mes rêves le feux de ton flambeau.
karim B
Jeu 17 Août 2006, 21:48 par
ricko sur Histoires d'amour
Quelques notes
Par un matin d’été ensoleillé ou par un sombre soir d’hiver
d’humeur gaie, jovial quand on est amoureux
ou plutôt tendu et triste
elle frappe à notre porte.
Nous lui ouvrons notre coeur
qu’elle soit rythmée ou calme,
une guitare à la main, un violon sur l’épaule
elle berce nos nuit d’enfant
ou nos chagrins d’adolescent.
Sur une plage accompagné ou seul sur son canapé effondré
cramponné au volant elle adoucit les moeurs
et sous la douche elle rythme nos réveils embrumés.
Le chant fait vibrer cette petite corde sensible et la musique, douce mélodie la met en valeur.
Que c’est magique de se sentir magnifique ou invisible le coeur embaumé de cette chaleur enivrante par l’amour qu’elle nous fait passer.
écrit en mars 2001
daulphin
d’humeur gaie, jovial quand on est amoureux
ou plutôt tendu et triste
elle frappe à notre porte.
Nous lui ouvrons notre coeur
qu’elle soit rythmée ou calme,
une guitare à la main, un violon sur l’épaule
elle berce nos nuit d’enfant
ou nos chagrins d’adolescent.
Sur une plage accompagné ou seul sur son canapé effondré
cramponné au volant elle adoucit les moeurs
et sous la douche elle rythme nos réveils embrumés.
Le chant fait vibrer cette petite corde sensible et la musique, douce mélodie la met en valeur.
Que c’est magique de se sentir magnifique ou invisible le coeur embaumé de cette chaleur enivrante par l’amour qu’elle nous fait passer.
écrit en mars 2001
daulphin
Jeu 10 Août 2006, 09:07 par
daulphin sur Mille choses
Hop hop hop
Les mots peuvent ne pas être sincères, sciemment ou non, mais produire leur effet sur celui ou celle qui les reçoit. Quelle importance alors de savoir s’ils sont sincères ? Seul le plaisir de les avoir entendu compte.
Les mots ne sont que le véhicule d’un message, ce n’est pas à eux qu’il faut attribuer l’adjectif de "sincère", mais à celui qui les prononce.
La poésie est une musique où les sons créent l’émotion au rythme de nos passions. Et les mots n’en sont que les instruments.
Au vu de cet échantillon de confusion possible, il me semble sage de prendre les mots pour ce qu’ils sont et de ne pas les confondre avec l’intention qui les a fait naître. Car cet exercice-là demande un très fort pouvoir d’analyse, une immense connaissance de l’humain et par là même, de soi, aussi. Il serait présomptueux de supposer posséder d’emblée tout cela.
L’acte ne vaut que par l’intention, il en va de même pour les mots prononcés. Ainsi, on peut s’intéresser au discours ou aux actes d’un tiers, mais ce ne serait là que surface et gageure lorsque notre volonté est de comprendre réellement l’autre. Il faut s’attacher à discerner avec la force de son cœur les motivations qui animent un discours ou un geste, ce que l’on a appelé « l’intention ». La motivation est ce qui a de commun aux mots et aux gestes et elle emprunte ces deux media pour s’exprimer, consciemment ou inconsciemment.
L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur [Saint- Exupery], alors cueille aujourd’hui les mots que l’on te donne et sois la moins curieuse possible de leur avenir [Horace, détourné]
Les mots ne sont que le véhicule d’un message, ce n’est pas à eux qu’il faut attribuer l’adjectif de "sincère", mais à celui qui les prononce.
La poésie est une musique où les sons créent l’émotion au rythme de nos passions. Et les mots n’en sont que les instruments.
Au vu de cet échantillon de confusion possible, il me semble sage de prendre les mots pour ce qu’ils sont et de ne pas les confondre avec l’intention qui les a fait naître. Car cet exercice-là demande un très fort pouvoir d’analyse, une immense connaissance de l’humain et par là même, de soi, aussi. Il serait présomptueux de supposer posséder d’emblée tout cela.
L’acte ne vaut que par l’intention, il en va de même pour les mots prononcés. Ainsi, on peut s’intéresser au discours ou aux actes d’un tiers, mais ce ne serait là que surface et gageure lorsque notre volonté est de comprendre réellement l’autre. Il faut s’attacher à discerner avec la force de son cœur les motivations qui animent un discours ou un geste, ce que l’on a appelé « l’intention ». La motivation est ce qui a de commun aux mots et aux gestes et elle emprunte ces deux media pour s’exprimer, consciemment ou inconsciemment.
L’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur [Saint- Exupery], alors cueille aujourd’hui les mots que l’on te donne et sois la moins curieuse possible de leur avenir [Horace, détourné]
Sam 17 Juin 2006, 12:07 par
PetitPrince sur Mille choses
La jeune fille du train
Moi, les femmes, je les ai toujours aimées. Leurs charmes, leur gentillesse, leurs beautés... Je ne dis pas par-là que je suis un véritable Don Juan mais je dois admettre que j’ai toujours beaucoup apprécié la compagnie des femmes. Parfois ce n’était que de petites aventures sans lendemain, des flirts comme on les appelle. Mais quelque fois la relation durait plus longtemps.
En revanche, je n’ai réellement été amoureux qu’une seule fois. Le destin applique sa sentence à bien des situations inexplicables. Inutile d’être expert en la matière pour voir que la vie nous cache le bonheur. Elle a ses plans, ses ambitions. Nous avons beau essayer de les contourner elles nous rattrapent à chaque fois.
Alors, si je suis amoureux, on peut trouver cela bien. Car l’on va pouvoir se nourrir de mon bonheur. D’un bonheur qui ne m’a jamais sourit. Du bonheur que je n’ai jamais eu avec elle. Celle dont j’ai été amoureux.
Je suis un jeune homme. Ni beau, ni laid. Sans autre actuelle pensée que celle d’être heureux, comme tous les jeunes hommes de mon âge. L’âge de l’amour? Non. L’âge d’un pseudo-bonheur.
Je suis au lycée, j’ai ma routine hebdomadaire. Je suis à l’internat. Chaque lundi matin, je prends le train qui m’emmène auprès de mon école. Chaque matin, dans ce train, je vis autre chose que ma routine. Chaque matin, dans ce train, je ne suis personne, tout comme les autres personnes dans ce même train ne sont personne. Ce train est un lieu de théâtre. Une scène où se jouent des pièces silencieuses, muettes et intimes. Un endroit où toutes les semaines je revis la même pièce.
Merveilleuse histoire que celle qui ne dure pas. Elle s’engouffre par une fissure de notre vie. Un instant où nous sommes coupés du reste du monde. Un moment où nous nous retrouvons seuls, confrontés et accompagnés par des centaines de personnes qui ne sont personne. Une bribe de temps où nous sommes vulnérables, mais réceptifs à certaines sensations inconnues à la vie ordinaire.
Le jeune garçon de 16 ans que j’étais, attend sur le quai. Le vent glacé de la région lui donne la chair de poule et l’envie que le train arrive. Il attend encore un peu. Il arrive. La porte coulissante du wagon s’ouvre et le jeune garçon entre à l’intérieur. Le train est remplit mais il reste encore quelques places ici et là.
Il en choisit une et s’assied. Il y a une femme en face de lui. Une jeune femme, plutôt, se dit-il après un nouveau coup d’œil. En fait, elle a peut-être le même âge que lui. Ou est-elle plus jeune? Il ne sait pas. Curieux qu’il ne puisse pas s’empêcher de la regarder! Elle n’est pas tellement belle. Mais elle a un charme inouï. En fait elle est magnifique. Ses longs cheveux rouges sombres tombent dans une cascade aphrodisiaque de chaque côté de son corps et de part et d’autre de sa tête. Son visage, quoique d’apparence neutre, semble figé dans une expression de modestie naturelle. Son regard est fixé sur le sol, ses yeux sont noirs, intenses et leur maquillage n’est ni trop gras, ni trop fin. Ce noir marque un regard violent, mais doux à la fois... il est vide, désespérant. Il possède une fougue si triste, si enfouie. D’une lividité emplit de mélancolie et d’amertume. Mais neutre. Son nez n’est ni long ni court, il est magnifique. Il appartient lui aussi au miracle.
Pendant une fraction de seconde leurs regards se croisent. Elle aussi l’a remarqué, elle non plus ne le connaît pas. Elle aussi le trouve ni beau ni laid, magnifique. L’instant de se premier regard est unique, éternel. Dépourvu de tout sens moral. Un laps de temps éphémère où ni l’un ni l’autre n’avait cherché à se cacher. Une force invisible s’était installée entre eux durant la longue durée de cet infime instant.
La bouche de la jeune fille s’entrouvrit, puis se referma aussitôt. Inutile, il n’y a rien à dire.
Le voyage est court, à peine plus d’une demi-heure. Les deux jeunes gens n’ont pas arrêté de se titiller du regard. A chaque fois que l’un posait les yeux sur l’autre, ce dernier détournait les yeux. Ils jouaient spontanément et inconsciemment à un jeu. Un jeu où il n’y avait aucun perdant. Mais que des gagnants. Le train s’arrêta. Le jeu était terminé.
Je n’aime pas dire que ce que j’éprouve à quelqu’un. Je n’est jamais dit "je t’aime" à une femme. Sauf à une, je ne pense pas que je l’aimais au début. A ce moment, elle devait être pour moi semblable à toutes les autres. Mais j’ai appris à l’aimer, j’ai appris à aimer. Je ne savais pas ce que c’était. J’aurais voulu ne jamais le savoir.
Aimer quelqu’un, c’est tout remettre en question. Sa vie, ses amis... soi-même. Aimer c’est être tellement attiré par une personne que l‘on touche la mort du doigt. On vit pour désirer la mort. Je l’ai aimée, je l’ai trop aimée, je l’ai aimée à l’en tuer. Et elle m’a aimée à s’en tuer, à en vouloir que je la tue. Elle est celle pour qui il vaut encore la peine de rester ici, même si elle est déjà partie.
Je la rencontre au lycée. Elle, un an de moins que moi. Elle n’a pas connu ce lycée sans moi autant que je ne l’ai connu sans elle. Elle est apparue pour moi, semblable à des dizaines d’autres qui arrivent tous les ans. Elle m’a découvert en même temps que l’immensité d’une nouvelle vie. Dès le premier instant, elle m’avait aimé. Au bout de trois semaines je l’avais repérée. Du haut de mon arrogance. Accompagné par des dizaines d’amis. Recherchant la fraîcheur de la jeunesse. C’est trop! Je me dégoûte. Qui suis-je pour pouvoir traiter cette jeune fille de cette façon? Qui suis-je pour revendiquer mes droits au sein de cette communauté dans le seul but de trouver une fille avec qui je passerai du bon temps et à qui je croirais faire passer du bon temps?
La jeune fille que j’avais repérée était discrète et incroyablement jolie. Parfaite. Elle parlait avec ses copines. Des filles superficielles. Non. Des filles normales. Je n’avais pas le droit de les juger par référence à ce que j’étais.
Je fis sa connaissance. Il s’agira d’une relation prometteuse. Je pensais à l’époque que je ne m’en lasserais pas avant au moins 2 mois. Imbécile!
Tous les matins, le jeu recommence, toujours les mêmes titillements. Toujours ces expressions vides, ne pouvant refléter ce qui se passait dans la vie extérieure. Il la regarde, elle le voit, tourne les yeux. Il les détourne à son tour. Merveilleux. Il oublit tout. Il oublit qu’il est un coureur de fille. Il oublit qu’il veut sortir avec la jeune fille moins âgée que lui, celle qu’il apprendra à aimer, celle qui le fera changer. La seule, l’unique.
Je suis pressé. Depuis le temps que je la connais, si seulement je pouvais l’embrasser. C’est la première fois qu’une fille me donne autant de fil à retordre. J’ai déjà passé suffisamment de soirées en tête à tête avec elle. J’aurais déjà dû passer à l’action.
Mes amis commencent à se poser des questions. Pourquoi ne se passe t-il rien? Pourquoi n’y a t-il eu rien de fait encore? J’ai honte. La réputation qui me précède désormais devient de plus en plus ridicule. Il faut que je la lâche pour en trouver une autre moins difficile.
Non. Je ne peux pas. Je suis attiré. C’est avec elle que je veux être ! Cela fait maintenant deux mois que nous nous connaissons. C’est long. Elle trouve des excuses. Elle veut être sûre. Mais je le suis déjà. Elle est timide. Je ne le suis pas.
Aujourd’hui, elle est bien au rendez-vous. Elle y est toujours d’ailleurs. Elle n’en manque jamais. Elle est toujours dans le même wagon, toujours mais cette fois elle n’est pas à la même place. Il y a quelque chose d’anormal. Elle est là, la symbiose se déroule toujours selon le même plan, cependant il y a une différence il ne sait pas se que c’est mais quelque chose ne va pas, il en est certain. Ce n’est pas chez la jeune fille du train, c’est plutôt dans sa véritable vie.
Mais pire que tout, il a vu un autre détail surprenant. Dans les yeux de la jeune fille normalement vide de toute expression, il a trouvé une larme.
Je suis seul avec elle, encore une fois. Je commence à douter qu’une relation entre nous deux puisse existée.
Il fait noir. Nous sommes au sous-sol, sous un escalier. Nous aimons cet endroit. Nous parlons. Peu, mais nous parlons. Je ne la vois pas. Je distingue juste ces traits dans la pénombre. Je l’entends renifler. Je lui demande ce qu’elle a. Elle me répond qu’il n’y a rien. Ça va passer. Et puis elle éclate en sanglots. Elle m’attrape. Je la prends dans mes bras. Je la serre et l’entend pleurer. Je sens la chaleur de son corps blottit contre moi. C’est la première fois que nous sommes aussi proches. Je lui demande une nouvelle fois ce qui ne va pas et elle me dit qu’elle m’aime. Elle dit qu’elle n’a jamais aimé personne autant que moi. Elle dit encore qu’elle en est malade, qu’elle m’aime à en mourir, et que c’est sans doute ce qui va finir par arriver s’y elle continue de m’aimer.
Je ne comprends pas. Je suis déconcerté. Je lui dis que nous pouvons nous aimer, je lui dis que moi aussi je l’aime...
Première défaillance, je me suis rendu compte plus tard de ce que je lui avais dit.
Elle me répond qu’elle ne peut pas m’aimer, elle me répond que je ne peux pas non plus. Et elle pleure. C’est atroce de voir son petit corps tout frêle, tout innocent dans cet état. Je lui demande pourquoi nous ne pouvons pas nous aimer? Elle me répond que toutes les excuses qu’elle m’avait dites jusqu’à présent étaient fausses. Elle me dit que si elle ne peut pas m’embrasser, c’est parce qu’elle est malade. Elle est atrocement malade. Elle risque de mourir. Et elle ne peut pas m’embrasser, sinon elle est sera certaine d’en finir. Elle saura si elle peut m’embrasser au moment où sa maladie la fera mourir si elle ne peut pas.
Je suis abattu. Quel choc ! Je remonte seul dans m’a chambre, alors que la même larme que celle qui tombait des yeux de la jeune fille du train tombe à présent sur mes joues.
Au fond de son lit, il est désorienté, confus. Il voit la lune à travers la fenêtre. L’astre l’entraîne encore un peu plus dans son propre désespoir de la nuit. Elle le plonge dans son abîme pour l’y noyer dans son jus de chagrin. Il n’a jamais été comme ça. Cette épreuve n’a pas fini de le changer. Que doit-il faire? Réagir comme il l’aurait fait avant: laisser tomber cette fille et en trouver une autre ? Non. Il ne peut pas. Il a changé. A présent il a des sentiments. Il le sent, il aime cette fille. Il ne la laissera pas tomber. Il l’aime. Il lui a dit.
La jeune fille du train l’avait bien prédit, il y avait bien quelque chose d’anormal. Savait-elle ce que c’était. J’en doute. Elle n’est que la fille du train. Celle dont je suis l’unique à connaître. Elle est toujours vide d’expression. Elle ne pleure plus. L’heure est venue de se battre ; c’est ce qu’il faudra que je fasse. Me battre pour celle que j’aime. Celle à qui j’ai dit "je t’aime". La seule, l’unique. Se battre... Pour qu’elle ne meurt pas. Mais y pouvons-nous vraiment quelque chose? La fille du train est toujours là. Elle ne manque jamais à son à devoir de me guider. Pas directement. Mais juste pour que je ne quitte jamais le droit chemin de la décence.
Je suis malheureux, et je partage ma peine avec celle que j’aime. Nous avons tout de même décidé de nous aimer. Au-delà de la maladie. Au-delà de la désespérance de notre condition. Nous nous aimons. Nous nous étreignons, nous sommes constamment dans les bras l’un de l’autre. Mais jamais nous nous ne nous embrassons. Atroce. C’est une autre épreuve à traverser. Plus insoutenable encore. Mais nous tenons. Nous n’avons pas le choix.
Je la regarde, abattue, je ne vois en elle aucun espoir. Aucune force de se battre. Seulement l’envie, le désir de m’embrasser. Plusieurs fois nous avons frôlé la catastrophe. Plusieurs fois nos lèvres on faillit se toucher. Plusieurs fois la haine nous est apparue contre l’amour, la haine d’avoir à endurer cette épreuve, de devoir nous confronter à cet obstacle. De ne plus avancer, de stagner toujours au même endroit. Arrêtés à jamais sur notre chemin.
Que faire? Attendre les trois mois qui restent. Attendre et peut-être la voir mourir, sans qu’elle en ait profité. Sans qu’elle n’ait profité de mes lèvres et sans que je n’aie profité des siennes ! Où bien tenter. La vie est un jeu, après tout, mais si nous tentons, alors elle devra attendre que je la rejoigne, là-haut, vers elle.
J’ai compris. Les mots seuls ne suffisaient pas. J’ai vu au-delà du corps de la belle et innocent petite jeune fille de 15 ans. J’ai vu que je l’aimais. Elle me l’a fait comprendre. Pour la première fois de ma vie, j’aime, et je suis malheureux d’aimer.
Je ne veux pas tenter. Je ne veux pas la voir mourir. Elle ne sait pas. Elle est partagée.
Notre amour n’est pas commun. Elle m’aime. Mais elle m’aime à en mourir.
Depuis le début de cette fable, l’espoir se tarit dans l’ombre. L’avoir dans ses bras sans pouvoir la posséder, il en veut à toute l’humanité de lui avoir concédé un seul grand amour à travers celle que jamais, jamais il ne pourra embrasser.
La jeune femme aux cheveux rouges dans le train, elle, ne l’aime pas. Lui non plus d’ailleurs. Ils sont le divertissement l’un de l’autre. Ils ne s’aiment pas, ils aiment l’attrait que l’un a pour l’autre. Ils aiment l’histoire du train, le jeu du regard, du titillement.
Elle est là, vide, indifférente. Seulement en apparence, en fait elle attend la venue de l’autre, de l’homme du train. Celui avec qui elle joue à un jeu. Aujourd’hui il est triste. Il y a une larme au coin de son œil droit. Mais il fait son possible pour paraître comme d’habitude. Mais la jeune fille voit bien qu’il n’est pas pareil. Elle voit bien qu’il est désespéré.
Mais rien n’y paraît, ils jouent encore.
Il fait nuit. Il ne devrait pas être dehors. S’il se fait prendre, il sera punit. Qu’est ce qu’il s’en fout ! Il est dehors car il a besoin de crier. Il y a toujours cette lune qui le regarde. Il lui hurle sa détresse. Il lui chante sa complainte. Astre de la nuit. Piédestal de la lamentation ! Entend les cris de cet homme. Pour lui le bonheur s’arrêtera bientôt. Il a vu dans ses rêves, l’immonde faucheuse d’âmes de la mort. Elle ne le désigne pas. Elle le regarde. Elle rit. Elle chante, qu’elle est heureuse. Et le jeune garçon s’effondre sur le sol, sous le regard de la l’astre de minuit, sous les regards de millions d’étoiles. Il tombe à terre devant la puissance de ce dilemme.
Il aime. Il ne veut pas du plus beau cadeau de dieu, l’amour. Il se relève. Il hait ce dieu que vénèrent ses parents, il l’insulte, lui lance des pierres. Il veut que ce dieu reprenne son amour. Il n’en veut pas. Ou alors qu’il reprenne sa maladie, il n’en veut pas n’ont plus. Ses yeux sont rouges à cause de la colère. Il voit le sang. Le sang des innocents. Pourquoi ce même sang doit-il toujours couler ?
Il ne veut plus rejoindre ce dieu. Il préfère l’enfer. Il haïra dieu aussi longtemps qu’il vivra et même un peu plus.
Tu m’a élevé, toute ma vie tu m’a fait comprendre que seul le bonheur comptait, le bonheur qui fait des heureux, le seul bonheur, qui existe et celui dont je suis malheureux. Je t’aimais, donc je mentais. Je te mens, toi le destin, mais j’aime. J’aime réellement. J’aime cette fille, l’innocente qui m’aime, mais j’aime aussi te détester. J’aime te mépriser. Je te méprise autant que tu as essayé de m’aider. Car tu n’as pas emprunté le bon chemin. Puisse-tu être renvoyé à dieu, avec ta cousine, la fatalité. Je n’avais pas pour habitude de t’avoir en horreur mais l’éducation que tu m’as donnée m’a appris à dédaigner la médiocrité. Tu m‘arrachais le cœur, tu m’écorchais la peau, tu m’a tué... alors je t’ai tué, je t’ai écorché de ma peau, je t’ai arraché de mon cœur! Tu m’as dominé, mais je domine mon destin. Être où ne pas être amoureux de son destin, être amoureux de soi, aimer se haïr. Haïr d’être amoureux... et d’être malheureux.
Elle n’est pas là. Où est-elle? Elle qui n’a jamais raté leur rendez-vous. Où est-elle? La fille du train. L’histoire s’est donc arrêtée. Elle est partie! Que se passera t-il maintenant? Reviendra-t-elle? C’est trop tard. Elle ne peut plus revenir. Ce ne sera plus elle. La fille du train a disparu !
Je suis dans ses bras. Elle ne tient plus, elle veut m’embrasser. Nous n’avons plus que deux semaines à tenir pour avoir la réponse. Mais si cette réponse n’est pas bonne... Le dilemme. Encore là. Saleté! Je ne veux pas la voir mourir, mais nos désirs de s’embrasser sont trop forts. C’est trop dur! Elle veut m’aimer, m’aimer pour toujours, que notre baiser soit le seul témoin de notre amour. Qu’elle me quitte ! Arrachez-la moi ! Vous n’arriverez jamais à faire disparaître notre amour. Au-delà de la mort, nous sommes plus fort que vous. Prenez-moi mon malheur ! Vous ferez peut-être alors des heureux. Ignoble !
Elle tourne la tête vers moi. Je la regarde. Elle me regarde. Ses yeux sont emplis de larmes. Elle me dit qu’elle veut mourir. Elle me dit qu’elle va mourir parce qu’elle m’aime. Elle veut que je l’aime. Que notre amour persiste. Elle me redit qu’elle m’aime à en mourir, qu’elle en mourra.
Elle s’approche de moi. Ses douces lèvres se posent sur les miennes. Une détresse si belle, si pauvre, mais preuve d’un amour intangible. Nos bouches s’entremêlent dans une dernière mélopée d’amour, dans le requiem du désir de deux jeunes adolescents qui s’aiment au-delà de la mort. Nous nous embrassons. Personne ne pourra alors plus nous dire que nous ne nous aimons pas. Nous sommes liés par le temps et l’espace. Par la fatalité.
Je sens le goût de ses lèvres jusqu’au bout, jusqu’à ce que ses lèvres froides lâches les miennes. Jusqu’au moment où sa tête tombe en arrière. Où je la retiens. Où je la regarde dans les yeux. Pour la voir partir, définitivement. Pour nous. Graver dans mon âme les derniers instants de celle que j’aimerais toujours. Celle que j’ai aimée au-delà de la mort. Celle qui est morte dans mes bras. Elle, la seule que j’ai jamais aimée et que j’aimerais jamais
La jeune fille du train n’a sans doute jamais existé. Sans doute n’est-elle que le produit de mon imagination. Mais elle subsiste en moi, en tant que ma création. Ce serait trahir son ego que de prétendre qu’elle est une personne semblable à des dizaines d’autres dans ce train. Elle est ma muse, mon inspiration. Je l’adore, mais ne l’aime pas. Je ne veux pas connaître sa personnalité, son regard me suffit. Elle n’a pas influencé mes choix sentimentaux, elle m’a seulement permis d’y voir plus clair. Et c’est déjà beaucoup…
Cette image n’aurait jamais dû existée. L’image d’un jeune homme de 16 ans qui porte dans ses bras la jeune fille de 15 ans qu’il a tuée. Celle qui lui avait dit qu’elle voulait mourir pour lui, pour eux. La fille innocente. La fille qu’il a aimé à l’en tuer. L’image de ce jeune garçon, et de cette jeune fille, morte d’amour.
En revanche, je n’ai réellement été amoureux qu’une seule fois. Le destin applique sa sentence à bien des situations inexplicables. Inutile d’être expert en la matière pour voir que la vie nous cache le bonheur. Elle a ses plans, ses ambitions. Nous avons beau essayer de les contourner elles nous rattrapent à chaque fois.
Alors, si je suis amoureux, on peut trouver cela bien. Car l’on va pouvoir se nourrir de mon bonheur. D’un bonheur qui ne m’a jamais sourit. Du bonheur que je n’ai jamais eu avec elle. Celle dont j’ai été amoureux.
Je suis un jeune homme. Ni beau, ni laid. Sans autre actuelle pensée que celle d’être heureux, comme tous les jeunes hommes de mon âge. L’âge de l’amour? Non. L’âge d’un pseudo-bonheur.
Je suis au lycée, j’ai ma routine hebdomadaire. Je suis à l’internat. Chaque lundi matin, je prends le train qui m’emmène auprès de mon école. Chaque matin, dans ce train, je vis autre chose que ma routine. Chaque matin, dans ce train, je ne suis personne, tout comme les autres personnes dans ce même train ne sont personne. Ce train est un lieu de théâtre. Une scène où se jouent des pièces silencieuses, muettes et intimes. Un endroit où toutes les semaines je revis la même pièce.
Merveilleuse histoire que celle qui ne dure pas. Elle s’engouffre par une fissure de notre vie. Un instant où nous sommes coupés du reste du monde. Un moment où nous nous retrouvons seuls, confrontés et accompagnés par des centaines de personnes qui ne sont personne. Une bribe de temps où nous sommes vulnérables, mais réceptifs à certaines sensations inconnues à la vie ordinaire.
Le jeune garçon de 16 ans que j’étais, attend sur le quai. Le vent glacé de la région lui donne la chair de poule et l’envie que le train arrive. Il attend encore un peu. Il arrive. La porte coulissante du wagon s’ouvre et le jeune garçon entre à l’intérieur. Le train est remplit mais il reste encore quelques places ici et là.
Il en choisit une et s’assied. Il y a une femme en face de lui. Une jeune femme, plutôt, se dit-il après un nouveau coup d’œil. En fait, elle a peut-être le même âge que lui. Ou est-elle plus jeune? Il ne sait pas. Curieux qu’il ne puisse pas s’empêcher de la regarder! Elle n’est pas tellement belle. Mais elle a un charme inouï. En fait elle est magnifique. Ses longs cheveux rouges sombres tombent dans une cascade aphrodisiaque de chaque côté de son corps et de part et d’autre de sa tête. Son visage, quoique d’apparence neutre, semble figé dans une expression de modestie naturelle. Son regard est fixé sur le sol, ses yeux sont noirs, intenses et leur maquillage n’est ni trop gras, ni trop fin. Ce noir marque un regard violent, mais doux à la fois... il est vide, désespérant. Il possède une fougue si triste, si enfouie. D’une lividité emplit de mélancolie et d’amertume. Mais neutre. Son nez n’est ni long ni court, il est magnifique. Il appartient lui aussi au miracle.
Pendant une fraction de seconde leurs regards se croisent. Elle aussi l’a remarqué, elle non plus ne le connaît pas. Elle aussi le trouve ni beau ni laid, magnifique. L’instant de se premier regard est unique, éternel. Dépourvu de tout sens moral. Un laps de temps éphémère où ni l’un ni l’autre n’avait cherché à se cacher. Une force invisible s’était installée entre eux durant la longue durée de cet infime instant.
La bouche de la jeune fille s’entrouvrit, puis se referma aussitôt. Inutile, il n’y a rien à dire.
Le voyage est court, à peine plus d’une demi-heure. Les deux jeunes gens n’ont pas arrêté de se titiller du regard. A chaque fois que l’un posait les yeux sur l’autre, ce dernier détournait les yeux. Ils jouaient spontanément et inconsciemment à un jeu. Un jeu où il n’y avait aucun perdant. Mais que des gagnants. Le train s’arrêta. Le jeu était terminé.
Je n’aime pas dire que ce que j’éprouve à quelqu’un. Je n’est jamais dit "je t’aime" à une femme. Sauf à une, je ne pense pas que je l’aimais au début. A ce moment, elle devait être pour moi semblable à toutes les autres. Mais j’ai appris à l’aimer, j’ai appris à aimer. Je ne savais pas ce que c’était. J’aurais voulu ne jamais le savoir.
Aimer quelqu’un, c’est tout remettre en question. Sa vie, ses amis... soi-même. Aimer c’est être tellement attiré par une personne que l‘on touche la mort du doigt. On vit pour désirer la mort. Je l’ai aimée, je l’ai trop aimée, je l’ai aimée à l’en tuer. Et elle m’a aimée à s’en tuer, à en vouloir que je la tue. Elle est celle pour qui il vaut encore la peine de rester ici, même si elle est déjà partie.
Je la rencontre au lycée. Elle, un an de moins que moi. Elle n’a pas connu ce lycée sans moi autant que je ne l’ai connu sans elle. Elle est apparue pour moi, semblable à des dizaines d’autres qui arrivent tous les ans. Elle m’a découvert en même temps que l’immensité d’une nouvelle vie. Dès le premier instant, elle m’avait aimé. Au bout de trois semaines je l’avais repérée. Du haut de mon arrogance. Accompagné par des dizaines d’amis. Recherchant la fraîcheur de la jeunesse. C’est trop! Je me dégoûte. Qui suis-je pour pouvoir traiter cette jeune fille de cette façon? Qui suis-je pour revendiquer mes droits au sein de cette communauté dans le seul but de trouver une fille avec qui je passerai du bon temps et à qui je croirais faire passer du bon temps?
La jeune fille que j’avais repérée était discrète et incroyablement jolie. Parfaite. Elle parlait avec ses copines. Des filles superficielles. Non. Des filles normales. Je n’avais pas le droit de les juger par référence à ce que j’étais.
Je fis sa connaissance. Il s’agira d’une relation prometteuse. Je pensais à l’époque que je ne m’en lasserais pas avant au moins 2 mois. Imbécile!
Tous les matins, le jeu recommence, toujours les mêmes titillements. Toujours ces expressions vides, ne pouvant refléter ce qui se passait dans la vie extérieure. Il la regarde, elle le voit, tourne les yeux. Il les détourne à son tour. Merveilleux. Il oublit tout. Il oublit qu’il est un coureur de fille. Il oublit qu’il veut sortir avec la jeune fille moins âgée que lui, celle qu’il apprendra à aimer, celle qui le fera changer. La seule, l’unique.
Je suis pressé. Depuis le temps que je la connais, si seulement je pouvais l’embrasser. C’est la première fois qu’une fille me donne autant de fil à retordre. J’ai déjà passé suffisamment de soirées en tête à tête avec elle. J’aurais déjà dû passer à l’action.
Mes amis commencent à se poser des questions. Pourquoi ne se passe t-il rien? Pourquoi n’y a t-il eu rien de fait encore? J’ai honte. La réputation qui me précède désormais devient de plus en plus ridicule. Il faut que je la lâche pour en trouver une autre moins difficile.
Non. Je ne peux pas. Je suis attiré. C’est avec elle que je veux être ! Cela fait maintenant deux mois que nous nous connaissons. C’est long. Elle trouve des excuses. Elle veut être sûre. Mais je le suis déjà. Elle est timide. Je ne le suis pas.
Aujourd’hui, elle est bien au rendez-vous. Elle y est toujours d’ailleurs. Elle n’en manque jamais. Elle est toujours dans le même wagon, toujours mais cette fois elle n’est pas à la même place. Il y a quelque chose d’anormal. Elle est là, la symbiose se déroule toujours selon le même plan, cependant il y a une différence il ne sait pas se que c’est mais quelque chose ne va pas, il en est certain. Ce n’est pas chez la jeune fille du train, c’est plutôt dans sa véritable vie.
Mais pire que tout, il a vu un autre détail surprenant. Dans les yeux de la jeune fille normalement vide de toute expression, il a trouvé une larme.
Je suis seul avec elle, encore une fois. Je commence à douter qu’une relation entre nous deux puisse existée.
Il fait noir. Nous sommes au sous-sol, sous un escalier. Nous aimons cet endroit. Nous parlons. Peu, mais nous parlons. Je ne la vois pas. Je distingue juste ces traits dans la pénombre. Je l’entends renifler. Je lui demande ce qu’elle a. Elle me répond qu’il n’y a rien. Ça va passer. Et puis elle éclate en sanglots. Elle m’attrape. Je la prends dans mes bras. Je la serre et l’entend pleurer. Je sens la chaleur de son corps blottit contre moi. C’est la première fois que nous sommes aussi proches. Je lui demande une nouvelle fois ce qui ne va pas et elle me dit qu’elle m’aime. Elle dit qu’elle n’a jamais aimé personne autant que moi. Elle dit encore qu’elle en est malade, qu’elle m’aime à en mourir, et que c’est sans doute ce qui va finir par arriver s’y elle continue de m’aimer.
Je ne comprends pas. Je suis déconcerté. Je lui dis que nous pouvons nous aimer, je lui dis que moi aussi je l’aime...
Première défaillance, je me suis rendu compte plus tard de ce que je lui avais dit.
Elle me répond qu’elle ne peut pas m’aimer, elle me répond que je ne peux pas non plus. Et elle pleure. C’est atroce de voir son petit corps tout frêle, tout innocent dans cet état. Je lui demande pourquoi nous ne pouvons pas nous aimer? Elle me répond que toutes les excuses qu’elle m’avait dites jusqu’à présent étaient fausses. Elle me dit que si elle ne peut pas m’embrasser, c’est parce qu’elle est malade. Elle est atrocement malade. Elle risque de mourir. Et elle ne peut pas m’embrasser, sinon elle est sera certaine d’en finir. Elle saura si elle peut m’embrasser au moment où sa maladie la fera mourir si elle ne peut pas.
Je suis abattu. Quel choc ! Je remonte seul dans m’a chambre, alors que la même larme que celle qui tombait des yeux de la jeune fille du train tombe à présent sur mes joues.
Au fond de son lit, il est désorienté, confus. Il voit la lune à travers la fenêtre. L’astre l’entraîne encore un peu plus dans son propre désespoir de la nuit. Elle le plonge dans son abîme pour l’y noyer dans son jus de chagrin. Il n’a jamais été comme ça. Cette épreuve n’a pas fini de le changer. Que doit-il faire? Réagir comme il l’aurait fait avant: laisser tomber cette fille et en trouver une autre ? Non. Il ne peut pas. Il a changé. A présent il a des sentiments. Il le sent, il aime cette fille. Il ne la laissera pas tomber. Il l’aime. Il lui a dit.
La jeune fille du train l’avait bien prédit, il y avait bien quelque chose d’anormal. Savait-elle ce que c’était. J’en doute. Elle n’est que la fille du train. Celle dont je suis l’unique à connaître. Elle est toujours vide d’expression. Elle ne pleure plus. L’heure est venue de se battre ; c’est ce qu’il faudra que je fasse. Me battre pour celle que j’aime. Celle à qui j’ai dit "je t’aime". La seule, l’unique. Se battre... Pour qu’elle ne meurt pas. Mais y pouvons-nous vraiment quelque chose? La fille du train est toujours là. Elle ne manque jamais à son à devoir de me guider. Pas directement. Mais juste pour que je ne quitte jamais le droit chemin de la décence.
Je suis malheureux, et je partage ma peine avec celle que j’aime. Nous avons tout de même décidé de nous aimer. Au-delà de la maladie. Au-delà de la désespérance de notre condition. Nous nous aimons. Nous nous étreignons, nous sommes constamment dans les bras l’un de l’autre. Mais jamais nous nous ne nous embrassons. Atroce. C’est une autre épreuve à traverser. Plus insoutenable encore. Mais nous tenons. Nous n’avons pas le choix.
Je la regarde, abattue, je ne vois en elle aucun espoir. Aucune force de se battre. Seulement l’envie, le désir de m’embrasser. Plusieurs fois nous avons frôlé la catastrophe. Plusieurs fois nos lèvres on faillit se toucher. Plusieurs fois la haine nous est apparue contre l’amour, la haine d’avoir à endurer cette épreuve, de devoir nous confronter à cet obstacle. De ne plus avancer, de stagner toujours au même endroit. Arrêtés à jamais sur notre chemin.
Que faire? Attendre les trois mois qui restent. Attendre et peut-être la voir mourir, sans qu’elle en ait profité. Sans qu’elle n’ait profité de mes lèvres et sans que je n’aie profité des siennes ! Où bien tenter. La vie est un jeu, après tout, mais si nous tentons, alors elle devra attendre que je la rejoigne, là-haut, vers elle.
J’ai compris. Les mots seuls ne suffisaient pas. J’ai vu au-delà du corps de la belle et innocent petite jeune fille de 15 ans. J’ai vu que je l’aimais. Elle me l’a fait comprendre. Pour la première fois de ma vie, j’aime, et je suis malheureux d’aimer.
Je ne veux pas tenter. Je ne veux pas la voir mourir. Elle ne sait pas. Elle est partagée.
Notre amour n’est pas commun. Elle m’aime. Mais elle m’aime à en mourir.
Depuis le début de cette fable, l’espoir se tarit dans l’ombre. L’avoir dans ses bras sans pouvoir la posséder, il en veut à toute l’humanité de lui avoir concédé un seul grand amour à travers celle que jamais, jamais il ne pourra embrasser.
La jeune femme aux cheveux rouges dans le train, elle, ne l’aime pas. Lui non plus d’ailleurs. Ils sont le divertissement l’un de l’autre. Ils ne s’aiment pas, ils aiment l’attrait que l’un a pour l’autre. Ils aiment l’histoire du train, le jeu du regard, du titillement.
Elle est là, vide, indifférente. Seulement en apparence, en fait elle attend la venue de l’autre, de l’homme du train. Celui avec qui elle joue à un jeu. Aujourd’hui il est triste. Il y a une larme au coin de son œil droit. Mais il fait son possible pour paraître comme d’habitude. Mais la jeune fille voit bien qu’il n’est pas pareil. Elle voit bien qu’il est désespéré.
Mais rien n’y paraît, ils jouent encore.
Il fait nuit. Il ne devrait pas être dehors. S’il se fait prendre, il sera punit. Qu’est ce qu’il s’en fout ! Il est dehors car il a besoin de crier. Il y a toujours cette lune qui le regarde. Il lui hurle sa détresse. Il lui chante sa complainte. Astre de la nuit. Piédestal de la lamentation ! Entend les cris de cet homme. Pour lui le bonheur s’arrêtera bientôt. Il a vu dans ses rêves, l’immonde faucheuse d’âmes de la mort. Elle ne le désigne pas. Elle le regarde. Elle rit. Elle chante, qu’elle est heureuse. Et le jeune garçon s’effondre sur le sol, sous le regard de la l’astre de minuit, sous les regards de millions d’étoiles. Il tombe à terre devant la puissance de ce dilemme.
Il aime. Il ne veut pas du plus beau cadeau de dieu, l’amour. Il se relève. Il hait ce dieu que vénèrent ses parents, il l’insulte, lui lance des pierres. Il veut que ce dieu reprenne son amour. Il n’en veut pas. Ou alors qu’il reprenne sa maladie, il n’en veut pas n’ont plus. Ses yeux sont rouges à cause de la colère. Il voit le sang. Le sang des innocents. Pourquoi ce même sang doit-il toujours couler ?
Il ne veut plus rejoindre ce dieu. Il préfère l’enfer. Il haïra dieu aussi longtemps qu’il vivra et même un peu plus.
Tu m’a élevé, toute ma vie tu m’a fait comprendre que seul le bonheur comptait, le bonheur qui fait des heureux, le seul bonheur, qui existe et celui dont je suis malheureux. Je t’aimais, donc je mentais. Je te mens, toi le destin, mais j’aime. J’aime réellement. J’aime cette fille, l’innocente qui m’aime, mais j’aime aussi te détester. J’aime te mépriser. Je te méprise autant que tu as essayé de m’aider. Car tu n’as pas emprunté le bon chemin. Puisse-tu être renvoyé à dieu, avec ta cousine, la fatalité. Je n’avais pas pour habitude de t’avoir en horreur mais l’éducation que tu m’as donnée m’a appris à dédaigner la médiocrité. Tu m‘arrachais le cœur, tu m’écorchais la peau, tu m’a tué... alors je t’ai tué, je t’ai écorché de ma peau, je t’ai arraché de mon cœur! Tu m’as dominé, mais je domine mon destin. Être où ne pas être amoureux de son destin, être amoureux de soi, aimer se haïr. Haïr d’être amoureux... et d’être malheureux.
Elle n’est pas là. Où est-elle? Elle qui n’a jamais raté leur rendez-vous. Où est-elle? La fille du train. L’histoire s’est donc arrêtée. Elle est partie! Que se passera t-il maintenant? Reviendra-t-elle? C’est trop tard. Elle ne peut plus revenir. Ce ne sera plus elle. La fille du train a disparu !
Je suis dans ses bras. Elle ne tient plus, elle veut m’embrasser. Nous n’avons plus que deux semaines à tenir pour avoir la réponse. Mais si cette réponse n’est pas bonne... Le dilemme. Encore là. Saleté! Je ne veux pas la voir mourir, mais nos désirs de s’embrasser sont trop forts. C’est trop dur! Elle veut m’aimer, m’aimer pour toujours, que notre baiser soit le seul témoin de notre amour. Qu’elle me quitte ! Arrachez-la moi ! Vous n’arriverez jamais à faire disparaître notre amour. Au-delà de la mort, nous sommes plus fort que vous. Prenez-moi mon malheur ! Vous ferez peut-être alors des heureux. Ignoble !
Elle tourne la tête vers moi. Je la regarde. Elle me regarde. Ses yeux sont emplis de larmes. Elle me dit qu’elle veut mourir. Elle me dit qu’elle va mourir parce qu’elle m’aime. Elle veut que je l’aime. Que notre amour persiste. Elle me redit qu’elle m’aime à en mourir, qu’elle en mourra.
Elle s’approche de moi. Ses douces lèvres se posent sur les miennes. Une détresse si belle, si pauvre, mais preuve d’un amour intangible. Nos bouches s’entremêlent dans une dernière mélopée d’amour, dans le requiem du désir de deux jeunes adolescents qui s’aiment au-delà de la mort. Nous nous embrassons. Personne ne pourra alors plus nous dire que nous ne nous aimons pas. Nous sommes liés par le temps et l’espace. Par la fatalité.
Je sens le goût de ses lèvres jusqu’au bout, jusqu’à ce que ses lèvres froides lâches les miennes. Jusqu’au moment où sa tête tombe en arrière. Où je la retiens. Où je la regarde dans les yeux. Pour la voir partir, définitivement. Pour nous. Graver dans mon âme les derniers instants de celle que j’aimerais toujours. Celle que j’ai aimée au-delà de la mort. Celle qui est morte dans mes bras. Elle, la seule que j’ai jamais aimée et que j’aimerais jamais
La jeune fille du train n’a sans doute jamais existé. Sans doute n’est-elle que le produit de mon imagination. Mais elle subsiste en moi, en tant que ma création. Ce serait trahir son ego que de prétendre qu’elle est une personne semblable à des dizaines d’autres dans ce train. Elle est ma muse, mon inspiration. Je l’adore, mais ne l’aime pas. Je ne veux pas connaître sa personnalité, son regard me suffit. Elle n’a pas influencé mes choix sentimentaux, elle m’a seulement permis d’y voir plus clair. Et c’est déjà beaucoup…
Cette image n’aurait jamais dû existée. L’image d’un jeune homme de 16 ans qui porte dans ses bras la jeune fille de 15 ans qu’il a tuée. Celle qui lui avait dit qu’elle voulait mourir pour lui, pour eux. La fille innocente. La fille qu’il a aimé à l’en tuer. L’image de ce jeune garçon, et de cette jeune fille, morte d’amour.
Jeu 15 Juin 2006, 10:36 par
Neus sur Histoires d'amour
Ecrire sur invisible
Notre première fois, Te voir revenir, Liberté infinie de l'amour, Pas de retour. chapitre 4 (premiere partie), Les alberts., Don't take it personal !, Sur le palier, Les derniers jours de l’homme invisible, La cabane au bord de l’océan, Etoile, Oui triste, LA BEAUTE N'A PAS DE DEMEURE, Quelques notes, Hop hop hop, La jeune fille du train,Il y a 25 textes utilisant le mot invisible. Ces pages présentent les textes correspondant.
Bonne lecture !
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